dimanche 13 septembre 2015

A l'épreuve de la crise



L'été aura été encadré par deux événements politiques majeurs, deux crises européennes et internationales : la faillite économique grecque, le mouvement des réfugiés du proche orient. Dans les deux cas, la classe politique française a été mise à l'épreuve : c'est dans les difficultés que les forces en présence se révèlent.

François Hollande a été très bien dans l'affaire de la Grèce, devançant l'Allemagne. Dans l'affaire des réfugiés, c'est le contraire : il aura été en deca du défi à affronter. Son refus des quotas, puis son chiffre des 24 000 sur 2 ans, étaient insuffisants. A droite, j'ai surtout apprécié la position de Jean-Pierre Raffarin, clairvoyant depuis longtemps sur le sujet des migrants et leur accueil par les municipalités.

Et puis, il y a tous ces élus de base, maires de petites et moyennes communes, qu'on n'ose pas critiquer parce que notre société vénère désormais la proximité et ne dénonce que la classe politique d'en haut. Mais ces élus d'en bas, sans jeu de mots, ne sont pas toujours à la hauteur : quand ils ne sont pas capables d'organiser la réforme des rythmes scolaires, ne semblent pouvoir rien faire sans l'aide de l'Etat, ne savent pas tranchés parmi des subventions généreusement distribuées au temps des vaches grasses, comment voulez-vous qu'ils aient l'audace et la pertinence de préparer l'accueil de familles de réfugiés ? C'est surtout la frousse électorale de l'extrême droite qui les tétanise (la remarque et le reproche ne valent évidemment que pour un petit nombre d'entre eux).

A droite, Nicolas Sarkozy a joué dans son registre habituel : montrer qu'il a des idées, même quand elles sont mauvaises ; tenter de récupérer à son profit l'électorat de la droite dure. J'ai trouvé ses trois propositions extravagantes, mais conformes au personnage et à ses visées :

D'abord, il y a eu cette distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques. Elle est théoriquement vraie, mais la politique d'urgence ne consiste pas à donner des définitions et à faire des tris : on ne va pas faire entrer les uns et rejeter à la mer les autres. Qu'il soit chassé par la guerre, la misère ou la dictature, un migrant est un migrant.

Ensuite, Nicolas Sarkozy a proposé qu'on installe des centres de rétention aux frontières de l'Europe, dans des pays qui pourraient séparer le bon grain de l'ivraie, les migrants à prendre et les migrants à laisser. Et ces derniers, on en fait quoi : retour en enfer ? Surtout, comment imaginer d'imposer de telles structures à des pays extra-européens ?

Enfin, dernière idée en date de l'ancien chef de l'Etat, concevoir un nouveau statut, celui de réfugié de guerre ... valable durant la durée de la guerre. C'est sans doute médiatiquement astucieux, mais juridiquement douteux : pourquoi rajouter un statut à un statut ? Celui de réfugié politique correspond à la situation.

Je n'en veux pas au chef des Républicains de faire des propositions, mais de courir après un électorat qu'il ne rattrapera jamais, parce que celui-ci est xénophobe et préfèrera toujours plus, sur ce terrain comme sur d'autres, les néo-fachos du FN. Ces derniers ont une fois de plus montré leur vrai visage, à travers le discours violent de Marine Le Pen et le bulletin municipal de Robert Ménard. Plus que jamais, notre accueil des réfugiés doit se doubler d'une lutte incessante contre l'extrême droite.

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