dimanche 29 septembre 2013

Histoires de fous



Période électorale oblige (la campagne des municipales est mine de rien déjà commencée), chaque manifestation publique va être à Saint-Quentin regardée à la loupe. Le sort de l'élection va se jouer en grande partie là, dans ces rencontres petites ou grandes. L'électorat, c'est une entité abstraite, qui ne prend corps et réalité que sur le terrain. Les catégories de droite et de gauche, au niveau local, sont très relatives, mais elles ont tout de même une forme de pertinence. Hier matin, le vernissage du Salon des Arts mobilisait plutôt des gens de droite (voir mon billet d'hier). En revanche, dans l'après-midi, l'exposition et le spectacle de l'association Autrement dire, dans la salle Paringault, visait plutôt la gauche. Evidemment, il y avait de la droite et de la gauche aux deux ; mais on peut quand même mesurer des tendances, objectivement repérables. Il y a des ambiances, des états d'esprit, des tournures de discours qui ne trompent pas, qui font comprendre qu'on est en milieu progressiste ou conservateur.

Autrement dire, association qui s'adresse à des personnes en grande difficulté, est animée par Viviane Caron, ancienne candidate sur la liste de gauche aux élections municipales, et par Yvonne Bou, ancienne conseillère régionale socialiste (vignette 1, lors des discours officiels). Parmi le public (vignette 2), on pouvait remarquer Alix Sucheski, ancienne maire-adjointe (PCF), et Nora Ahmed Ali, actuelle conseillère municipale d'opposition (EEVL). Plus surprenante, la présence de mon ex-camarade Régis Lecoyer, devenu co-secrétaire départemental du Parti de gauche, fort éloigné de ses terres puisqu'il est maire de Houry et que je ne le vois quasiment jamais à Saint-Quentin. En politique, il faut savoir lire dans les étoiles pour comprendre certains mystères. La droite n'était pas en reste, puisqu'elle avait dépêché deux poids lourds de l'équipe municipale : Stéphane Lepoudère, adjoint à la culture, et Colette Blériot, conseillère générale. A part ça, j'ai beaucoup ri au spectacle de Jean-Pierre Leblanc, formidable d'énergie (vignette 3). J'ai l'impression que cet homme-là, fou de théâtre, fait tout pour mourir sur scène, tant il se démène !

Peinture, théâtre, la journée saint-quentinoise d'hier a fait aussi largement sa part au sport, avec le match de SQBB contre Saint-Vallier, et surtout le combat de boxe entre Guillaume Frénois et Devis Boschiero pour ravir le titre européen. Le Palais des Sports, c'était le lieu incontournable où la politique pouvait, devait faire ses choux gras (le match de boxe était retransmis gratuitement sur écran géant). La boxe, j'adore : jusqu'au 6e round, j'ai cru à la victoire de Frénois, vif, agile, percutant. Mais Boschiero travaille au corps et dans la durée : il a repris le dessus et n'a plus rien lâché. Quel beau spectacle ! Le foot m'ennuie et m'endort, mais la boxe me ravit, me stimule. Je crois que je l'aime parce qu'elle me rappelle la politique. Bravo Guillaume, en tout cas !

Mes sorties m'ont quand même laissé le temps de lire le billet que m'a consacré sur son blog Antonio Ribeiro, daté d'hier, intitulé "Cas psychiatrique" (sic). Je suis flatté qu'un homme important, conseiller municipal à Saint-Quentin, responsable régional de la Gauche moderne et républicaine, se penche sur ma santé mentale. Son diagnostic : je traverserais une "phase de dépression" (je ne m'en étais pas rendu compte) et je pourrais "mettre fin à mes jours" (l'idée ne m'est jamais venue à l'esprit, mais l'avertissement est toujours bon à prendre).

Ses jugements me semblent excessifs, mais il y a peut-être un point où je pourrais me rapprocher de l'avis de Ribeiro : durant toute la journée d'hier, en fréquentant les multiples manifestations publiques que je viens d'évoquer, je me suis surpris à aller vers les gens, serrer des mains, discuter avec le monde ... comme si j'étais candidat aux élections municipales ! Je ne sais pas dans quel registre pathologique Antonio Ribeiro classerait ce comportement-là. C'est ridicule bien sûr, puisque, depuis le 27 juin, jour de désignation de la tête de liste socialiste, je sais que je ne serai pas candidat. Je fais spontanément le rapprochement avec ce soldat japonais de l'armée impériale, retrouvé dans une île du Pacifique vingt ans après la reddition de son pays, sabre à la main, croyant que la Seconde guerre mondiale continuait contre l'ennemi américain. La comparaison a ses limites : j'ai conscience, moi, que je ne suis pas le "chef de guerre" que je rêvais d'être à la tête de la gauche.

Chaque homme a ses folies : Jean-Pierre Leblanc est fou de théâtre, Guillaume Frénois est fou de victoire, Xavier Bertrand est fou d'un destin national, