jeudi 12 janvier 2017

Nous sommes des souverainistes européens



Le discours d'Emmanuel Macron à Berlin représente une étape importante dans l'annonce progressive de son projet. Il a défendu l'Europe, avec panache, comme il sait si bien le faire. Mais a-t-on bien entendu son message, ce qu'il a d'original ? Défendre l'Europe, ce n'est plus trop à la mode. Le conformisme ambiant, déjà ancien, pousse plutôt à la dénigrer, quand ce n'est pas à la rejeter. Le concept saillant dans l'intervention de Macron, c'est celui de "souveraineté européenne".

Quel mot magnifique que celui de "souveraineté" ! Il renvoie à la République, à la Révolution française : la souveraineté populaire, qui a remplacé le souverain couronné, de chair et d'os. Mais le mot a été sali, et même trahi : qui sont aujourd'hui les "souverainistes" ? Quand un néologisme apparaît, il faut toujours s'inquiéter et s'interroger. Ceux qui s'affublent de ce nom sont en réalité des "nationalistes" : ils viennent ou se rapprochent de l'extrême droite. Comme nous sommes loin de la Révolution et de la République !

Le génie politique d'Emmanuel Macron est d'avoir repris et relevé, à Berlin, le drapeau de la "souveraineté", à terre ou bafoué. En le brandissant, il lui a donné un sens nouveau, actuel, moderne, progressiste : la "souveraineté européenne". Car ce qui manque à l'Europe, ce qui alimente les doutes et les craintes, c'est bien ça : l'Europe n'est pas assez "souveraine" (elle l'est même très peu). Dans cette perspective, Macron propose de renforcer son "bouclier militaire", de renforcer le contrôle aux frontières (ce sont là, en effet, les prérogatives de la souveraineté, qui bien sûr ne se limite pas à ça).

Pour l'instant, dans le débat des présidentielles qui ne fait que commencer, Emmanuel Macron est le plus européen des candidats. Un signe qui ne trompe pas : les drapeaux européens, dans ses meetings, font jeu égal avec les drapeaux tricolores. Quel autre candidat oserait ? Macron nous sort enfin des sophismes et oxymores qui troublent le discours européen. Quand Arnaud Montebourg dit qu'il veut plus de nation et plus d'Europe, ça ne veut rien dire, c'est contradictoire. Même un grand Européen que j'admire beaucoup, Jacques Delors, a été maladroit quand il a parlé, autrefois, d'une "Europe fédérale des Etats-nations".

Je pense que le concept de "fédéralisme" est dépassé, inapproprié. Il n'aurait jamais dû être employé, tant il se rapporte à d'autres réalités géopolitiques, telles que les Etats-Unis d'Amérique. Non, c'est la souveraineté pleine et entière qui importe et qui est à construire. A En Marche ! nous pouvons le proclamer fièrement : nous sommes des souverainistes, oui, mais des souverainistes européens. Il faut reprendre à l'adversaire ses termes, et les élever, leur donner un sens noble, en faire quelque chose de défendable.

18 commentaires:

Philippe a dit…

L'homme qui a susurré au Président F.Hollande de s’écarter des valeurs de la gauche « je ne suis ni de droite ni de gauche » a trahi, après l'avoir mal conseillé, son bienfaiteur.
Il donne maintenant des leçons de souverainisme … bancaire ! retour d’une Banque de France libre de prêter pour financer des projets français ?
Si j’étais socialiste je dirais la même chose que A.Hidalgo :
http://actu.orange.fr/france/primaire-de-la-gauche-anne-hidalgo-denonce-l-immense-gachis-du-quinquennat-CNT000000B6HXH.html

Emmanuel Mousset a dit…

1- Macron n'a jamais défendu le "ni droite ni gauche".

2- Il ne donne pas des leçons mais une opinion : sa souveraineté n'est pas bancaire mais politique.

3- Hidalgo dénonce aujourd'hui ce qu'elle a auparavant soutenu. Je ne crois pas que ce soit un exemple à suivre.

Anonyme a dit…

Il est significatif qu'Emmanuel Macron prononce un discours à Berlin sur l'UE, recueille des fonds à Londres pour sa campagne, en effet là sont ses vrais maitres. Comme le PS et toute la classe dirigeante il est favorable à une Europe sous la férule allemande et non une union d'états libres et égaux en droits. Cependant il est à rebours d'une tendance forte partout en Europe de rejet de cette Europe-là qui est rétrograde économiquement et socialement. Il ne lui reste plus qu'à aller à Washington pour faire un discours sur la défense "nationale" ou européenne, c'est encore là où se trouve l'un de ses maitres.
Il est amusant de voir un fédéraliste européen reprendre le concept de souveraineté pour l'affubler de l'adjectif européen alors qu'une souveraineté, une vraie, ne se partage pas. L'UE n'est qu'une tentative vouée actuellement à l'échec, en raison des contradictions et tares congénitales dont l'une d'entre elles est le déni des réalités politiques, historiques, sociales et culturelles des diverses composantes de cette union. Par cette dénégation lui et tous ses semblables sont les fourriers du populisme.

