mardi 12 juillet 2016

Macron, combien de divisions ?



A quelques heures du rassemblement à la Mutualité d'En Marche, le mouvement lancé par Emmanuel Macron, c'est la fameuse question de Staline que certains appliquent malicieusement au ministre de l'Economie : Le pape, combien de divisions ? Mais se poser la question, c'est souligner sa stupidité, puisque le communisme qui dominait militairement toute une partie du monde s'est effondré, alors que l'Eglise catholique et les confessions chrétiennes représentent encore aujourd'hui deux milliards de fidèles. C'est l'éternel clivage entre ceux qui croient aux rapports de forces et ceux qui croient en l'influence des idées. L'Histoire, depuis plusieurs millénaires, tranche pourtant en faveur des seconds.

Ce soir, ce n'est donc pas tant le nombre de présents dans la salle de la Mutualité qui sera déterminante, mais la force des idées qui en surgiront. Car la gauche, qui ne sait plus très bien où elle va, a besoin d'un cap, d'une direction. Ce n'est pas botter en touche que relativiser l'importance numérique en politique. Mais il faut lui accorder un rôle secondaire. Si nous sommes 2 000 marcheurs ce soir, ce sera très bien. Mais ce sera surtout le nombre des grands élus, députés, sénateurs, présidents de région et de département, maires de métropole qui retiendra l'attention.

Le choix de la Mutualité est tout un symbole. C'est un haut lieu parisien des rassemblements historiques de la gauche. La Mutu, c'est quelque chose, quand on est socialiste ! Devant le procès en identité politique qui lui est fait, Macron aura sûrement à cœur, ce soir, de rappeler son attachement à la gauche, même si sa démarche est libre, ouverte, nouvelle. Et puis, il y a les rumeurs insistantes qui prédisent son départ du gouvernement et sa candidature présidentielle. Quelle stupidité là-aussi ! Pourquoi voudriez-vous qu'Emmanuel Macron quitte une équipe avec laquelle il est en parfait accord, parce qu'il en inspire la politique ? Quand on est ministre de l'Economie et des Finances, on le reste, à moins d'être fou !

Mais la candidature à la présidentielle ? Macron en a envie et en donne envie. C'est normal et banal : quand on aime la politique, on veut exercer des responsabilités, et quand on est au plus haut niveau, on aspire à exercer la plus haute responsabilité. Mais il ne faut pas confondre la responsabilité et l'ambition. A mes yeux, Macron est trop un homme d'idées pour être un pur et simple ambition. S'il l'était, il n'agirait pas comme il le fait. Le véritable ambitieux est prudent, retors et silencieux : ce n'est pas le tempérament de Macron ! L'ambitieux veut une place, n'importe quelle place, à n'importe quel prix, y compris en trahissant ses propres idées : ce n'est pas Macron. Etre candidat à la présidentielle parce qu'il ne penserait qu'à ça, ce n'est pas le genre du bonhomme.

Enfin, il y a la loyauté, cette vertu si rare en politique, où le reniement pour un plat de lentilles est monnaie courante. Emmanuel Macron, même s'il se distingue sur certains points (et c'est légitime) de François Hollande et de Manuel Valls, leur sera loyal, j'en suis persuadé. Il fait partie d'une équipe, il fait entendre sa différence, ça ne peut qu'être profitable à tous, en premier lieu au chef de l'Etat, qui aura besoin de rassembler bien au-delà de son camp en vue d'une nouvelle candidature. Macron ne s'opposera pas à lui, j'en suis persuadé. Simplement, le ministre se prépare : au cas où Hollande ne se représenterait pas, alors oui, la social-démocratie aurait certainement en Emmanuel Macron son meilleur représentant.

3 commentaires:

Philippe a dit…

Macron sans structure établie pouvant le financer et le soutenir est voué au sort les bulles médiatiques …
Les machines à élire se concentrent dans les partis existants.
Son seul espoir serait d'être adouber par le biais d'une primaire.
Dans ce cas il pourrait être financé.
Mais il est douteux qu'il soit alors soutenu par les autres membres importants du parti qui ne mouilleront pas leur chemise pour lui et distilleront plutôt des boules puantes.
On peut d'ailleurs faire une analyse assez proche, avec quelques nuances, pour le FN qui joue malgré lui un rôle d’épouvantail à gogos.

Philippe a dit…

Je pensais que la première boule puante serait de gauche ...
mea culpa .. de droite !
ici : http://actu.orange.fr/politique/financement-d-en-marche-un-depute-lr-saisit-la-commission-des-comptes-de-campagne-CNT000000r9WOn.html

B a dit…

"Car la gauche, qui ne sait plus très bien où elle va, a besoin d'un cap, d'une direction."
...
Mais c'est un problème, ça !
E Macron a situé son registre, ni à droite, ni à gauche...
Or E Mousset, lui, se proclame de gauche...
Qu'est-il parti faire au palais de la Mutualité ?
Ou E Mousset n'est plus à gauche (ni à droite d'ailleurs) et il peut aller où il veut avec son mentor financier...
Ou E Mousset est toujours à gauche et il se trompe en suivant l'ex fondé de pouvoir de la grande banque.
Mais relativisons, il y a bien plus important pour les être humains et en particulier vivre tout simplement.