mardi 2 octobre 2012

Mailly et Bertrand en républicains



C'était une étrange assemblée ce soir dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville à Saint-Quentin : de vieux militants, un jeune lambertiste, des élus de droite, des libres-penseurs, des syndicalistes de gauche, un maire politiquement inclassable (Marcel Lalonde, premier magistrat de Chauny). Bref, une rencontre "improbable", comme on dit aujourd'hui, mais bien réelle, à l'occasion du 25e congrès de l'union départementale Force ouvrière, en présence de son secrétaire national, Jean-Claude Mailly, reçu par l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand, avec lequel, en tant que syndicaliste, il s'est affronté ces dernières années. Rencontre "improbable", je vous dis, et qui ne manquait pas de piquant.

Qu'est-ce qui pouvait bien justifier une telle réception ? Quel lien peut unir tous ces hommes (et quelques femmes seulement) pour se retrouver ensemble ? Les trois allocutions (Bertrand, Mailly, Gérald Fromager, le secrétaire départemental, en vignette) levaient le mystère : des républicains, ce sont tous des républicains qui ont vanté, chacun son tour, les vertus républicaines, le respect, le dialogue, la franchise. Tenir le même discours, ne pas pratiquer le double langage, même et surtout quand on est en désaccord, c'est la qualité dont le maire de Saint-Quentin a gratifié le syndicat de Bergeron et Blondel, sous-entendant que toutes les organisations professionnelles ne pouvaient pas en dire autant. Jean-Claude Mailly a poursuivi dans cette ligne : l'essentiel, c'est de se parler, y compris en "s'engueulant". Mais il est allé plus loin, en soulignant l'importance de la dimension humaine, au crédit de Xavier Bertrand, en qualifiant leurs rapports de "relation d'amitié". En toute fin de son discours, il a laissé échapper, en direction de Xavier Bertrand, un tutoiement qui venait illustrer son propos.

Gérald Fromager, lui, a mis l'accent sur les bons rapports entre la section locale FO et la municipalité de Saint-Quentin, qu'il n'a pas hésité à mettre en contraste avec les rapports, eux conflictuels, de la CGT avec la mairie, au sujet de la bourse du travail. Il a précisé que Force ouvrière était très bien où elle était, qu'elle ne voulait pas d'une maison des syndicats rassemblant toutes les confédérations. A ses côtés, Xavier Bertrand, qui n'en demandait pas tant, buvait du petit lait alors que le champagne n'était pas encore servi, mais ses yeux pétillaient. Et moi dans mon coin j'étais bien malheureux : putain, l'unité de la gauche à Saint-Quentin, c'est pas pour demain ! La solution : se donner un chef comme la droite s'est donnée un chef. Vive le syndicalisme quand même !

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