mercredi 17 octobre 2012

Service public



Hier matin, en gare de Saint-Quentin, je devais prendre le train à 08h06 pour un rendez-vous à Paris à 10h00, rue Récamier, au siège national de la Ligue de l'enseignement. Je m'installe, mais rien ne bouge, pas de départ : au bout de dix minutes, une voix métallique explique qu'un problème d'alimentation électrique empêche la locomotive de partir. La voix ajoute que le délai d'attente est impossible à déterminer. Quinze minutes plus tard, la voix revient pour demander aux voyageurs de changer de train, de se rendre sur la voie 4. Manifestement, la loco n'a plus de jus. Et moi un peu moins : je sens que je vais être en retard à mon rendez-vous.

Sur le quai 4, le nouveau train n'est pas encore là et il pleut. Pas d'abri pour se protéger. Une bonne partie des voyageurs redescendent dans le passage souterrain, moi aussi, n'ayant pas de parapluie. Les gens sont calmes, semblent prendre leur mal en patience. Est-ce de la résignation, de l'habitude ou de la sagesse ? Quelques téléphones portables sonnent (une sonnerie fait dring-dring, imitant les téléphones à l'ancienne). Le train arrive enfin, et nous partons avec environ 45 minutes de retard. C'est maintenant sûr, mon rendez-vous c'est fichu. Mais l'essentiel est d'être dans un wagon qui se rend à Paris.

Non loin de la capitale, le train s'arrête en pleine campagne. Que se passe-t-il ? Une voix humaine, non métallique, prononce une stupéfiante formule : "Ca bouchonne pour entrer dans Paris". Je savais que des "bouchons", c'est-à-dire des embouteillages, existaient sur les routes et même dans les aéroports, quand trop d'avions demandent en même temps d'atterrir. Mais il me semblait et il me semble encore que les embouteillages sont impossibles sur les rails. La preuve que non. Il va falloir que je réfléchisse à ça, ou qu'on m'explique.

A 10h00, nous étions gare du Nord. La voix est revenue, pour la dernière fois, expliquant que des agents allaient distribuer aux voyageurs une "enquête ponctualité" (j'ai d'abord cru à une plaisanterie, une forme d'ironie) afin de se faire rembourser (mais ce n'était pas clairement annoncé). En effet, des employés en uniforme donnaient une enveloppe, "à renvoyer sous 60 jours", avec cette adresse postale : "SNCF régularité". A l'intérieur, une fiche avec cette phrase : "Vous avez subi une perturbation et votre train est éligible à l'engagement horaire garanti", accompagnée de plusieurs questions avec plusieurs cases pour les réponses. Je n'ai rien compris et j'avais perdu assez de temps, j'ai tout jeté dans la première poubelle venue.

Je suis arrivé rue Récamier avec une heure de retard, et je me suis rendu compte qu'après tout ce n'était pas si grave. Par le passé, il y a longtemps, j'ai beaucoup pris le train, ce genre d'incident était extrêmement rare, on me dit aujourd'hui qu'ils sont fréquents. Que devient donc notre service public ? En sortant de la Ligue de l'enseignement, redescendant la rue de Sèvres, j'aperçois sur le trottoir d'en face une figure saint-quentinoise familière : serait-ce lui ? Non, je dois me tromper. Je traverse quand même la rue pour vérifier, c'est bien lui, Pierre André, qui se rend à une séance au Sénat. Quelle journée !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous avez de la chance d aller à Paris, moi pour aller à Bruxelles c est d abord st Quentin-Paris puis Paris-Bruxelles soit parcourir une distance de 460 km pour un deplacement à 160 km de st Quentin.
Ne parlons meme pas du temps perdu, ni du surcout occasionné par ce détour.
Le service public n'en est plus un puisque le service n'est rendu que si une ligne ou un arret est rentable.
J espere que la gauche au pouvoir va enfin redonner au service public tout son sens.