lundi 2 janvier 2017

François Chérèque



La disparition de François Chérèque est un choc : si inattendue, jeune encore, et en ce début d'année ... L'heure est aux hommages, et c'est normal, de tradition. Mais il ne faut pas oublier non plus que Chérèque aura été souvent détesté, insulté par la persistance à gauche, en politique et dans le syndicalisme, d'un courant radical, âprement lutte de classes, stalinien. Nos adversaires nous apprennent autant sur nous-mêmes que nos amis.

François Chérèque était aimé des uns et haï des autres parce que c'était un syndicaliste réformiste, avec tout ce que cet engagement implique : le refus de l'opposition systématique, la pratique du compromis, le sens de l'intérêt général. Il rejetait à la fois le corporatisme professionnel, à l'ancienne, et le syndicalisme révolutionnaire, politique.

Chérèque était une pure figure de la CFDT, comme son père, Jacques. Il a dirigé ce syndicat pendant 10 ans, de 2002 à 2012, entre la sévère défaite de Lionel Jospin et la prometteuse victoire de François Hollande. Il aura donc été syndicaliste sous des gouvernements de droite. On lui en a beaucoup voulu de soutenir la réforme des retraites en 2003, mais c'était dans la logique de son réformisme, qui estime qu'à vouloir ne rien changer, on finit par tout perdre.

François Chérèque était aussi un intellectuel social-démocrate, acceptant de prendre la présidence du très moderniste et très contesté groupe de pensée Terra Nova. C'était enfin un homme de pouvoir, mais sans jamais confondre mandat syndical et responsabilité politique. Dans ces deux registres, c'est toujours la cause sociale qui le motivait, à la tête de l'Agence du service civique ou comme haut fonctionnaire chargé de la lutte contre la grande pauvreté. François Chérèque inscrit désormais son nom dans la lignée du syndicalisme réformiste : Edmond Maire, Jean Kaspar, Nicole Notat et aujourd'hui Laurent Berger.

5 commentaires:

Unknown a dit…

Bravo pour ce bel hommage
Le mousset nouveau est revenu!!!!
Enfin!!!!
Le macronisme est peut-être terminé!!!
Apres le réveillon!!

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne comprends pas le sens de votre commentaire. J'ai toujours été du côté du syndicalisme réformiste, dont Macron est le défenseur.

Philippe a dit…

J'adore ... tout le monde serait motivé par "la cause sociale" ... on se demande pourquoi devant une si massive implication la pauvreté et le chômage (toutes catégories incluses ... bien sûr !) bref pourquoi tout cela augmente depuis ......... Raymond Barre.

Anonyme a dit…

Les réformistes ou les sociaux-démocrates sont toujours les meilleurs agents du patronat et contribuent, comme tout le monde à ce grand bond en arrière qu'est le libéralisme économique depuis 1979 avec Margarat Thatcher et Ronald Reagan.
Pour rafraichir une mémoire défaillante de Monsieur Mousset sa gauche si "raisonnable" s'accommode très bien de 5 millions de chômeurs et de 10 millions de pauvres. Comme la droite!

EM a dit…

Je suis "partagé" comme presque toujours devant les prises de position de notre "Mousset" préféré.
Si "Mousset" n'existait pas, il conviendrait de le créer, mais pas à l'instar d'un quelconque "Frankestein" mais bien d'un original "Mousset" bien mousseux, bien émoustillant et même émoustillé.
"Mousset" a le courage de se positionner face à l'actualité.
Pas beaucoup ne l'ont.
"Mousset" pourrait tranquillement chez lui, les cours donnés, les copies corrigées et les préparations des cours à venir faites, regarder son téléviseur, aller au cinéma ou au "Carillon" boire un pot.
Non, il s'expose à nos "critiques" !
Voilà pour les pétales de roses...
Passons aux épines si c'est possible.
En quoi, un syndicaliste ouvrier se distinguerait-il d'un autre syndicaliste ouvrier ?
En quoi, comme le formulait un successeur de Mao, un chat blanc se distinguerait-il d'un chat roux, d'un chat noir ou d'un chat tigré ?
S'ils chassent tous les souris, bien entendu...
Alors, vouloir créer un distinguo entre syndicats ouvriers visant in fine les mêmes objectifs à savoir l'amélioration de la condition ouvrière, est-ce bien pensé ?
Nous les vendre, les uns tels des réformistes, des pragmatistes, les autres comme des jusqu'au boutistes ou des irréductibles, "Mousset", c'est volontairement (car nul ne doute encore ici de votre capacité de discernement) essayer de noyer les poissons en amalgamant des centrales syndicales à des partis politiques.
Le syndicalisme, c'est une chose (que ce soit du côté patronal comme du côté ouvrier - parce que travailler de ses muscles ou travailler du chapeau, c'est toujours travailler et soit on est patron soit on est employé) et la politique c'est autre chose.
Le seul point de convergence entre les deux, c'est le ministère du travail lorsqu'il y en a un.
Chérèque a fait son job comme il l'entendait, pas meilleur qu'une autre (celle à laquelle il a succédé) et pas meilleur que son successeur.
Pas meilleur, pas plus mauvais.
Ni des responsables des autres centrales syndicales.
Une seule question qu'il m'agréerait voir traiter par notre "Mousset" toujours préféré : Comment expliquer cette dispersion syndicale entre les représentants des ouvriers ?
Syndicat patronal grand patronat siglé Médef, on comprend...
Syndicat représentant les PME, on comprend aussi...
Pourquoi pas un syndicat des ouvriers travaillant au sein des grandes entreprises et un autres pour représenter ceux qui oeuvrent dans les PME ?
"Mousset" je vous bouscule, au boulot, prenez position !
A défaut qu'en disent vos mentors successifs et en particulier vos derniers, Strauss-Kahn, Hollande, Valls et Macron (vous pouvez remonter à Rocard et même Mendes-France)...