jeudi 18 octobre 2012

Maurel et les poppys



C'est ce soir le vote des socialistes pour la désignation de leur premier secrétaire national. A Saint-Quentin, nous recevions hier l'un des deux candidats, Emmanuel Maurel, représentant de l'aile gauche. Mon choix c'est Harlem, mais je suis quand même allé voir Emmanuel au restaurant des Champs Elysées. La "réunion publique" était inhabituellement organisée : quatre grandes tables rondes autour desquelles une partie de l'assistance était assise, comme si elle allait manger, mais sans les couverts, l'autre partie restant debout. Sur les tables disposées pour le pot final, des citrouilles annonçaient-elles le proche Halloween ?

Parmi le public, quelques figures bien connues : Alain Reuter, vice-président du Conseil régional de l'Aisne, Jean-Robert Boutreux, de Génération Ecologie, qui fréquente de plus en plus les réunions de gauche (à ce train, il va faire partie de la prochaine liste municipale !). Une équipe de la chaîne de télévision LCP suivait le candidat, qui a choisi notre ville pour sa dernière réunion de campagne.

C'est que Emmanuel Maurel est poperéniste (comme autrefois Jean-Marc Ayrault !) et que l'Aisne, comme l'a rappelé Anne Ferreira à ses côtés, est une terre historique pour les poppys (c'est ainsi qu'on les appelait il y a 35 ans, en opposition à leur bête noire, les rockys, les rocardiens, les premiers rappelant un groupe de jeunes chanteurs à succès et les seconds un fameux film de boxe avec Stallone). De fait, les poperénistes venus de tout le département étaient très présents, dans la soixantaine de participants, ce qui donnait à la rencontre un aspect très "réunion de motion", comme on dit dans notre jargon. Mais certains visiteurs étaient inattendus, comme ces deux jeunes femmes iraniennes militant contre le régime de leur pays et avec qui j'ai discuté de ... café philo.

Emmanuel Maurel a fait une bonne intervention, courte et efficace (ce qui change des longs discours empesés et filandreux qui sont la plaie de la politique, et même sa mort). Sur le fond, je suis bien sûr en désaccord : il est hostile au traité budgétaire européen, je défends son utilité ; il se présente comme le "candidat anti-rigueur", je suis favorable à la rigueur économique (réduction des déficits, rééquilibrage des comptes publics). Mais j'ai apprécié sa dénonciation du cumul des mandats, son souhait d'un parti fort, fier, actif. Surtout, j'ai trouvé que son ton était rassembleur, pas du tout hostile à la personne d'Harlem Désir, favorable au débat d'idées, très éloigné d'une certaine gauche sectaire.

Depuis ma première rencontre avec lui, à Laon en 1999, dans un débat sur l'Europe (déjà !), il s'est psychologiquement étoffé, il a acquis cette fermeté et cette souplesse qui font les leaders. Et sympa avec ça ! Il aurait pu ostensiblement me faire la gueule, m'ignorer, sachant que jamais je ne le rejoindrai ni ne voterai pour lui ; non, il m'a aimablement salué, et je lui ai en retour souhaité bonne chance, même si je sais, et lui aussi, qu'il ne sera pas désigné ce soir à la tête du PS. Peu importe, dans ce genre de situation, c'est le score qu'on fait qui compte et qui peut peser sur l'avenir. Maurel n'est pas un opportuniste, il a la cohérence pour lui, bien que ce ne soit pas la mienne.

Connaissez-vous le plus gros tube des Poppys (les chanteurs, pas les militants poperénistes), au début des années 70 ? "Non, non, rien n'a changé, tout, tout, a continué, hé ! hé ! hé ! hé !" Je me dis que la politique, c'est un peu ça aussi, un éternel retour des meilleures choses comme des pires.

Aucun commentaire: