samedi 5 septembre 2015

Encore les 35 heures



Nous vivons dans une société où l'actualité passe très vite. Je ne connais pas une seule réforme dont on parle encore 15 ans après sa mise en marche : c'est pourtant le cas des 35 heures. Cette permanence est révélatrice de l'intérêt que nous portons à notre rapport au travail. Hier, le journal Les Echos publiait un sondage révélant que 71% des Français souhaitaient que la durée du travail soit fixée au niveau des entreprises, par les salariés et les patrons eux-mêmes. Les commentateurs en ont déduit à la fin des 35 heures.

C'est aller un peu vite en besogne. Depuis que les 35 heures existent, elles ont toujours été discutées et contestées, souvent avec passion. Mais je crois en même temps que nombre de Français tiennent à leurs fameuses RTT. En revanche, la mentalité contemporaine, individualiste, veut avoir le choix, réclame de la souplesse et n'accepte pas qu'on lui impose quoi que ce soit : les 35 heures, oui, si je veux ! pour parodier un slogan publicitaire. On n'imagine pas une société dans laquelle il n'existerait pas une durée légale du temps de travail !

Ceci dit, autoriser les entreprises à décider de leur temps de travail n'est pas sans poser de problèmes, essentiellement pour les salariés : le pouvoir des syndicats, qui restent quand même les représentants légitimes et les défenseurs de leurs intérêts, en prendrait un sacré coup. Que se passerait-il dans des milliers de petites et moyennes entreprises sans sections syndicales ? Les salariés seraient livrés à l'autorité du patron, sans véritablement les moyens de négocier quoi que ce soit.

Mais il n'est pas non plus possible, pour la gauche, d'ignorer cette demande de liberté à l'égard des 35 heures. Le problème est également culturel : initialement, la réduction du temps de travail est une revendication des classes moyennes, en vue d'obtenir plus de loisirs (le "temps libre", comme on disait en 1981). Les grandes gagnantes de la loi Aubry, ce sont elles. Les classes populaires sont plus réservées, quand ce n'est pas franchement critiques, et dès les débuts de la réforme : elles veulent avoir du boulot, un travail stable et un salaire correct. La réduction du temps de travail n'est pas dans leurs premières préoccupations. Il est urgent que le parti socialiste reconsidère ses priorités en quelque sorte sociologiques, et pas seulement en matière de durée du travail.

5 commentaires:

V a dit…

Les classes populaires, plus réservées ?
Forcément, la plupart avaient cru travailler 35 et être payés 39...
D'où la déception...

Emmanuel Mousset a dit…

La loi sur les 35 heures maintient la rémunération sur la base des 39 heures, sauf dérogation particulière.

V a dit…

Pas pour les contrats signés après la loi ce qui a amené que les anciens étaient payés davantage que les nouveaux pour le même travail...
Sans se préoccuper des avantages dus à l'ancienneté...

Emmanuel Mousset a dit…

C'est le principe de non rétroactivité, qui est un principe fondamental de notre droit. Mais votre remarque ne concerne que des cas très minoritaires, qui ne contrarient pas la loi sur les 35 heures dans sa généralité. Sauf bien sûr si vous êtes politiquement hostile à la réduction du temps de travail.

Christophe a dit…

ce debat des 35 heures ... ca me facine autant que ca m inquiete pour l avenir de notre societe. en 2015 que l' ont puisse debatre de travailler 1 heure de plus ou moin par semaine ... equivalent de 2 pauses cafe sur 5 jours :), c' est comme la retraite, 1 an de plus ou moin apres une vie active ... est ce que c' est ca le souci des gens aujourd hui ? peut etre on devrait arreter d en parler et faire simplement ce qui a du sens. courte histoire j avait ete seduit pas la campagne de sarkozy sous le theme - travailler plus pour gaganer plus - et la detaxation des heures supllementaires.