jeudi 26 janvier 2017

Aile gauche et modernisme



A mon sens, Benoît Hamon a remporté hier soir le débat qui l'a opposé à Manuel Valls. Sauf grosse surprise, jamais totalement à exclure en politique, il sera le candidat socialiste à l'élection présidentielle. Que s'est-il passé hier ? Hamon était plus à l'aise, plus convaincant (même si, personnellement, je n'ai pas du tout été convaincu). Il dominait le débat. Valls n'était pas mal non plus, mais il ne dominait pas.

A l'évidence, Hamon est entré dans son personnage de candidat à la présidentielle. Bien meilleur que d'habitude, il bénéficie de cette grâce qui élève quand on est porté par une dynamique. Et puis, Valls se définissait trop par rapport à Hamon, à ses propositions, leur rendant ainsi une sorte d'hommage involontaire alors qu'il était au contraire censé les démonter. La preuve : Valls ne cessait de regarder Hamon, tandis que l'inverse était moins vrai.

D'où vient le succès incontestable de Benoît Hamon ? C'est qu'il incarne à la fois l'aile gauche du PS et un certain modernisme. L'aile gauche parce que son programme s'ancre de ce côté-là, mais pas l'aile gauche historique et farouche, les Filoche et Lienemann, qui ont rallié Arnaud Montebourg. Le modernisme parce que Hamon colle aux préoccupations actuelles à travers de nombreux points de son programme (je pense à la lutte contre le burn out, les perturbateurs endocriniens, les particules fines, tout ce fatras langagier qui charrie les fantasmes de notre époque et qui marche très fort auprès du public). Arnaud Montebourg, qui militait sur le même créneau de gauche, n'a pas mobilisé les foule avec son patriotisme économique un peu vieillot.

Bien sûr, Hamon ne sera jamais président de la République : son propos est d'un honnête niveau de secrétaire d'Etat compétent, mais ne va pas au-delà. Cependant, il marquera des points et surtout prendra la direction du Parti, réalisant ainsi une performance historique : pour la première fois, le Parti socialiste sera représenté et dirigé par l'aile gauche rassemblée. Mais sera-ce encore le Parti socialiste ? Sûrement pas ! Est-ce que j'irai pour autant voter Valls dimanche prochain ? Evidemment non. Pour le moment, je ne vote pas, je marche. Comme François Hollande et quelques autres, je resterai chez moi.

18 commentaires:

Anonyme a dit…


vous écrivez :"je pense ... les perturbateurs endocriniens, les particules fines, tout ce fatras langagier qui charrie les fantasmes de notre époque et qui marche très fort auprès du public" ah bon ? ça n'existe pas? vous avez donc rejoint le cercle des climatosceptiques ,vous y serez en bonne compagnie avec un tout nouveau président des USA; personne ne vous attendait à ce niveau
quant à votre jugement méprisant sur Benoit Hamon "juste bon à être sous-secrétaire d'état" de quelle légitimité pouvez vous vous prévaloir, vous qui n'avez jamais été fichu de remporter la moindre élection politique?
au fil de vos billets vous vous inscrivez de plus en plus dans la posture du "looser" permanent pour qui l'aigreur des propos et la condescendance tiennent lieu d'arguments

Le futur a dit…

Du coup vous allez quitter le P.S ?

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je n'ai qu'une légitimité, très précieuse en République : celle du libre citoyen qui donne son avis et ne demande pas que les autres le partagent (ni même ne le lisent, même si je vous remercie de le faire). Mais peut-être n'êtes-vous pas républicain ?

2- Envers Hamon, je me suis efforcé d'être, non pas méprisant, mais plutôt bienveillant, et même un peu au-dessus de ce qu'il mérite vraiment, car secrétaire d'Etat dans un gouvernement, ce n'est pas permis à n'importe qui, même pas à moi.


Au Futur : dimanche soir, quel que soit le résultat, il y aura deux PS. C'est vrai déjà depuis longtemps, mais jusqu'à présent, la clarification ne s'était jamais faite. Nous y sommes, et c'est heureux. J'appartiendrai à l'un des deux, vous devinez lequel.

