lundi 7 septembre 2015

L'exemple allemand



Des foules qui applaudissent dans les gares les réfugiés syriens, un pays qui leur ouvre très largement ses portes, avec détermination et enthousiasme, sans crainte : j'aurais aimé que ce soit la patrie des Droits de l'Homme et de la Grande Révolution qui montre l'exemple, mais ce n'est pas en France que nous avons connu ce week-end de pareilles scènes, c'est en Allemagne. Chez nous, nous en sommes restés à quelques petits défilés compassionnels et des pétitions d'artistes.

C'est que l'Allemagne est puissante, et quand on est fort, on peut tout se permettre, on peut se montrer généreux et sûr de soi. Nos partenaires et amis d'outre-Rhin ont relancé leur économie, réglé en grande partie le problème du chômage, entrepris de grandes réformes qui ne conviennent pas toutes à mon cœur de socialiste. Mais les résultats sont là, et le moral élevé qui va avec.

En 20 ans, nos voisins germains ont produit des dirigeants de haute volée, Gerhard Schroeder à gauche, Angela Merkel à droite, un homme et une femme d'autorité, qui n'ont pas d'équivalents en France. Dominique Strauss-Kahn et Philippe Séguin auraient pu être de cette trempe, si le destin leur avait souri.

L'Allemagne est gagnante, parce qu'elle a relevé et remporté un incroyable défi, celui de sa réunification, comme de Gaulle, dans les années 60, avait su chez nous affronter et régler le problème de la décolonisation. Mais depuis 20 ans, quels sont les grands défis auxquels la France s'est attaquée ? Dès qu'une réforme un peu ambitieuse est mise en place, c'est tout de suite pour être contestée et souvent dénaturée. Notre pays, qu'il soit gouverné par la gauche ou par la droite, est dans un état de déprime : on a l'impression que nos concitoyens ne croient plus en rien. Comment s'ouvrir au monde quand on est sous prozac ?

Et puis, il y a cette folie, cette grave maladie, que les autres pays observent avec ahurissement : l'extrême droite qui arrive en tête des sondages au premier tour d'une élection présidentielle ! Comment notre République peut-elle nourrir en son sein ce poison, si étranger à sa tradition, à son génie, à sa grandeur ? L'Allemagne aussi a ses racistes et ses nationalistes, mais ils ne sont pas présidentiables.

La gauche allemande a su faire évoluer sa puissante social-démocratie, depuis plus d'une cinquantaine d'années, alors que les socialistes français en sont encore à débattre pour savoir s'il faut aimer l'entreprise ou pas, si la finance doit être notre ennemi ou non ... Mais quand donc la France redeviendra-t-elle, à son tour, exemplaire ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

On peut aussi trouver des explications beaucoup plus simples: L'Allemagne accueille les réfugiés tout simplement parce qu'elle en a besoin économiquement, démographiquement. le chômage est à son plus bas et l'Allemagne n'aura plus assez d'actifs dans 10, 20 ans.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est une explication qui en vaut une autre. Mais ça ne change rien à l'essentiel : l'Allemagne se montre exemplaire dans ce drame des migrants.