dimanche 1 janvier 2017

Adieu François



J'ai regardé, bien sûr, hier soir, les vœux du président de la République, les derniers de François Hollande. Je n'ai pas retrouvé François Mitterrand : ses vœux étaient mes préférés, surtout les ultimes, "je crois aux forces de l'esprit, là où je serai je ne vous oublierai pas". Autre style, autre époque. Mitterrand faisait face au tragique de l'existence, à la durée, à l'échec, à la mort, à tout ce que notre société aujourd'hui déteste et rejette. Hollande, c'est l'homme normal, l'homme contemporain, jusqu'au bout, jusqu'à hier soir.

Je l'attendais en chef de guerre contre Daech, je savais qu'il ne le serait pas, parce qu'il n'a jamais voulu l'être. Notre époque ne veut ni de chef, ni de guerre. François Hollande s'est présenté comme le protecteur des victimes, il a compati à leurs souffrances, il s'est adressé à chacun d'entre nous, un peu victime, un peu souffrant et tellement fatigué, épuisé, choqué par cette Histoire qui ne daigne pas s'arrêter. Normal, Hollande l'est aussi en renonçant au pouvoir, en renonçant à se battre pour le pouvoir, pour le conserver. Pourtant, le bilan de son quinquennat n'est pas si mal, à l'écouter. Pourtant, sans lui, il nous l'a dit hier soir, la droite est menaçante, l'extrême droite est périlleuse et la gauche est divisée jusqu'à risquer de s'éliminer.

A l'heure de son départ, je ne peux pas m'empêcher de penser au soir de son arrivée, au deuxième tour de la présidentielle de 2012. En Corrèze, à Paris, la foule était énorme autour de lui. L'enthousiasme était disproportionné. Tout cela ne pouvait que mal se terminer, je l'ai senti dès cet instant-là. Hier soir, nous sommes restés sur notre faim : Hollande a seulement était bien, alors que nous l'aurions voulu bon. Il a été égal à lui-même, alors que nous aurions souhaité qu'il se dépasse. François Hollande a voulu être un homme de son temps, mais les temps sont ingrats. Hier, nous étions dans le bilan, le constat et la crainte. Nous aurions tellement aimé être dans l'espoir, la mobilisation, la conquête ! C'est à un autre que reviendra cette tâche. Bonne année à toutes et à tous ! 

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour moi, c'est la gauche qui l'a éliminé; vive Macron !

Anonyme a dit…

Normal ; Président normal ?? C'est le commentateur de sa propre existence qui nous quitte et RIEN de plus .....

Emmanuel Mousset a dit…

1- Personne n'a éliminé Hollande. Il a eu l'élégance de se retirer.

2- L'homme politique doit sculpter sa propre statue, ce qui n'est pas contradictoire avec l'action.

Anonyme a dit…

A mon avis vous n'avez rien senti du tout en Corrèze parce que l'histoire s'est accélérée. Point final.
Par ailleurs il n'est pas possible de comparer les vœux de F. Mitterrand qui savait que la mort, la vraie mort, était proche et ceux de F. Hollande qui s'est retiré, comme vous le dites, très logiquement et avec une certaine élégance.

Emmanuel Mousset a dit…

Tant pis, je compare.

Philippe a dit…

Je pense juste ce qu’a dit Marcel Gauchet de la décision de F. Hollande de ne pas se représenter « l'horizon paraissait bouché pour lui. François Hollande a choisi l'option la plus honorable, qui en plus fait honneur au principe républicain selon lequel le pouvoir est non pas une position à laquelle il est justifié de s'accrocher à tout prix, mais une fonction exercée au nom du peuple. On peut lui en savoir gré. ».
Les confidences de F.Hollande aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans « un président ne devrait pas dire çà » montre que l’homme est honorable, lucide, il fait les bons constats y compris sur le sujet qui inquiète le plus les français comme l’ensemble des problématiques liées à l’Islam et l’immigration.
En cela il se hisse en niveau de lucidité intellectuelle au-dessus de sa base électorale bisounours.
Mais il est doté d’un tempérament ne lui donnant qu’un très faible niveau de volonté et d’autorité naturelle faisant passage à l’acte.
Je me souviens d’une vanne de celle qui le connaît le plus c’est à dire Ségolène Royale … « il n’a jamais rien décidé » …
Brave homme qui n’était pas à la bonne place au total.

Emmanuel Mousset a dit…

François Hollande aura réussi à devenir président de la République. C'est ce que l'Histoire retiendra, et tous les reproches possibles et imaginables n'effaceront jamais ça.

Philippe a dit…

Les destinées humaines sont écrites sur le sable ... toutes sans aucune exception sont effacées ... en laissant le temps au temps tout s'efface ...

Anonyme a dit…

J'ai eu l'impression lors des voeux de Hollande d'avoir à faire à un homme qui ne maitrisait plus rien, défendait un bilan dans lequel ses électeurs ne se retrouvent pas du tout malgré son autosatisfaction en la matière, ne comprenait pas le monde à venir qu'il récusait. Que cela plaise ou non le Brexit et l'élection de Trump signent la fin d'un monde, celui de la mondialisation présumée heureuse et d'une Europe censée protéger les peuples du désordre du monde alors qu'elle y contribue par son libéralisme débridé. Ceux qui ne comprennent pas s'exposent à être sévèrement désavoués lors des prochaines élections.

Anonyme a dit…

"Personne n'a éliminé Hollande" c'est vraiment faire preuve d'aveuglement de faire un constat pareil. Tout et tous s'est ligué contre lui à commencer par son bilan économique désastreux, à l'antipode de celui attendu par ces électeurs. Votre mentor Macron y a largement contribué en quittant un navire gouvernemental en train de faire naufrage pour essayer de nous proposer un ravalement de façade d'un néolibéralisme en perte de vitesse partout dans le monde. Valls, en dernier, l'a poussé vers la sortie pour l'empêcher de se représenter alors que les derniers chiffres du chômage lui sont en apparence favorable. Cependant un constat majeur au-delà c'est qu'il n'a pas compris la nature de la fonction présidentielle qui ne demande pas un homme normal mais un Homme d'Etat comme le fût le Président Mitterrand.

F H a dit…

Ce président là, paraîtrait-il normal selon ses propres déclarations (il y en avait donc eu d'anormaux avant lui -vite, des noms !) s'en va sans se représenter.
C'est sa décision.
Est-il utile de préciser qu'il mourait d'envie de pouvoir accomplir les deux mandats consécutifs que la loi autorise ?
Il ne se représente donc pas parce qu'il a perdu son potentiel électoral.
Ainsi, il a perdu ses voix de gauche sans pour autant conquérir d'autres soit encore plus à gauche soit à sa droite.
Est-ce que ça s'est déjà vu ?
Non !
Ce n'était donc pas un président normal : un président "normal" se serait représenté !

Philippe a dit…

@FH
S'ils avaient soumis comme tous les citoyens salariés de l'époque à une visite de Médecine du Travail annuelle nombreux sont nos présidents qui en cours de mandat auraient été déclarés : inapte au poste de travail.
Mitterrand pour le 2ème mandat .... Chirac au cours du 2ème etc. etc.