mardi 31 janvier 2017

La troisième mort du PS



La désignation de Benoit Hamon comme candidat à la prochaine élection présidentielle ne signe pas la mort du Parti socialiste. Depuis sa création, la mort du PS a été régulièrement annoncée, jamais confirmée : depuis un siècle, le Parti socialiste est toujours vivant, et bien vivant. La démocratie ne peut que s'en réjouir. La disparition de l'une de ses composantes lui serait forcément préjudiciable. Dimanche soir, le PS n'est pas mort, mais un PS est mort, celui qui a été fondé à Epinay en 1971.

C'est d'ailleurs sans gravité : la vie, y compris politique, est faite de vie et de mort, de déclin et de renaissance. Pourquoi le PS échapperait-il à la règle ? L'histoire nous enseigne : le Parti socialiste est né en 1905, sous le nom de SFIO. Il meurt une première fois au congrès de Tours en 1920, quand sa majorité communiste le quitte pour créer le PCF. Il meurt une deuxième fois en 1969, quand la SFIO se saborde pour devenir Parti socialiste. La troisième mort, c'était avant hier, avec l'élection de Benoit Hamon.

Qu'est-ce qui est mort dimanche soir ? Une méthode qui agonisait depuis des années : la synthèse, en vertu de laquelle des personnes à peu près d'accord sur rien peuvent malgré tout se mettre d'accord en vue de conquérir le pouvoir, au prix de se diviser lorsqu'il s'agit de l'exercer. Le charisme de François Mitterrand et l'habileté de François Hollande ont permis à la synthèse de vivre de beaux jours. Maintenant, c'est terminé, c'est mort, comme disent les jeunes.

Déjà, par le passé, Jean-Pierre Chevènement et Jean-Luc Mélenchon l'avaient compris : la synthèse est impossible, fallacieuse et, au final, désespérante. Ces représentants de l'aile gauche ont quitté le Parti. En 2005, les partisans et les opposants à l'Europe sont restés ensemble, tout en faisant des campagnes opposées : le ver était dans le fruit. Oui, Manuel Valls avait raison : il y a deux gauches "irréconciliables", ce n'est pas un drame, chacune est respectable, mais le citoyen doit savoir pour quoi il vote, dans la clarté. Le moment est arrivé, comme en 1920, comme en 1969.

Benoit Hamon prétend rassembler, et ses adversaires au sein du PS le lui demandent : c'est un jeu de dupes. Hamon ne rassemblera pas et aucun social-démocrate, excepté les opportunistes sans convictions, ne se rassemblera derrière lui. Et c'est normal : quand on a fait campagne en critiquant sévèrement le bilan de François Hollande, comment peut-on prétendre rassembler les soutiens à la politique gouvernementale, qui sont quand même nombreux au Parti socialiste ?

Au soir de sa victoire, Benoit Hamon a dit qu'il contacterait, très vite, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon pour constituer avec eux une majorité présidentielle ? Et Macron, il ne sent pas bon ? Il ne représente pas, à sa façon, une composante des progressistes ? Oui, puisque je m'y reconnais, et que je reste de gauche, socialiste. Mélenchon ? Il a répété cent fois qu'il veut bien prendre un café avec les socialos, mais que jamais il ne fera alliance avec eux, et on comprend facilement pourquoi, quand on voit ses prises de position. Hamon est sourdingue ou quoi ? Soit il est de mauvaise foi, soit il n'est pas sérieux.

On va donc vers quoi ? Une recomposition de la gauche, qui suit toujours un drame politique : en 1920, la rupture avec les socialistes ralliant le régime soviétique ; en 1969, la défaite des socialistes à la présidentielle (5% !). Les socialistes se regrouperont en deux pôles, réformiste social-démocrate et gauche traditionnelle de rupture, Macron et Valls d'un côté, Hamon et Montebourg de l'autre. Voilà la grande clarification qui germait depuis des années, qui a éclaté au grand jour pendant les primaires, qui est devenue inévitable avec la désignation de Benoit Hamon, que beaucoup ne suivront pas parce qu'ils ne le peuvent pas, moi le premier. Mais il n'empêche que le camp du progrès, les partisans du mouvement, les militants du socialisme démocratique sont plus vivants que jamais, cette fois à travers deux sensibilités bien distinctes, auxquelles il appartient désormais de s'organiser. Pour reprendre la formule de l'ancienne monarchie : le Parti socialiste est mort ! Vive le Parti socialiste !

