jeudi 14 juillet 2016

Fête nationale



La célébration du 14-juillet est l'occasion d'un petit rappel de notre liturgie républicaine. Elle a sa formule (liberté-égalité-fraternité), sa bible (la Déclaration des droits de l'homme), son visage (le buste de Marianne), ses couleurs (bleu, blanc, rouge) et sa fête, aujourd'hui, la commémoration de la prise de la Bastille ou de la fête de la Fédération. Notre 14-juillet célèbre l'armée, la nation et la République.

Un rituel n'est rien par lui-même. Il lui faut un sens, puisqu'il est symbolique. La devise de la République est la meilleure entrée. Liberté : la République en donne et en veut le plus possible, dans le cadre de la loi. En République, on pense ce qu'on veut, on fait et on s'habille comme on veut. Ce régime va si loin dans l'amour de la liberté qu'il donne à ses ennemis, les antirépublicains (plus nombreux qu'on ne croit, même s'ils ne sont pas forcément déclarés), le droit de s'exprimer, comme l'amour chrétien va si loin qu'il demande d'aimer nos ennemis.

L'égalité interdit, en République, les distinctions d'origine, de race, de religion, ce qu'on appelle aujourd'hui discriminations. Dans ce régime, nous sommes tous citoyens. L'autre nom de l'égalité, c'est la justice. De là, nous en venons à la fraternité, qui est sans doute, des trois, la notion la plus compliquée, comme le Saint Esprit dans la Trinité chrétienne. Non seulement la République fait de nous des citoyens, mais aussi et surtout des frères. Qui dit frères dit père : c'est l'idée de patrie, de communauté nationale qui est derrière l'idée de fraternité. C'est beaucoup plus fort que la simple solidarité : la fraternité, c'est ce qui nous unit dans une même société.

Le légitime et nécessaire patriotisme, qui fait que nos rues et monuments sont couverts de drapeaux tricolores aujourd'hui, n'est pas à confondre avec le détestable nationalisme, qui est l'exact contraire de la République. Pour trois raisons :

1- le nationalisme fait de la France un absolu, une sorte d'idole, qui vaut pour elle-même, alors que la France n'est défendable que si elle est une République. La France pétainiste, par exemple, est exécrable et condamnable. Au dessus de la France, il y aura toujours la République. C'est pourquoi nous nous exclamons : "Vive la France ! Vive la République !" et pas l'inverse.

2- le nationalisme est autoritaire (contraire à la liberté) et exclusif (contraire à l'égalité). Il unit les hommes par le sang, distingue les bons et les mauvais Français (les "Français de papier", comme dit le FN). La République est accueillante et généreuse, dans la mesure de ses moyens. Elle considère à égalité ses fils naturels et ses fils adoptifs.

3- le nationalisme raisonne et réagit en termes de territoire et de frontière. Après le sang, il croit en la terre, se replie sur le pré carré national, ignore le reste du monde, déteste le cosmopolitisme et la mondialisation. Les valeurs de la République, elles, sont universelles. Elles s'adressent à toute l'humanité, elles valent dans n'importe quel coin du monde. La République ne craint pas de construire audacieusement l'Europe, de transcender l'Etat-nation, qui n'est que la figure politique d'un moment historique.


En ce 14 juillet, honneur à la nation et à son armée ! A bas le nationalisme ! Vive la République !

5 commentaires:

Philippe a dit…

A nation, patrie (pays des pères) je préférerais le mot « matrie » pays des mères voire selon le sens plus large donné par un écrivain « pays de la culture » pour la France « pays de la culture française ».
Mère patrie offre un mélange curieux par rapport à l’étymologie : la mère du pays des pères !
La francophonie est-elle notre nation ?

Maxime a dit…

Votre billet sonne aussi creux à mes oreilles que le discours de Mme le Maire ce midi.

Vous avez tout faux. La France ce n'est pas ce régime que vous appelez "République", ni même quelques principes comme la Déclaration des droits de l'homme. Non! Qu'est-ce qui fait la France? Et bien c'est très simple. La France, comme toute Nation, c'est: un peuple (le peuple français, protégé par l'armée française), un pays (une aire géographique si vous préférez, en l'occurrence l'Hexagone) et une culture (la culture française). La France, elle a existé avant le régime actuel (ou alors, vous considérez que la France de Louis XIV n'était pas la France, ce qui serait risible). Elle existera après (car ne doutez pas que la République finira par mourir; on s'achemine tranquillement vers le stade terminal).

Être français ce n'est pas posséder un morceau de papier qui le prouve. Être français, c'est parler notre langue, pratiquer et aimer notre culture, connaître notre histoire et aimer notre sol. Vous allez me dire que ce sont là les idées des fascistes. Dans ce cas, je suis fasciste. Quoi qu'il en soit, je suis français avant d'être républicain. Et je suis fier de l'être chaque jour, et non pas pour le seul 14 juillet comme certains.

Quant aux valeurs de la République, elles me font ricaner, car ce ne sont que des mots vides de sens, que vous vénérez comme les Indiens leurs totems.

Cela étant, vive la France!

Philippe a dit…

Bernard Cazeneuve appelle tous les "Français patriotes qui le souhaitent" à rejoindre la réserve opérationnelle.
On peut donc être patriote français et ne plus être d'extrême droite ... c'est peut être provisoire et seulement .... quand Boboland (les oligarchies dirigeantes) a chaud au fesses.
Vous l'avez sans doute remarqué les sondages d'habitude hebdomadaires se sont fait brusquement très rares.

G a dit…

Vous écrivez qu'au dessus de la France, il y aura toujours la République. C'est pourquoi nous nous devons de dire : "Vive la France ! Vive la République !" et pas l'inverse.
Pour avoir encore en mémoire auditive les allocutions télévisées du premier président de la cinquième république, le général De Gaulle les concluait immanquablement par l'exclamation inversée justement : "Vive la République ! Vive la France !"
Qu'en conclure ?
Vous avez raison et le général n'était pas républicain ou vous vous trompez tout bonnement...

F a dit…

Il y en a qui interviennent sur des sujets en ne nommant pas les choses comme elles devraient l'être. Voir ce qu'en a dit Camus sur ce sujet de bien nommer les choses...
De la confusion des sens qu'ont les mots ne naît pas la clarté de pensée.
Etat, patrie, nation, régime, peuple... Ne mélangeons pas tout.
Qui en 2016 dirait qu'un breton n'est pas français ?
Qu'une niçoise n'est pas française ?
Qu'un réunionnais n'est pas français ?
Qui aurait dit cela, il y a trois siècles ? huit siècles ? un millénaire et demi ?
La France actuelle s'est façonnée au fil de l'histoire et cette histoire étant toujours en cours, la mondialisation aussi, est-il inenvisageable de prévoir qu'à terme les français seront un jour les "bretons", les "niçois" et les "réunionnais" du "monde terrestre" en gestation.