samedi 6 octobre 2012

Un congrès pas comme les autres



Le congrès de Toulouse du parti socialiste n'est forcément pas comme nos autres congrès auxquels j'ai participé ces dix dernières années. D'abord, le PS est au pouvoir. Dans l'opposition, un congrès sert à choisir une ligne politique. Là, ce n'est pas le cas : la ligne, nous l'avons, c'est celle du gouvernement, à laquelle participent tous les courants du PS, puisque tous, sans exception, sont membres de cette équipe. Ce qui n'interdit évidemment pas le débat : cinq motions ont été déposées, sont à discuter, servent à enrichir ce qui se fait. Mais aucune ne peut prétendre à être une alternative à la ligne du gouvernement. Ou alors je ne comprends plus rien ...

Ensuite, ce congrès n'est pas comme les autres parce que le traditionnel clivage, au sein du PS, depuis toujours dans son histoire, entre une majorité réformiste et une sensibilité plus radicale dite "aile gauche", n'a pas lieu cette fois-ci. Le représentant de cette "aile gauche", Benoît Hamon, suivi par plusieurs de ses camarades, a choisi de prendre ses responsabilités et de rejoindre la motion Ayrault-Aubry-Désir, ce dont je me félicite. Il reste bien sûr un résidu d'"aile gauche" avec la motion Maurel-Lienemann-Filoche, qui va tenter de fédérer les mécontents ; mais ce reliquat n'est pas politiquement significatif.

A suivre les débats, à lire les textes des uns et des autres, je comprends une chose : c'est l'Europe qui nous sépare, c'est le point de rupture entre socialistes. En politique, il n'y a pas de vérité, il n'y a que des opinions : mes camarades qui sont contre le traité budgétaire européen, je respecte leur point de vue, qui n'est ni plus vrai ni moins vrai que le mien, qui suis pour. Mais ce que je dénonce fortement, c'est leur incohérence : comment peuvent-ils, comment pourront-ils, dans les années à venir, soutenir la ligne Hollande-Ayrault alors que celle-ci, dès le budget de rigueur 2013, est déjà très largement impactée par ce traité ? En réalité, leur position est politiquement intenable, contradictoire.

Le destin de l'aile gauche, dans l'histoire du parti, est invariable : elle ne peut pas sérieusement camper sur ses positions en restant à l'intérieur du parti, inconfortablement. Chevènement a fini par partir, Mélenchon aussi. C'est dommage de perdre des camarades de qualité, mais c'est tout à leur honneur d'être allés, l'un et l'autre, honnêtement, jusqu'au bout de leur cohérence et d'en tirer les conséquences. En politique, on a le droit d'avoir toutes les idées qu'on veut, et je répète que les miennes ne sont pas meilleures ni pires que celles des autres ; elles sont tout simplement autres. Mais on n'a pas le droit d'être incohérent, car au final, ce sont les Français qui en font les frais, qu'on soit à la tête du pays ou d'une collectivité locale.

Aucun commentaire: