mardi 17 janvier 2017

Les ralliés marchent aussi



Depuis quelques jours, il est beaucoup question des ralliements à Emmanuel Macron. La "bulle" fait manifestement des petits ! Pour le PS, elle peut se transformer en "boulet" et l'entraîner par le fond. Ce n'est pas à souhaiter : chacun doit rester lui-même, et la démocratie gagne à la diversité. Il y a les ralliés déclarés, les ralliés supposés, les ralliés possibles, les ralliés célèbres, les ralliés anonymes et, peut-être les plus nombreux, tous ceux qui sont en attente de ralliement, observant prudemment comment la situation va évoluer, surtout le résultat de la primaire, participation et gagnant. Ces ralliés viennent de droite, du centre, de la société civile, d'ailleurs ou de nulle part, mais d'abord du Parti socialiste. 

Cette question des ralliements n'est pas exceptionnelle ou anecdotique : elle est inhérente à notre vie politique, depuis très longtemps. En 1789, une partie de l'aristocratie a fini par se rallier à la Révolution. A la fin du XIXème siècle, l'Eglise catholique s'est ralliée à la République. Après la Seconde guerre mondiale, le Centre national des indépendants et paysans a assuré le ralliement d'ex-pétainistes à la droite conservatrice. Le SAC, Service d'action civique, a permis à des anciens OAS de rallier les rangs gaullistes. La politique est moins une activité d'alliés (de partenaires concluant des alliances en bonne et due forme) que de ralliés : la pente naturelle est d'aller vers le vainqueur, même hypothétique. C'est une loi quasiment naturelle. Ce n'est pas tant l'adage trotskiste, "la force va à la force", qui soit vrai, mais plutôt celui-ci : "la faiblesse va à la force".

En Marche ! doit-il s'inquiéter de sa puissance d'attraction ? Non, il faut se réjouir qu'Emmanuel Macron séduise, s'impose, rassemble. C'est la confirmation de la loi physique et de la tendance historique décrites plus haut. En même temps, ce n'est pas sans danger : combien d'opportunistes parmi les ralliés ? Mais il y a pire : voir le mouvement des Marcheurs altérer son image, par des ralliements insincères, intéressés. Le risque, c'est de perdre une forme de fraîcheur et de jeunesse, par le retour de vieilles barbes et de fins renards. En même temps, ce n'est pas sans solution : tant que ces adhésions demeurent individuelles, se contentent d'être des soutiens sans conditions, il n'y a pas de problème.

Je ne crains rien pour la présidentielle : c'est la rencontre d'un homme et d'un peuple, sans intermédiaires. Mais les législatives et ses investitures seront une épreuve, surmontable elle aussi : il y a les macronistes historiques, de convictions, et il y a les ouvriers de la dernière heure. La distinction est facile. Ceci dit, En Marche ! doit rester ouvert, notamment pour accueillir et intégrer les socialistes que le dénouement de la primaire aura déçu, peut-être même catastrophé. Quand on tient ferme, qu'on reste soi-même, qu'on refuse les compromis d'appareil, on ne risque rien, on peut aller très loin. Jusqu'à l'Elysée et le Palais-Bourbon, par exemple.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Et si pour les législatives , les socialistes ralliés sont plus nombreux que les macronistes fondateurs , les macronistes vont bel et bien prendre la pâtée ....

Emmanuel Mousset a dit…

Non, l'original est toujours préféré à la copie, et les ralliés profitent à ceux auxquels ils se rallient.

R a dit…

Il partit marcher tout seul mais par un prompt renfort, seront-ils des millions en arrivant au port ?

Emmanuel Mousset a dit…

Des millions d'électeurs, oui.