vendredi 25 septembre 2015

Valls imperator



Trois heures hier soir avec Manuel Valls, quel régal ! Le début de l'émission a été un peu poussif, puis elle a pris son envol, elle a trouvé son rythme. Première image choc (il en faut, nous sommes à la télévision) : l'ensemble du gouvernement sur le plateau, tous derrière et lui devant, comme dit la chanson. Magnifique démonstration de force et d'unité, comme il devrait en exister beaucoup plus souvent chez les socialistes chamailleurs.

L'invité, était-ce bien Manuel Valls ? A certains moments, on aurait pu croire que c'était Emmanuel Macron, tant son nom a été prononcé et son visage est apparu à l'écran. Ses adversaires auront au moins eu un mérite : avec leurs stupides polémiques, ils mettent le ministre de l'Economie sur le devant de la scène et oblignent le Premier ministre à lui renouveler, c'est encore ce qu'il a fait hier, son entier soutien. Mon Dieu qu'ils sont bêtes !

De l'intervention de Valls, je retiens sa position très claire sur le deuxième tour des régionales, où nous savons qu'il y a péril en la demeure, surtout dans notre région : TOUT faire pour empêcher l'extrême droite de s'emparer d'une région et d'en faire un terrible tremplin pour la présidentielle. Il ne l'a pas dit, mais c'est bien ça : retirer la liste socialiste, faire le choix dramatique de se priver d'élus pour ne pas offrir la région au Front national. Le dilemme est déchirant, mais entre un drame et une tragédie, il n'y a pas à hésiter : il faut repousser la tragédie. Les hommes et les forces de gauche prendraient une responsabilité énorme devant l'Histoire en donnant indirectement le Nord-Picardie aux fachos, tout ça pour conserver quelques strapontins.

Le seul point où Manuel Valls m'a le moins enthousiasmé, c'est au début, sur les migrants : 30 000 accueils en deux ans, c'est très peu. Il a beaucoup (beaucoup trop) insisté sur la maîtrise et l'organisation des réfugiés, qui vont de soi, qui ne méritent pas qu'on y insiste, sans doute pour rassurer l'électorat apeuré, mais celui-là, rien ne le convaincra, sinon lui faire admettre que les grandes migrations sont dans l'ordre du monde, que la France en a vu d'autres et qu'elle n'a rien à en craindre, que ces déplacements de population peuvent au contraire être un atout pour notre pays.

Deux séquences ont été lamentables : le reportage sur des jeunes socialistes, qui n'osent pas prononcer le nom du Premier ministre quand ils font du porte-à-porte, qui ne savent pas s'ils voteraient pour lui s'il se présentait à la présidentielle. C'est consternant. Si les jeunes socialistes eux-mêmes ne sont pas convaincus du bien-fondé de la politique du gouvernement socialiste, qui le sera ? Il y a vraiment des claques qui se perdent. Et la jeunesse n'est pas une excuse à la lâcheté.

Et puis, il y a eu le final, où un type est venu présenter à Valls deux tweets, à lire. L'un était gentil, l'autre était méchant : la vérité, c'est que les deux étaient très cons. Le Premier ministre a refusé d'entrer dans le petit jeu détestable des réseaux sociaux (qui ne sont pas des réseaux, mais des gens qui échangent médiocrement en cercle fermé ; qui ne sont pas sociaux, puisque c'est le triomphe de l'individualisme le plus affligeant). A cet instant, le tout dernier de l'émission, Manuel Valls a été grand, impérial, refusant de se couler dans l'esprit délétère du temps, de succomber à la stupidité ambiante : il a magistralement opposé l'esprit de gravité à l'esprit de dérision, de son beau visage tendu qui ne se rabaisse pas à sourire niaisement. Impérial !

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