mercredi 23 juillet 2014

La faucille et le keffieh



Pas facile en plein été de réussir une manif. L'heure est plus aux tongs et aux maillots de bain qu'aux banderoles et aux slogans. Mais l'actualité n'attend pas. C'est pourquoi la section du PCF de Saint-Quentin, en appelant en fin d'après-midi à un rassemblement devant la sous-préfecture pour protester contre la guerre dans la bande de Gaza, a plutôt réussi son coup (vignette 1, vue d'ensemble des manifestants). Et puis, France 3 et la presse locale étaient présents. Ce n'était bien sûr ni Barbès, ni Sarcelles, fort heureusement, mais les policiers étaient tout de même plus nombreux qu'à l'ordinaire pour ce genre de rassemblement totalement pacifique (7 ou 8 fonctionnaires en uniforme).

Plusieurs drapeaux rouges marqués de la faucille et du marteau, mais pas de drapeau palestinien : l'origine de l'initiative ne laissait aucun doute. Même si les communistes de Saint-Quentin ont inscrit leur action dans le cadre du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, aucune organisation, autre que communiste, n'était représentée, ce qui limite la démarche, malgré son succès d'estime. A noter la présence du premier secrétaire fédéral du PCF, Benoît Roger, au côté de Corinne Bécourt, secrétaire de section, et d'Aurélien Jan, membre du bureau (vignette 2, où l'on remarque aussi que l'engagement communiste n'attend pas au nombre des années). A noter également la participation des militants du Front de gauche, avec en tête Guy Fontaine, ce qui n'est pas innocent, quand on sait les vives tensions qui existent entre les deux sections (vignette 3, à gauche). Une délégation, à laquelle s'est joint Jean-Luc Tournay, a été reçue en sous-préfecture (vignette 4).

J'ai tenu à être présent, parce que rien de ce qui se fait à gauche dans Saint-Quentin ne m'est indifférent. Mais je ne suis pas du tout sur la ligne des signataires de la lettre au sous-préfet, unilatéralement pro-palestinienne. Pourquoi pas, mais ce n'est pas mon choix : je comprends que les images de la guerre, des bombardements, des victimes civiles appellent à une réaction d'indignation ; mais la souffrance et le malheur frappent les deux camps. C'est la solution politique, diplomatique, forcément équilibrée, sans parti pris préalable, qui a ma préférence. De même, je ne peux pas me ranger derrière des propos qui critiquent violemment le gouvernement français, en ces termes : "le président François Hollande est même allé jusqu'à cautionner l'agression d'Israël contre la population de Gaza en déclarant, lors de son entretien téléphonique avec Benjamin Netanyahou le 9 juillet dernier, qu'il appartenait au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger la population face aux menaces" (j'ai cité in extenso, pour que chacun se fasse son opinion).

Je reconnais cependant aux communistes de Saint-Quentin leur précaution à se prémunir de tout dérapage antisémite (parfois, entre antisionisme et antisémitisme, la frontière est très fragile), en précisant dans leur appel à manifester : "la cause palestinienne n'a rien à voir avec l'extrême droite et n'accepte aucun soutien de leur part". Je leur sais gré de ce rappel. Comme je ne peux que saluer le mérite d'une telle initiative, quelles que soient les réserves que je viens d'exprimer, quand tant d'autres, entre coquillages et crustacés, ne lèvent pas le moindre petit orteil, allongés qu'ils sont sur d'heureuses plages, à l'abri des malheurs du monde.

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