9 commentaires:

citoyen a dit…

les jeux sont faits: il n'y aura pas de candidate de gauche au 2e tour des présidentielles:le podium sera constitué uniquement par l'extreme-droite( M Le Pen), la droite extrème(F.Fillon) et la droite-qui-ne veut-pas-dire-son-nom( E.Macron)
pour ce qui du vote pour B.Hamon: mes 4 enfants (ça va de 30 à 40 ans) ont tous voté pour lui ainsi qu'une très grande majorité de leurs amis de même âge **parce que c'est lui qui parle d'avenir avant de parler d'économie;vous allez écrire: quelle naîveté mais si à cet âge on ne peut plus réver la société française est tombée bien bas
**à mettre en parallèle avec les votes pour F.Fillon, le chouchou des maisons de retraite où parait-il E.Macron est très apprécié aussi

Anonyme a dit…

Macron est un homme de droite donc il ne peut intéresser Benoît Hamon, ce présumé socialiste. Fort logiquement Macron va enregistrer le soutien de la partie la plus droitière du P"S". Seulement Benoît Hamon tel un Guy Mollet de notre temps tient un discours de gauche et ne ferait s'il était élu- ce qui n'arrivera pas- une politique de droite comme Jospin, Hollande et Valls puisqu'ils ne renégocient pas cette Europe si droitière qui impose une austérité permanente, néolibérale. La belle affaire Hamon et ses frondeurs qui ne cassent rien du tout et qui ne veulent pas savoir que la Loi Travail portée par Madame El Khomri entre parfaitement dans le cadre des GOPE ou Grandes Orientations de Politiques Economiques voulues par l'UE que jamais, au grand jamais, pas plus que Hollande et Valls n'ont osé exiger la renégociation.
La troisième mort du PS, dites-vous, mais il est des morts qui peuvent être temporaires comme entre 1958 et 1981. Il est fort probable que vous ne connaitrez pas la renaissance du PS de votre vivant tant la fracture longtemps dissimulée par habileté -synthèse priez pour nous ! - ou magouilles.
Le sémillant Macron est tellement superficiel et insignifiant et son programme ne consiste en la simple gestion du pays pour le plus grand profit des classes aisées et moyennes supérieurs ou à statut de privilégié comme vous, et du capital financier mondialisé dont l'UE n'est qu'une démarque malfaisante de plus sous direction allemande. C'est un barreur pour petit temps comme disait Mitterrand de Rocard. Macron, un mélange de Jean Lecanuet et de Giscard d'Estaing sans son brio de grand bourgeois.

Philippe a dit…

Il est peut être inutile de faire des pronostics.
Nos hommes politiques « dominants », « têtes de gondoles », ont hélas pour beaucoup d’entre eux une proximité malsaine et politiquement suicidaire avec l’argent.
D’autres anomalies vont probablement apparaître sur, par exemple, des discordances entre leur fortune présumée et celle déclarée dans le cadre de leurs ex fonctions ministérielles ou autres.
Le palmipède en annonce d’autres sur les candidats actuels, d’autres journaux commencent à « évoquer » …………
Bref le jeu de massacre ne fait que commencer !

citoyen a dit…

des députés Ps vont rejoindre Macron :les rats quittent le navire; pour eux rien ne compte que se faire réélire quitte à rénier les valeurs sur lesquelles ils se sont fait élire; c'est ce qu'on appelle être politicard;désolant et pour moi qui suis de gauche viscéralement je considère cela comme de la trahison;honte à eux; Monsioeur Mousset répliquera qu'il faut être pragmatique et que la politique c'est certes de grandes idées mais surtout de petits arrangements avec l'éthique( je n'ai pas osé écrire morale);si on en est ,à gauche "à justifier le " la fin jsutifie les moyens" on tombe bien bas

Emmanuel Mousset a dit…

L'opportunisme existe depuis qu'existe la politique, et il durera autant qu'elle durera. Le problème n'est pas là, mais de savoir quels sont les hommes de convictions contre quoi l'opportunisme ne peut rien. Macron fait partie de ces hommes de convictions.

citoyen a dit…

comme d'habitude vous bottez en touche;plutot que de dénoncer ces pratiques, vous faites avec..ah oui réalisme quant à dire de Macron que c'est un homme de conviction,ça reste à prouver et pour le moment la demonstration n'est pas convaincante;il m'apparait plutot du genre :il y a un créneau,je m'engouffre et je ratissse large (meme tres large d'après ses dernières déclarations) De Gaulle disait après moi ce sera le trop-plein, mais avec Macron ce sera le fourre-tout

Emmanuel Mousset a dit…

La vie est simple : vous êtes contre Macron, je suis pour Macron. Tout le reste en découle.

citoyen a dit…

sauf que vos billets des années précédentes(il faudra que vous vous relisiez), vos engagements dans des mouvements pronant le respect de la devise républicaine ( surtouit égalité..) ne laissaient pas présager de vous voir tourner le dos aux idées de gauche car Macron est tout sauf un homme de gauche,il a d'ailleurs déclaré "je ne suis pas socialiste"( pourquoi pas) mais aussi je ne suis ni de droite ni de gauche


Philippe a dit…

citoyen Citoyen
en qq années pro DSK, pro Hollande, pro Valls notre ami porte la poisse ...
je crains pour Macron
salut et fraternité