samedi 27 octobre 2012

La croix et le compas



Jacques Destouches, sous-préfet, avait raison en disant que la cérémonie de ce matin, dans la basilique de Saint-Quentin, n'était pas une simple inauguration de travaux, mais aussi un évènement symbolique. Le lieu n'est pas anodin : c'est le plus haut point de la ville, des générations s'y sont faits baptiser, marier, enterrer, l'art, l'histoire et la spiritualité s'y retrouvent. Sur le parvis, dans le froid, l'abbé de Hédouville accueille les invités. Le maire, Xavier Bertrand, a une veste en cuir qui coupe le vent. L'évêque, Monseigneur Giraud, se repère à son col romain et sa grande croix d'argent ; il prend des photos avec son téléphone mobile (c'est un geek assumé).

L'architecte de la rénovation, maître de l'équerre et du compas, explique à côté du curé le sens de son travail. Une personne me souffle à l'oreille que les maçons (spéculatifs) dans l'assistance ne vont pas entrer dans le saint édifice, mais demeurer comme autrefois devant le portail. Décidément, les préjugés sont tenaces et certaines mentalités datent un peu ! Les Fils de la Lumière, y compris de hauts grades, sont entraînés par la foule vers l'intérieur. Ici, aujourd'hui, nous sommes tous frères ...

Xaxier Bertrand détient dans ses mains une grosse clé, qui n'est pas de saint Pierre mais du maire-propriétaire qu'il est, paradoxalement en vertu de la loi de séparation des églises et de l'Etat. Alexis Grandin fait visiter, en guide-conférencier. Certains élus d'opposition, forcément absents, doivent entendre leurs oreilles bourdonner, et pas seulement du son des cloches : ils se sont opposés, au nom d'une radicale et anticléricale laïcité, aux subventions de réfection. Ceux qui sont là constituent le public fourni des grands jours et des grandes occasions. Parmi ces personnalités emmitouflées, qui ont souvent la goutte au nez : Bernard Delaire, Roland Lamy, Stéphane Lepoudère, Monique Ryo, Jean-Robert Boutreux, Maryse Trannois, Jean-Pierre Semblat, Pascale Gruny, Agnès Potel, Jean-Paul Lesot, Roland Boucier, Michel Garand, Antonio Tejado, Bernard Visse, ... et les caméras de France 3.

Pendant les discours, Xavier Bertrand, en cet endroit chargé d'éternité, est appelé "Monsieur le Ministre", comme si rien n'avait changé. Les yeux sont levés au ciel, même chez ceux qui n'y croient pas. La cérémonie se termine par la bénédiction des vitraux, avec des alléluia et des signes de croix. Dans un coin de la basilique, un pot de l'amitié nous attend, au frais. La croix et le compas sont réconciliés, la République est en paix avec elle-même. Mais il fait toujours aussi froid.

1 commentaire:

Giraud a dit…

Merci pour le reportage. Petit détail, la croix de l'évêque n'est pas en argent mais en simple acier, elle vient du Brésil !