lundi 7 juillet 2014

Mon amie la finance



Michel Sapin a tenu hier des propos qui m'ont enchanté, avec cette formule, qu'il faut prendre aussi comme une boutade : "Mon amie, c'est la finance". Juste réplique au slogan lancé par le candidat François Hollande dans son discours du Bourget : "Mon adversaire, c'est la finance". Non pas que le ministre s'oppose au président de la République, dont il est l'un des meilleurs amis personnels et politiques ; mais il dénonce au contraire tous ceux, assez nombreux, qui utilisent cette formule pour la retourner contre Hollande, en le soupçonnant faussement de trahison.

Non, la phrase a été sortie de son contexte (méthode bien connue) et on lui fait dire autre chose que ce qu'elle a voulu dire (comme si le candidat socialiste avait été un révolutionnaire qui changerait désormais de cap !). On se souvient que le procédé n'est pas nouveau, qu'il alimente régulièrement l'antisocialisme primaire : on a connu la phrase volontairement tronquée de Michel Rocard, "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde", et celle de Lionel Jospin, également exploitée de manière malhonnête, "L'Etat ne peut pas tout". Ces petites polémiques ont souvent pour origine l'extrême gauche ; elles sont ensuite reprises et exploitées par la droite. Tout ce beau monde se met d'accord pour casser du socialo ! Ca coûte pas cher et ça peut éventuellement rapporter gros aux élections ...

Quand on est social-démocrate, réformiste, comme Hollande l'a toujours été, la finance n'est pas un adversaire, idée qui est un non sens, mais elle est un fait, une réalité, un élément de notre économie sur lequel il faut compter, avec lequel il faut agir. Retrancher la finance du marché, la combattre, ça ne veut rien dire, ou alors il faut prendre le maquis. Et pour ceux qui ont un peu de culture politique et historique, ils se souviennent que la dénonciation de la "finance internationale, apatride et cosmopolite", a toujours été l'apanage de l'extrême droite. Bravo donc à Michel Sapin, qui a retourné la formule au détriment de nos détracteurs et des manipulateurs : la finance, loin d'être une ennemie, est une "amie" ! A bon entendeur, salut !

1 commentaire:

Martine G a dit…

Comme je suis d'accord avec le détournement des "petites phrases" et de manipulation des informations par les médias et autres ! (lire "les mots sont importants" de Sylvie Tissot et Pierre Tevanian - période 2000/2010 - instructif et inquiétant)