lundi 29 octobre 2012

Come-back





L'un porte ses doigts sur les tempes et nous regarde fixement comme pour nous faire regretter quelque chose, l'autre affiche une barbe naissante, sourit et salue de la main comme s'il cherchait encore à séduire : les magazines nous en parlent comme s'ils pouvaient revenir sur la scène publique, exercer peut-être de hautes responsabilités. En politique, est-ce qu'on revient quand on est parti ? Est-ce qu'on peut gagner quand on a perdu ? C'est un beau sujet de réflexion, aux réponses incertaines.

Le passé nous donne quelques exemples. Il y a la fameuse "traversée du désert" du général de Gaulle : chef du gouvernement, puis dix ans d'opposition avant de revenir à la tête de l'Etat, alors que le général était déjà un retraité à Colombey. Mais c'était de Gaulle ! François Mitterrand a fait mieux : vingt-cinq ans d'opposition avant d'être élu président ! Mais c'était une conquête plus qu'une reconquête : dans les années 50, Mitterrand n'avait été que ministre.

Ceux qui quittent, de gré ou de force, la vie politique n'y reviennent pas : à la fin des années 80, la "bande à Léo" était promise à un bel avenir ; la plupart de ses membres, et d'abord son chef, ont disparu ou se sont contentés de jouer les seconds rôles. Quant aux occasions prometteuses mais ratées ou refusées (Michel Rocard, Raymond Barre, Jacques Delors), elles ne se représentent pas : les plats en politique ne passent qu'une fois ; après, il faut se contenter des restes.

Dans la vie politique locale, à Saint-Quentin, Odette Grzegrzulka, malgré toute sa fougue, n'a pas réussi à redevenir députée en 2007. Qui sait si elle n'aurait pas réussi cette année, en demeurant dans notre ville et en faisant prospérer son implantation personnelle ? Anne Ferreira, dans le même combat, a perdu de peu alors que les résultats de la présidentielle laissaient espérer qu'elle gagne haut la main.

L'idée qu'on ne meurt jamais en politique n'est qu'une légende consolatrice qui repose sur l'auto-persuasion. En vérité, ses cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables ou invulnérables, qui ont bel et bien été "tués" et qu'on ne reverra pas, sinon en fantômes. Les flash-back sont nostalgiques et nombreux, les come-back désespérés et ratés.

La meilleure attitude, qui a toujours suscité mon admiration alors que l'homme n'attire absolument pas ma sympathie politique, c'est celle de Valéry Giscard d'Estaing : président-monarque à la fin de son septennat, quittant l'Elysée sous les huées, il a eu la modestie, et même l'humilité de repartir d'en bas, se faire élire député, redevenir un parmi plusieurs centaines de parlementaires, puis gérer une région, enfin d'accepter de se faire battre à des élections municipales. Comme quoi l'orgueil le plus endurci peut être politiquement mis à mal, pour le plus grand profit moral de sa victime et pour l'honneur de notre démocratie.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Et toi c'est quand tu pars ???

Emmanuel Mousset a dit…

Quand j'en aurai la force et la sagesse, ce qui n'est pas gagné ...

Anonyme a dit…

Sarkozy ressemble vraiment à un clochard avec sa barbe.

Emmanuel Mousset a dit…

Qu'est-ce que vous avez contre les clochards ?