vendredi 20 janvier 2017

Macron les rend fous



Vous connaissez la formule d'Astérix : "Ils sont fous, ces Romains !" J'ai l'impression que c'est ce qui se passe en ce moment chez les socialistes, à l'évocation du nom de Macron. Hier soir, lors du dernier débat de la primaire, la question a été bizarrement tirée au sort entre les journalistes, comme s'ils redoutaient quelque chose. Ils n'ont pas eu tort : Emmanuel Macron affole les candidats, c'est certain. La plupart ont répondu dans l'irritation, avec ironie, qui sont des marques de faiblesse. Il parait que "plus on est de fous, plus on rit" : hier soir, c'était des ricanements ou des sourires en coin. Surtout, les candidats à la primaire se sont contredits : d'un côté, ils critiquent le leader d'En Marche ! (c'est leur droit), de l'autre, ils souhaitent le voir se rassembler auprès d'eux (c'est incohérent).

Vincent Peillon a été le plus venimeux et le plus contradictoire, moquant à la fois Macron et souhaitant son retour dans la "grande famille". Même pas peur de lui, puisque Peillon ne craint pas non plus Trump ou Poutine, établissant une drôle d'égalité entre les trois personnalités, en une sorte d'hommage involontaire à Macron, élevé ainsi dans la cour des grands.

Arnaud Montebourg n'a pas été en reste dans la hargne et le ressentiment. Il a d'abord reproché à Emmanuel Macron d'être "flou". Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage ; quand on veut discréditer un homme politique, on dit qu'il n'a pas de programme, ce qui fait l'économie d'un débat sérieux avec lui. Pourtant, d'autres candidats à la primaire ne se sont pas privés de critiquer certains propositions de Macron, preuve qu'il en a.

Benoit Hamon a été le plus drôle dans sa réplique. Il trouve Macron "pas inintéressant, mais vieux" (!). Il faudrait savoir : ce qui est intéressant, ce sont les idées neuves ; si Macron en a, ce que semble dire Hamon puisqu'il le trouve "pas inintéressant", c'est qu'il n'est pas "vieux". Et puis, vieux ou pas, peu importe : c'est la pertinence qui compte. Ne dit-on pas que "c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes" ? Bref, Benoit Hamon s'emberlificote.

Manuel Valls, dont on pouvait espérer que le sérieux le préserve de la folie, a été encore plus fou que tous les autres, en sortant carrément la théorie du complot : "Il y a des forces politiques, des forces de presse qui veulent empêcher cette primaire de se passer dans de bonnes conditions". Comprenez : si dimanche la participation est faible, si le gagnant part ainsi battu d'avance, ce sera la faute à Macron ! Valls valide avant l'heure sa défaite et désigne dès maintenant le bouc émissaire. Le pompon, c'est qu'il fait du Macron dans le texte, en souhaitant "rassembler la gauche et les Français mais pas avec des accords d'appareil". Ce sont exactement les propos d'Emmanuel Macron quelques heures auparavant (voir billet d'hier).

Sylvia Pinel, sur un mode plus adouci, a reproché à Macron de ne pas participer à la primaire, oubliant qu'elle aussi, Montebourg de même, avaient hésité à s'y engager. Ce n'est sans doute pas sans raisons. Et si finalement c'était Macron qui avait fait le choix le plus judicieux ? Et puis, c'est son droit le plus strict, commun avec Mélenchon, de ne pas vouloir s'associer à un processus de désignation qui ne leur convient pas.

François de Rugy aura été le plus honnête à l'égard d'Emmanuel Macron, le plus maître de lui dans son jugement, sans ironie, sans acrimonie, reconnaissant objectivement que la tentation de voter pour le candidat d'En Marche ! existe dans l'électorat, qu'elle correspond à un besoin de renouvellement, qu'il faut le prendre en compte, y réfléchir et ne pas le tourner en dérision. A la question de savoir si de Rugy pourrait se désister en faveur de Macron, il n'a pas voulu répondre. Il y a des silences qui sont plus éloquents qu'une parole.

"Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup". Arnaud Montebourg a étrangement repris cette formule d'Aubry contre Hollande ... pour la retourner contre Macron. Je dirais plutôt : "Quand c'est fou, c'est qu'il y a un loup". Celui-ci, c'est Macron dans la bergerie socialiste, qui n'est pourtant pas un grand méchant. Heureusement, la folie se soigne et même se guérit. En démocratie, le remède est radical : c'est le verdict des électeurs.

7 commentaires:

D C a dit…

Tout cet article encore pour de la politique politicienne : qu'est-ce que cette gueule a de moins bien ou de plus beau que celle de l'autre et de celles de tous les autres candidats ? Parlez-nous de politique économique et de politique sociétale, cher initiateur de ce point de convergence d'idées !
Parlez-nous de 32h, de 35h, de 39h...
De code du travail...
D'Europe...
De traités intercontinentaux...
Parlez-nous du miracle des levées de fonds d'état à taux microscopique auprès de banques et de l'abandon de mêmes levées de fonds auprès des citoyens par le truchement d'obligations comme dans le bon vieux temps.
Pourquoi les citoyens ne sont-ils associés aux efforts financiers étatiques que par des impôts et des taxes ou des prélèvements et plus par des souscriptions volontaires, citoyen Mousset ?

Anonyme a dit…

je ne sais pas si les idées de Macron sont jeunes ou vieilles. On peut aisément démontrer tout et son contraire d'ailleurs.
En tout cas on cherche désespérément une idée neuve dans votre billet. C'est vraiment de la vieille politique au niveau des guéguerres entre partis politiques.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Le billet d'aujourd'hui porte sur le débat d'hier. Les autres sujets, que vous mentionnés, ont déjà été traités sur ce blog, au long de ces dix dernières années.

2- Vous avez parfaitement raison : "on peut aisément démontrer tout et son contraire". Votre commentaire en est l'illustration.

Anonyme a dit…

Tous les sondeurs sont d'accord pour accorder à la gauche un potentiel électoral de 35% du corps électoral ce qui inclue environ 15% pour Mélenchon, donc reste 20% pour le candidat du PS et Macron. Ce dernier peut faire un score supérieur à 10% dans la mesure où il ratisse large vers le centre et la droite.

yvesgerin a dit…

Fierté,honneur de la France,laissons aux enseignants leur liberté,leur indépendance,ne leur imposons pas là servitudes des autorités ou servitudes bureaucratiques ou managériales.Que l'esprit de Nuit debout continue à les habiter et inspirer.Comme Mousset.

yvesgerin a dit…

Mousse t petit par la taille,grand par l'intelligence,immense par la parole.eagle 4(i gueule fort)

yvesgerin a dit…

Pas émoussé du tout le macron.Son supporter non plus.