Erwan Blesbois a dit…

C'est pourtant très simple, le modèle de l'innovation destructrice, c'est-à-dire du triptyque croissance/baisse des dépenses publiques/innovation est un mauvais modèle, duquel il est urgent de sortir. Puisqu'il faut désormais songer à un modèle de décroissance afin de préserver l'environnement et tout bonnement d'éviter la destruction de la planète désormais à très court terme.
Le programme de destruction de la planète est désormais enclenché par environ 400 ans de métaphysique occidentale et 300 ans de libéralisme économiques, qui reposent sur une surestimation de la liberté individuelle, qui aboutit in fine sur l'individualisme et désormais un genre de perversion narcissique généralisée, dont Macron notamment ne semble pas être épargné, et notre ami philosophe tombe toujours dans le panneau, car il est fasciné par ce type d'Homme aux egos surdimensionnés. DSK et maintenant Macron, beaucoup plus proches tous les deux du caractère de Mitterrand que de celui de Rocard.
Un réel socialisme serait fondé sur une conception de la conscience humaine comme reposant non pas sur la solitude du cogito, donc sur un genre d'individualisme exacerbé ; mais sur une conception de la conscience, comme se construisant par l'intersubjectivité, donc par le rapport à l'Autre, à l'altérité. Ceci en réaction aux dégâts du progressisme et de la liberté individuelle, propres aux bourgeois héritiers d'une interprétation à leur profit des valeurs de la Révolution française.
Hamon a eu raison de distinguer le faux problème de la dette financière laissée aux générations futures, du réel problème de la destruction de l'écosystème laissé en héritage à nos enfants. L'argent c'est une invention humaine, aujourd'hui le veau d'or, alors que notre réel patrimoine est la planète sur laquelle nous vivons. Quand elle sera détruite, sans retour possible, notre idole l'argent apparaîtra pour ce qu'elle est réellement : un substitut de notre caca au sens "propre" (si je puis m'exprimer ainsi).

Emmanuel Mousset a dit…

Tu peux être rigolo, quand tu le veux.

R a dit…

Rigolo ?
On peut se demander qui l'est.
L'intervention du 26 janvier à 19:45 a le mérite d'être claire et juste.
Toutes les inventions humaines peuvent bien disparaître, l'homme sans ses inventions et créations serait toujours un homme dans son intégrité actuelle.
Si l'ordre naturel des choses venait à être bouleversé, l'homme actuel serait soit forcé de s'adapter et donc de changer fondamentalement tel que cela s'est déjà produit par le passé aux moments des gigantesques catastrophes naturelles (éruptions volcaniques, glaciations...) et l'apparition de l'homo sapiens sapiens pour faire suite à ses prédécesseurs soit il disparaîtrait de notre globe.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous voyez loin.

Anonyme a dit…

Hamon est bien typique du parti socialiste dont la direction se conquiert par un discours de gauche et une pratique molle une fois au gouvernement. Cela s'appelle le molletisme. Tout "bon" dirigeant socialiste se doit d'y succomber, même Mitterrand le fît. Cela s'appelle même faire la même politique que la droite. En effet Benoît Hamon, comme Valls et tous les autres, reste comme la droite dans le cadre d'une mondialisation et Europe néolibérales.
Emmanuel Macron a adopté une posture anti-système alors qu'il n'en est que l'incarnation les plus aboutie, mais comme tous les autres, parce qu'il a compris, de façon opportuniste que "cela paie" électoralement par les temps qui courent.

Emmanuel Mousset a dit…

Bref, "tous les mêmes". Et ça vous conduit où ? Au FN ? Soyons précis.

