lundi 9 janvier 2017

Tout est bon pour Macron



Ces derniers jours, tout est bon pour Macron. Il y a ce sondage qui le met en n°2 de l'élection présidentielle. Plus aucun doute : le meilleur pour battre Le Pen, c'est lui. Fini le troisième homme, ni même le deuxième, puisque le premier à gauche, c'est Emmanuel Macron. Autre bonne nouvelle : Arnaud Montebourg sortirait vainqueur de la primaire. Alors là, mes amis, c'est le boulevard, la voie royale : Hollande et une bonne partie du PS se rallieront à Emmanuel Macron, et je ne sais pas ce que deviendra le Parti socialiste.

Les critiques envers le candidat deviennent des titres de gloire, tant elles passent à côté de leur cible. Avez-vous vu jeudi soir "Complément d'enquête", sur France 2 ? C'était drôle de mauvaise foi. On gratte, on gratte, mais on ne trouve rien. Ah ! si : le fric et la com. Macron va à New-York récolter de l'argent, ne livre pas le nom des donateurs. Quelle histoire ! En Marche ! n'a pas d'élus, pas de subventions, pas de cotisants : le mouvement va chercher de l'argent auprès de ses soutiens, dont la participation veut rester d'ordre privé. Emmanuel Macron fera un prêt personnel. Quoi de mal, quoi d'anormal ? Rien, absolument rien.

Et la com ? Macron est dans les magazines, à la radio, dans les télés, et les jaloux dont on ne parle pas le jalousent. Macron fait ce que tout le monde fait en politique : il communique. En quoi est-ce répréhensible ? La différence, c'est que lui a réalisé en 6 mois ce que certains ont mis 20 ans à réussir. Il est candidat, veut se faire connaître, y réussit très bien : c'est le but de tout homme public, non ? Macron people ? Qu'est-ce que ça peut faire ? L'homme ne se réduit pas à ça, loin de là. Les gens sont curieux de la vie de leurs personnalités, y compris politiques : pourquoi serait-ce condamnable ?

Et puis, il y a les reproches voilés de Bernard Cazeneuve lors d'un éloge à François Mitterrand. Est-ce bien le rôle d'un Premier ministre de se perdre dans des sous-entendus pernicieux ? Il rappelle que Mitterrand ne croyait pas à l'effacement du clivage gauche-droite. Mais Emmanuel Macron n'a jamais dit que cette distinction n'existait plus : simplement qu'elle s'est relativisée, que plusieurs grands thèmes lui échappent, qu'elle n'a plus la pertinence d'autrefois, car Mitterrand c'était quand même il y a 30 ou 40 ans. Même lui, avec sa "France unie" de 1988, remettait en cause ce clivage.

Cazeneuve tire sur le centrisme, jugé opportuniste et inexistant. Mais jamais Macron ne s'est situé au centre. Il s'est toujours défini personnellement comme un homme de gauche. Le clivage qu'il ne cesse de prôner, c'est celui entre progressistes et conservateurs ; pas un positionnement au centre.

Puisque nous parlons de François Mitterrand, comment ne pas saluer la performance d'Emmanuel Macron sur ses terres, à Nevers, où il a mobilisé un millier de personnes. Je connais la ville, en bordure du Berry. Attirer autant de monde, il faut le faire ! Pas si loin, à Clermont-Ferrand, Macron a défendu l'ENA, et c'est bien à entendre, parce que j'en ai assez de tous ces démagogues et populistes qui prétendent vouloir supprimer une école remarquable, prestigieuse, qui est l'honneur de la France dans le monde. Et par quoi veulent-ils la remplacer ? Cette haine de soi, ce rejet de nos élites sont particulièrement inquiétants. Non pas que Macron ne veuille pas réformer cette institution : au contraire, il propose d'élargir son recrutement, de revoir les règles de son concours. Mais la détruire, non ! Les conformistes ne viennent pas majoritairement de là, et Emmanuel Macron en est la preuve.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout est bon dans le cochon, aussi. Un sondage c'est comme une hirondelle cela ne fait pas un printemps. Si les sondages faisaient les élections alors Rocard, Berre, Delors et Balladur auraient eu un destin national. En 1995 à pareille époque Balladur surfait à 29% d'opinions favorables, on sait ce qu'il en est devenu. Comme le dit le sondeur Jérôme Sainte-Marie dans une interview la popularité de Macron est normale dans la mesure où les couches sociales qui lui sont le moins favorable ne s'intéressent pas encore à la campagne électorale. Elles ne sont pas entrées dans le vif du sujet. Il est normal que le candidat des banques et du patronat et des médias soit "populaire".
Il est vrai que la clivage droite/gauche s'est relativisé parce que la gauche dite raisonnable comme vous l'aimez fait la même politique que la droite. Tout son programme est identique à celui de la droite, la seule différence est la brutalité en moins. C'est bien pour cela que les électeurs peuvent préférer l'original à la copie ou s'abstenir de voter parce qu'ils ne trouvent pas d'offre politique correspondant à leur souhait.

