samedi 16 mars 2013

Débat sur le mariage



L'UDAF de l'Aisne (Union départementale des associations familiales) m'a invité cette journée à Laon, à la MAL, pour une table ronde sur le mariage pour tous. Les débats ont été ouverts par le sénateur-maire Antoine Lefèvre. Cette importante structure regroupe aussi bien des associations chrétiennes que laïques. La tonalité des échanges a été plutôt défavorable au texte de loi, même si le président départemental, Xavier Lefèvre, a rappelé que l'UDAF n'avait pas pris officiellement position.

Dans ce genre de rencontre, où je suis convié en tant que professeur de philosophie, je cherche moins à faire valoir mon point de vue (pour le mariage homosexuel) qu'à amener les participants à se faire leur propre conviction en sortant des idées toute faites. Je comprends parfaitement qu'on puisse être hostile au mariage entre personnes de même sexe, tant l'humanité nous a habitués depuis des millénaires à des unions hétérosexuelles. Mais je ne peux pas admettre qu'on considère ce projet comme une "monstruosité" (je l'ai entendu !) ou qu'il détruise la civilisation. Il faut que la raison l'emporte sur l'émotion, sans préjuger des avis de chacun.

La politique est un art d'équilibre, dans lequel on recherche le point qui fera consensus (c'est du moins ma conception). Sur un sujet aussi délicat, qui déclenche facilement les passions, il faut se garder de tout excès : c'est la ligne que j'ai essayé de suivre dans mes interventions. L'immense progrès, que j'ai tenu à souligner, c'est que tout le monde aujourd'hui s'accorde à reconnaître la légitimité juridique de l'union homosexuelle, puisque plus personne ne condamne le PACS, pourtant violemment rejeté il y a 14 ans. Ses adversaires d'alors souhaitent même aujourd'hui une amélioration de cette union entre homosexuels !

J'ai été particulièrement sensible à l'argumentation de François Edouard, de l'UDAF, regrettant l'opposition trop radicale de la droite au PACS en 1999, qui a empêché que celui-ci assure aux couples homosexuels les garanties auxquelles ils aspiraient légitimement et qu'ils sont finalement allés chercher dans le mariage, alors que tel n'était pas semble-t-il au départ la revendication de leurs associations. On retrouve ce même problème de radicalisation à gauche, quand des députés socialistes, faisant fi de la position de François Hollande, ajoutent la PMA et pourquoi pas la GPA au texte sur le mariage pour tous, crispant ainsi les positions des uns et des autres et empêchant l'indispensable consensus, le fameux point d'équilibre.

Quoi qu'il en soit, cette journée de débats aura été utile : il est toujours bon de se confronter à ceux qui ne pensent pas forcément comme vous, en restant ouvert, en cherchant à expliquer. Le président Lefèvre a regretté que les élus favorables au mariage pour tous n'aient pas répondu à son invitation. C'est en effet dommage, la dernière table ronde (en vignette) ne pouvant plus alors équilibrer les points de vue. Je crois que la politique nécessite un constant travail de pédagogie.

2 commentaires:

Ane-Vert a dit…

Chez les adversaires du mariage pour tous (mariage civil il faut le rappeler) il y a en ce moment des amalgames légèrement déshonnêtes. Ni la révision des règles qui encadrent la procréation médicalement assistée, ni la levée de l'illégalité sur la procréation pour autrui ne sont en débat dans le texte de loi actuel.
Pour la PMA s'il y a débat il faudra bien mesurer les conséquences éthiques, financières, sociétales, ça doit être un débat sérieux. Quant à la GPA je ne crois pas que ça puisse passer à l'Assemblée Nationale. Une partie non négligeable de la gauche comme des écologistes et des mouvements féministes y sont hostiles avec des arguments sérieux, tout en approuvant Taubira dans ce qu'elle a fait soit ne pas priver les enfants issus de ces situations de fait, d'état civil et de parentalité.
Tous les chrétiens ne reconnaissent pas Frigide Bargeot comme évêque ou papesse. L'évangile et l'ancien testament ont été écrits dans des sociétés patriarcales, les règles du mariage (un pis aller par exemple pour Saint-Paul) édictées par l'ancien testament comme le nouveau visaient surtout à protéger les femmes de la violence du machisme de ces sociétés (jetter son épouse sans autre forme de procès était monnaie courante dans ces temps là). C'était aussi un temps où les deux tiers des femmes mourraient en couche avant 25 ans et les hommes avaient rarement besoin du divorce pour se remarier. Lire l'Evangile comme le font les talibans du Coran et une partie des adversaires du mariage civil pour tous me semble oublieux que l'essentiel du message du Christ est un message d'amour.

Anonyme a dit…

Pas envie de rédiger. Je vous renvoie à ce lien. http://ilikeyourstyle.net/2013/01/13/larbre-baroque-qui-cache-la-prison/
Cordialement