Philippe a dit…

modernisme ou archéologie ?
Pardon si je heurte des sensibilités.
Comme quelques uns j’ai commencé à suivre le débat puis je suis allé ailleurs après qq minutes (15 à 20 )………… absolument sans aucun intérêt …….
Il faut dire que suis un peu déphasé, même beaucoup.
Je suis la trajectoire de la fusée du sieur D.Trump.
Suivre un hyperactif de ce niveau d’hyperactivité a qq chose d’affolant pour un franchouillard.
C’est fou son activité professionnelle sur une seule journée et ses possibilités d’adaptation, hier, entre autres devant un Sénat attitude posée, conviviale beaucoup plus proche d’un Védrine que d’un JMLP !
Pour le suivre je croise ce qu’en disent les journaux mainstream français (Le Monde, Le Figaro), les journaux en français étrangers type RT (ex Russia Today), les journaux web alternatifs (type TVlibertés) … et bien sûr très important lui-même sur son compte twitter … ce qu’il trahit de lui …. (https://twitter.com/realDonaldTrump) ……….. et mes nombreux cousins US sur leurs comptes facebook … çà occupe une personne âgée !!! (je le conseille à Erwan çà lui évitera de déprimer, il n’aura plus le temps)
Ce qui rassemble les supporters de Trump est le patriotisme se déclinant finalement dans tous les domaines de l’activité et de l’action sociale.
Pour l’heure les points de friction qui apparaîtront sont très à l’arrière plan de cet affect « le patriotisme » !
Même pour la torture il aurait 64 % des citoyens derrière lui … il vient semble-t-il de permettre de réouvrir des prisons secrètes … j'évite certaines initiales dans mes mails !
Il en découle avec l’extérieur, avec les autres pays du Globe, une démarche très pragmatique, essentiellement contractuelle du donnant donnant.
Non pas dans le cadre d’usines à gaz type ALENA et autres OMC mais par domaines industriels en recherchant l’équilibre commercial avec le pays concerné.
Compte tenu de l’héritage, c’est à dire la puissance du complexe militaro-industriel fondant les USA depuis 1945, ce New Deal 2017 à la Trump va forcément avoir des répercussions sur nos pays vieillissants et en fin de vie.
Un tel pragmatisme va bousculer nos champions du baratin type parlottes des grands oraux de l’ENA.
Nos pauvres pays européens vont souffrir avec les dirigeants qu’ils ont en stock !
J’attends sans impatience ! qu’il s’occupe de notre cas … il a déjà dit ce qu’il pense de Merckel et du pays de ses grand-parents paternels, çà promet pour les autres !

Anonyme a dit…

Mais non, Monsieur Mousset ! Cela ne me conduit pas au FN comme le réflexe pavlovien que vous exprimez. C'est Mélenchon, le seul candidat de gauche ! Montebourg aurait pu l'être s'il avait été constant depuis la primaire de 2011.

Emmanuel Mousset a dit…

Ah ! excusez-moi. Reconnaissez qu'il y a parfois de quoi s'y tromper ...

Q a dit…

C'est Mélenchon, le seul candidat de gauche !
Au cas où les parrainages ne seraient pas instrumentalisés pour empêcher quelques candidatures venant troubler les pourcentages au premier tour et donc les qualifications pour le second tour, il y aura d'autres candidats à gauche.
Même si d'aucuns les qualifieront de témoignages.

Philippe a dit…

Faut pas hésiter la famille Le Pen et la famille Mélenchon sont concurrentes sur quasi la même clientèle … c’est à dire la France périphérique et de ceux qui s’y croient telle que décrite par Guilluy.
Ceci dit Macron, lui, est sur le créneau de la gentry (voir le même auteur) et de ceux qui s’y croient.
Les deux précédents pour se financer nous parlent de banques.
Macron motus sur le sujet du financement … bon les frais de bouche = insuffisants … attendons les autres boules puantes le concernant … il a tort de croire pouvoir y échapper !

P a dit…

"attendons les autres boules puantes le concernant"...
Est-ce lancer une boule puante que de dire des faits réels et incontestables ?
Ce qui gène c'est le moment où est lancée l'information que vous nommez boule puante.
Choisir son moment pour lancer une telle information pouvant déstabiliser quelqu'un n'étant pas de la désinformation, cela ressemble quand même à de la communication.
Et de la communication, on en a ras le bol !
Parce que la communication n'informe pas, elle tente de manipuler !

Emmanuel Mousset a dit…

Non, la communication est nécessaire en politique, et j'ai souvent reproché à ma gauche locale de mal ou de ne pas communiquer. Communiquer et désinformer, ce n'est évidemment pas la même chose.

P a dit…

Non, la communication est nécessaire en politique...
Ah ?
Comment vous pouvez prouver ça ?

Emmanuel Mousset a dit…

Je n'ai rien à prouver, c'est un constat, que seuls les aveugles ou les décérébrés ne voient pas.