mercredi 27 juillet 2016

Assassins et martyrs



Le meurtre de Saint-Etienne-du-Rouvray a suscité dans la presse écrite de plus gros titres que le massacre de Nice. On comprend bien pourquoi : un vieux prêtre égorgé dans un village tranquille, pendant sa messe, est d'une symbolique qui frappe les esprits, même si une petite minorité de Français fréquentent aujourd'hui l'Eglise. Nous avons assisté à un double sacrifice : celui de la liturgie chrétienne, qui célèbre le Bien et la vie (puisque la messe est une cérémonie sacrificielle), celui des tueurs, qui ont eux aussi procédé à un sacrifice, en une sorte de rituel au service cette fois du Mal, de la mort (dont on ne trouve aucune justification à la lecture du Coran). Tout crime est horrible. Mais quand la symbolique s'en mêle, le traumatisme est d'autant plus grand.

Ce qui était également frappant, mais en positif, c'est la réaction des hommes d'Eglise hier, calmes, ne cédant à aucune sentimentalité compassionnelle, sans pleurs, presque impassibles devant l'horreur, pour justement ne pas lui donner prise, ne pas en rajouter et l'augmenter. Les prêtres tiennent des propos qui ne sont plus les nôtres, qui tranchent avec l'époque, qui en viendraient presque à nous étonner. Ils ne cherchent pas à "comprendre" : eux savent, depuis très longtemps, que le mal est à l'œuvre dans le monde. Ils ne s'effondrent pas en larmes, parce qu'ils ont une espérance. Qu'on soit croyant ou non, il est bon d'entendre ces réactions inhabituelles.

A propos des islamistes et de leur sacrifice (de leur vie et de celle des autres), on emploie assez souvent le nom de "martyr", qui est pourtant faux. Le martyr au sens chrétien est quelqu'un qui meurt dans la défense de sa foi, mais sans jamais faire périr autrui. Le martyr au sens commun (l'enfant martyr) désigne la victime innocente d'un traitement cruel. L'islamiste radical ne correspond pas évidemment pas à l'une ou à l'autre de ces définitions. Il n'est pas un martyr, en aucun sens du mot, ni non plus le combattant d'une armée : c'est un assassin, au sens étymologique et historique.

Le mot d'assassin remonte à une secte chiite, mystique et criminel, suicidaire et nihiliste, au XIe siècle, dont les membres étaient entièrement soumis à leur chef, qui les envoyait tuer tous ceux qui ne partageaient pas leur fanatisme. Assassin aurait pour racine haschisch, les tueurs absorbant cette substance hallucinogène pour avoir des visions paradisiaques et se donner la force de commettre leurs crimes. Les siècles ont passé, le contexte a changé, les protagonistes ne sont plus les mêmes, mais quelque chose reste : la folie de faire le mal au nom du bien, dans une sorte d'état second qui est celui de la violence et de la haine.

1 commentaire:

Philippe a dit…

E.M. dit :
"Assassin aurait pour racine haschisch, les tueurs absorbant cette substance hallucinogène pour avoir des visions paradisiaques et se donner la force de commettre leurs crimes."
Nos tueurs actuels se bourrent de captagon ... encore plus pratique et efficace que le haschisch.
Une très bonne doc ici :
http://www.vanityfair.fr/actualites/international/articles/le-captagon-la-pilule-qui-rend-fou/32789