mercredi 11 janvier 2017

Revenu minimum universel



Le débat de la primaire socialiste a jusqu'à présent accouché d'une idée, à l'initiative de Benoit Hamon, qui fait réagir, que les autres candidats ne partagent pas. Mais c'est un peu étrange. D'abord, l'idée n'est pas nouvelle : elle date au moins d'une bonne vingtaine d'années. Ensuite, elle est étrangère à la tradition du socialisme réformiste, qui ne s'en est jamais emparé, qui ne l'a pas revendiquée. En effet, c'est un projet issu de la gauche alternative, radicale, antilibérale, pas de la social-démocratie (pas non plus de l'extrême gauche, qui ne l'a jamais portée).

Surtout, ce projet me semble indéfendable. Je passe sur son financement, astronomique, qu'aucun budget ne pourra supporter. C'est le principe que je conteste : verser environ 800 euros à tout le monde, pour leur assurer d'un minimum en quelque sorte vital, c'est privilégier une sotte égalité au détriment de la juste équité. Des millions de personnes dans notre société n'ont que faire de cette somme, soit parce qu'elles ont une vie correcte, soit parce qu'elles gagnent beaucoup d'argent. Leur en donner encore plus, c'est un singulier scandale, qui creuse encore plus les inégalités !

Au moins les pauvres, les gens modestes en tireront-ils quelque bénéfice ? Même pas ! Les très pauvres, oui, assurément, mais ils disposent aussi actuellement des minimas sociaux. Pour les autres, croit-on que vivre avec 800 euros par mois assure une vie décente, ouverte sur l'avenir ? Je ne crois vraiment pas. Les premiers concernés ne seront pas satisfaits, le reste de la population restera indifférente, ne se sentant pas concerné. Et puis, sait-on que ce revenu minimum universel, souvent défendu par la gauche antilibérale, convient parfaitement à la pensée libérale ? C'est la vieille idée d'un filet de sécurité pour les plus démunis, au-delà duquel la loi du marché et sa concurrence individuelle continuent à s'exercer de plus belle.

Cependant, je ne partage pas la critique de Manuel Valls, qui accuse cette proposition d'encourager "l'assistanat" et le "farniente" (sic). Voilà un argument bien droitier pour un candidat qui s'efforce de gauchir son image. Non, en socialiste, c'est l'emploi que je privilégie, et l'amélioration du pouvoir d'achat : pas ce revenu minimum universel, qui ne règle pas nos plus douloureux problèmes. Ceci dit, Benoît Hamon a le mérite de l'idée, on ne peut pas lui enlever cela. Nous verrons, dans le premier débat des primaires demain soir ce qu'il en fera, quels arguments il avancera, comment les autres candidats répondront. Après tout, je ne demande qu'à être convaincu. Mais ce ne sera pas facile. 

4 commentaires:

Go west a dit…

Le financement est une chose, le principe en est un autre.
Quand on veut, on peut !
Vous n'avez pas bien aiguillé le débat à mener sur ce coup là !
Il ne s'agit de rien d'autre que de savoir ce qu'on veut.
Cette idée est équivalente de celle de la redistribution toujours recommencée, lors de chaque naissance, lors de chaque acquisition de la citoyenneté nationale, des terres.
C'est un sujet qui vient du fond des siècles, qu'on a retrouvé lors de chaque guerre de conquête, de celle menée par l'Allemagne il n'y a guère à celle de la conquête de l'Ouest voire des conquistadors : le droit à la terre, le droit du sol.
Un sujet qui remet en cause la propriété foncière transmise héréditairement.
Personnellement, je ne vois pas ce qu'apporte au débat Monsieur Hamon en déterrant cette vieille idée mais il va faire le buzz comme on dit.
Ce qui compterait, c'est de donner de l'occupation à tous les citoyens, de l'occupation émancipatrice, du travail à tous ceux qui en demandent.
Aucun candidat ne veut ni ne peut s'avancer sur ce terrain là : combattre réellement le chômage de masse.
Alors, un succédané...
Pour faire parler, sans doute plus qu'autre chose...

Anonyme a dit…

Le revenu minimum universel, sous un bon sentiment fallacieux, consiste à entériner la situation actuelle d'une désindustrialisation alimentée par la soi-disant concurrence libre et non faussée d'une Europe ultralibérale. et d'un chômage et d'une pauvreté massive que les socialistes et le libéral droitier Macron entérine aussi.
Le vrai programme de gauche consiste à corriger les défauts du capitalisme et de faire en sorte que le maximum de gens aient un travail et un salaire décent ce qui est tout à fait possible dans un pays riche et puissant comme le nôtre. Pour cela il faut faire valoir le primat du Politique et que le social conditionne l'économique: à savoir que plus vous avez des gens au travail et décemment payés plus ils consomment et font tourner l'économie. Là nous sommes aux antipodes du projet Macron.

Emmanuel Mousset a dit…

Nous sommes d'accord, mais vous avez commis un lapsus à la fin, où vous vouliez dire : "... aux antipodes du projet Hamon".

T a dit…

"Le vrai programme de gauche consiste à corriger les défauts du capitalisme et de faire en sorte que le maximum de gens aient un travail et un salaire décent ce qui est tout à fait possible dans un pays riche et puissant comme le nôtre." ?

Le vrai programme de gauche consiste à être en mesure que tous les gens qui sont aptes à pouvoir travailler puissent, s'ils le veulent, gagner décemment leur vie et celle de leurs ayant-droit en étant soit entrepreneurs à leur compte soit salariés pour le comptes d'autrui ou des diverses collectivités existantes ou à créer. Que ce soit via le capitalisme et ses déclinaisons soit via d'autres systèmes économiques.