Emmanuel Mousset a dit…

"L'union d'Etats libres et égaux", ce n'est pas l'Europe.

Anonyme a dit…

Il est vrai que votre conception de l'Europe ressemble à celle qui eût cours entre 1940 et 1945: sous la férule allemande.

Emmanuel Mousset a dit…

Je crains que vous ne soyez excessif.

Anonyme a dit…

Entre les deux il n'y a qu'une différence de forme mais pas de fonds: il s'agit de nouveau pour l'Allemagne d'exercer, pacifiquement, une domination sur toute l'Europe en comptant sur des élites post-nationales voire anti-nationales ou anti-patriotiques de notre pays dont le sémillant Macron n'est que l'un des représentants. Dans ces conditions l'Allemagne aurait tort de se gêner.

Philippe a dit…

Hélas tout cela n'est que baratin car :
Marine Le Pen n'a qu'à attendre.
Sa base électorale augmente d'année en année !
Il y a de plus en plus de déclassés voire pauvres en France et de plus en plus de sans papiers faisant la plonge dans le restaurants des macronistes, les hors sol des grandes villes (en dehors des sempiternels suiveurs qui croient être cooptés en cirant les pompes).
Vanité .....

Emmanuel Mousset a dit…

N'insultez pas les pauvres : ils ne sont pas les racistes que vous croyez.

Anonyme a dit…

Vous n'avez plus que la langue de bois , quelle dérive depuis vos débuts sincères et profonds .. C'est vrai suivre MACRON pour un homme qui doit réfléchir avec nous pour un avenir meilleur , c'est faire le mouton qui dévale la falaise et meurt dans les flots sans avoir compris son triste destin ...

Philippe a dit…

Macron vient de sous entendre que les chtimis du bassin minier sont alccolo après avoir qualifié des ouvrières bretonnes d’illettrées quand il était ministre de Hollande.
J’en suis originaire et dans ma famille il y a eu plus de silicosés que d’alcooliques …
La bêtise est une valeur sûre malheureusement pour le personnage non cotée à la bourse de la City.

Emmanuel Mousset a dit…

Votre commentaire est joli, poétique, à défaut d'être vraiment politique.

Emmanuel Mousset a dit…

La précédente réponse s'adressait bien sûr à l'anonyme. Quant à vous, Philippe, vérifiez bien s'il n'y a pas d'antécédents avinés dans votre famille, pour tenir un tel propos sur Macron, qui échappe à la raison. Sa dénonciation de l'illettrisme chez les ouvrières bretonnes est peut-être dans votre tête, mais c'est une réalité sociale à combattre.

Philippe a dit…

" bien s'il n'y a pas d'antécédents avinés dans votre famille"
C’est sans doute exact statistiquement comme dans celles des Macron, Trogneux, Mousset
C'est le coût et la qualité des breuvages qui change selon le compte bancaire ... champagne pour les uns gros rouge pour les autres.
Dans la même veine, un bourgeois se grise, un gueux se saoule.
Au niveau anatomopathologique le résultat est le même pour tous..

Emmanuel Mousset a dit…

Bon, je vous laisse dans votre délire.

Philippe a dit…

Les amours successifs pour des politiciens n'est-ce pas un peu délirant ou plutôt tic et toc ?

Anonyme a dit…

Je ne résiste pas au plaisir de citer cela : "Mais je sais aussi où en est l'Union européenne. Il n'est plus impensable qu'elle puisse éclater. Si cela devait arriver, nous serions maudits par nos enfants et petits-enfants. Parce que l'Allemagne est la ^plus grande bénéficiaire de la communauté européenne, d'un point de vue économique et politique".
Ce n'est pas moi qui le dit ni aucun souverainiste français mais le vice-chancelier Sigmar Gabriel, et social-démocrate.
Pour avis au "social-démocrate" et néolibéral Emmanuel Mousset, et ci-devant au service de l'Europe allemande comme son mentor Macron.
Cette Europe-là, la grande absente de tous les débats politiques de primaires de droite et du PS. Mélenchon ne cache pas de rompre avec cette Europe et ses traités mais aura-t-il le courage d'aller jusqu'au bout d'une telle démarche si jamais il était élu, ce dont je doute. Le cas grec a brisé ces certitudes européennes mais pas les vôtres.

Emmanuel Mousset a dit…

Ne vous sentez pas obligé de mettre "social-démocrate" entre guillemets.