mercredi 30 septembre 2015

Débats municipaux



Lors du conseil municipal de lundi soir à Saint-Quentin, parmi les nombreux dossiers à l'ordre du jour, trois, très différents, donnaient vraiment lieu à des débats et divergences politiques : l'armement de la police municipale, la modernisation de la bibliothèque centrale, l'accueil des réfugiés.

1- Sur la police, le maire a ouvert le débat, alors qu'il pouvait s'en passer, n'étant pas obligé d'avoir une délibération du conseil municipal. Il a bien fait, puisque la question provoque des avis opposés. En faveur du port d'armes par les policiers municipaux, Xavier Bertrand s'est essentiellement confronté à Olivier Tournay (PCF), qui veut conserver les tâches de répression à la seule police nationale, du ressort de l'Etat, déplorant une "double police", des dérives possibles, mettant en avant l'exemple britannique d'une police sans armes.

L'existence de polices municipales ne me gêne pas. Leur armement non plus, quand la situation le justifie. Je ne crois pas que ce soit le cas à Saint-Quentin, où la délinquance existe comme partout ailleurs, mais bien moins qu'ailleurs, à ce que j'en sais. J'ai bien compris l'argument de Philippe Vignon, avocat : il s'agit de protéger les policiers. Mais alors, il faut que partout en France ceux qui portent un uniforme et sont potentiellement visés reçoivent à leur tour une arme. C'est excessif : il n'est pas bon d'entrer dans cette logique exponentielle, à la façon des caméras de vidéo-surveillance, qui sont utiles mais dont le nombre doit être raisonnablement limité : à Saint-Quentin, nous avons dépassé la centaine, c'est beaucoup, et la tendance est de suivre la demande de la population, qu'on imagine sans limite.

2- La bibliothèque municipale de centre ville, Guy-de-Maupassant, peut faire consensus jusqu'à un certain point (inutile de créer des clivages artificiels) : l'équipement est vétuste, le bâtiment est magnifique, les collections sont très riches (je parle aussi en usager). L'aménagement informatique est incontournable (pas de Wi-Fi pour l'instant !), mais deux points méritent d'être réfléchis : les horaires d'ouverture ne sont plus adaptés, et surtout il manque une salle pour les animations (conférences, ateliers, réunions, etc.). Actuellement, ces animations, qui donnent vie à la bibliothèque, se déroulent dans le hall, au milieu des passants, dans le bruit de ceux qui rendent leurs documents (elles-mêmes sont bruyantes dans tout le rez-de-chaussée). Ce n'est vraiment pas adapté. Que faire ? Je ne vois qu'une annexe, dans le quartier, qui pourrait résoudre le problème. En tout cas, c'est une idée.

3- Sur l'accueil des réfugiés, Xavier Bertrand a dit non, pour des raisons que je comprends : notre ville connaît de graves difficultés sociales, qui n'ont pas besoin d'être augmentées. Pourtant, je crois qu'il devrait accepter des familles : non pas des centaines, bien sûr, mais au moins quelques-unes, dix à quinze par exemple. Sommes-nous à ce point dans la difficulté pour ne pas faire cet effort-là, auprès de réfugiés de toute façon destinés à retourner chez eux ? Nous disposons à Saint-Quentin d'un réseau associatif, de certains compétences et, comme partout ailleurs, de bonnes volontés. Et puis, s'il faut prendre l'argent au détriment d'une autre activité, faisons-le ! La cause le mérite.

 Au plan national, toutes les forces politiques, à l'exception de l'extrême droite, s'accordent à ouvrir nos portes, autant que nous le pouvons, sans angélisme ni laxisme, à ces malheureux migrants. Même une ville pauvre peut tendre la main à des pauvres, même si, évidemment, la répartition nationale doit privilégier les agglomérations qui en ont les moyens. Je ne fais aucune leçon de morale à Xavier Bertrand (nous sommes dans la politique, pas dans la morale), ni aucun procès en électoralisme (je ne prête jamais d'arrière-pensées à quiconque, je juge seulement sur les actions et les déclarations). A sa place, je n'aurai pas agi comme lui sur ce sujet.

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