jeudi 17 juillet 2014

L'homme qui veut être président



Emission cette semaine sur Public Sénat, interview aujourd'hui dans Libération, Xavier Bertrand a compris qu'on ne communiquait jamais aussi bien que pendant les vacances, quand l'actualité est creuse et les Français disponibles. Il peaufine son image de présidentiable, rappelant à plusieurs reprises, dans le quotidien, qu'il est de Saint-Quentin, son image de marque. Mais surtout, Bertrand fait un retour aux sources : "séguiniste", voilà sa famille. Sarkozy, c'est fini ! A tel point que Libé le présente comme un candidat "hors système".

Le mot de gaulliste n'est pas prononcé, mais on sent qu'on n'en est pas très loin. Ses propositions l'attestent : une UMP vraiment "populaire", le recours au référendum, la critique de la technocratie. Et si on le poussait un peu, il ne serait pas loin de se dire gaulliste de gauche (une espèce assez rare mais qui a connu ses heures de gloire) ! Xavier Bertrand refuse toute compromission avec l'extrême droite, dénonce l'ultralibéralisme, condamne "la course au fric" dans les campagnes électorales, veut changer les statuts de la banque centrale européenne. Il n'est pas encore prêt à prendre sa carte au NPA, mais la direction est plus dans ce sens que dans l'autre.

Même la petite polémique autour de son séjour familial à Center Parcs, au financement contesté, se retourne en sa faveur. D'abord, parce qu'elle prouve qu'il est un homme important, puisqu'on lui cherche des noises. Ensuite, parce que chipoter pour quelques centaines d'euros affectées à sa sécurité alors que l'affaire Bygmalion brasse des millions en toute irrégularité, c'est assez dérisoire. Et puis, aller à Center Parcs quand on est le chef de l'UMP, c'est un brevet de bonne conduite, quand vos petits camarades se paient des vacances dans des hôtels de luxe à l'étranger.

Il paraît que les sarkozystes veulent la peau de Xavier Bertrand et que les copéistes jouent à domicile contre lui, Jérôme Lavrilleux en tête. Je n'en sais rien, mais je crois que ces attaques et complots, réels ou présumés, ne peuvent que renforcer l'image que le présidentiable veut se donner. Si Xavier Bertrand devait trébucher, ce ne serait que par le local et par la gauche : Saint-Quentin l'a fait roi, seul Saint-Quentin peut le détrôner. La gauche du cru est-elle en capacité de le battre un jour ou l'autre ? Toute la question est là. Ce ne pourra être que l'aboutissement d'un travail de longue haleine, sur le terrain.

Je prends deux exemples récents, complètement différents : le rapport de l'INSEE sur la situation économique locale, la programmation culturelle de la Ville. Il y a là du grain à moudre pour une gauche sérieuse, ambitieuse, qui en veut, qui fait avec détermination son travail d'opposition. Mais en veut-elle, notre gauche locale ? A-t-elle la rage de vaincre ? Réponse dans les prochaines semaines, les prochains mois, les prochaines années. Xavier Bertrand, de son côté, en veut, c'est certain : être président de la République, carrément. Il faut que la gauche saint-quentinoise soit à cette hauteur-là, joue dans cette catégorie supérieure. En vouloir ou pas, toute la politique se résume à ça. Bon courage, bonne chance.

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