Anonyme a dit…

on veut Macron; sinon, rien !

Philippe a dit…

Si vous avez une réticence, une espèce de honte, à évoquer votre vote car il est stigmatisé ... populiste ou Mélenchon ou FN
Si vous avez décidé d'embrouiller ceux qui vous font ... lors du repas du midi
Si vous considérez que ne pas répondre va faire imaginer le pire ...
Vous allez répondre à l'enquiquineur "je pense à Macron"le gendre parfait
Ceux qui ont suivi sur le terrain les votes Brexit et Trump évoquent cette possibilité pour expliquer des distorsions constatées entre sondages avant ou sortie des urnes et le vote réel dans l’anonymat.

Le futur a dit…

J'ai peur qu'il n'obtienne pas les 500 signatures...

Philippe a dit…

Une nouvelle qui en dit long sur la décadence de l’esprit démocratique … en France.
E.Macron « a déjà les législatives en ligne de mire. Lui qui veut rassembler au-delà du clivage droite-gauche mise sur l'investiture de 577 macronistes, dont il s'assurera lui-même de la loyauté. » 
Il va choisir « lui même « ».
Cet OPNI « objet politique non identifié » embryonnaire est déjà dans le despotisme et le pouvoir personnel … et l’on critique l’horrifique famille Le Pen …
M.Onfray a raison de parler de société décadente mais comme lui j’y suis très bien car on y rigole !

M M a dit…

"et je ne sais pas ce que deviendra le Parti socialiste"...
On se pincerait bien pour savoir si on rêve ou non...
Quoi, un aussi "bon" socialiste depuis au moins trois lustres, qui paraît se f... comme de l'an quarante de la disparition comme de la survie du parti socialiste ?
"Tout fout l'camp" chantait jadis Marcel Mouloudji.

Erwan Blesbois a dit…

Aujourd'hui plus personne n'est effectivement prêt à sacrifier quoi que ce soit pour sauver notre civilisation décadente. Cette dernière est composée essentiellement de jouisseurs décérébrés, de voyeurs cyniques et de victimes (peuple "sans-dents", chômeurs, pauvres, SDF : les bouc-émissaires de l'innovation). Or un héros, un "sauveur", c'est quelqu'un qui sublime sa condition de victime pour sauver le reste de sa communauté, à l'instar d'une Jeanne d'Arc par exemple. On trouve aujourd'hui ce profil chez les jihadistes, mais chez aucun Occidental. Au contraire lorsque ce genre de profil émerge éventuellement chez un Occidental, on le fuit comme la peste, et son isolement le transforme fatalement en pestiféré du point de vue de "l'épanouissement psychologique", tant vanté par tous les médias et les progressistes de tous bords (dont Macron est un archétype caractéristique, au service duquel notre ami philosophe au capital symbolique très local, s'est soumis), et qui constitue aussi l'héritage symbolique de "papa" Freud.
Nous sommes devenus pour certains, légers futiles et dérisoires comme des bulles de champagne pour ce qui est des bobos, une minorité au fond.
Il suffira d'une chiquenaude pour faire s'effondrer une civilisation aussi pourrie et vermoulue par notamment 300 ans de libéralisme, donc d'individualisation, sur laquelle est venue s'ajouter environ un siècle d'individualisation et d'incitation à "l'épanouissement personnel" (au détriment toujours de l'Autre, dont on se fout désormais), prônée par la psychologisation de la société inspirée de Freud.
Nous formons désormais une société atomisée, où un groupe décidé et uni par des valeurs communes n'aura pas à faire beaucoup d'efforts pour s'emparer de l'autorité sur le reste de la population désunie. C'est déjà le cas avec la constitution d'une hyper classe richissime, au service de laquelle tout ce qu'il y a de capital symbolique en Occident s'accorde globalement, sauf rares exceptions.
Les Occidentaux au fond n'auront que ce qu'ils "méritent", et honnêtement ils ne "méritent" pas notre compassion. J'ai évidemment personnellement de profonds regrets pour mes enfants et les enfants en général qui naissent innocents de tous nos crimes passés, de leur laisser le monde dans cet état pitoyable. Comme les disait Nietzsche "périssent les faibles et les ratés" que nous sommes désormais tous collectivement devenus, par égoïsme et par servitude volontaire aux valeurs de l'oligarchie capitaliste, qui elle constitue réellement l'aristocratie féroce et futile en même temps, car pipolisée et déculturée globalement de notre époque, et dont le trait caractéristique est la profonde absurdité bête et méchante. Et là où cela devient "tragique" (mais pas au sens du sublime propre aux Grecs), c'est quand cette absurdité bête et méchante débouche effectivement sur la cruauté et l'oppression d'une minorité sur la majorité qui se fait le plus souvent au nom du soi-disant progressisme, tant vanté par Emmanuel Mousset. Mais qu'importe puisqu'il y a constitution d'une aristocratie aussi vulgaire soit-elle, et que c'est ce qui fournit matière à admiration pour notre ami philosophe à la notoriété très locale.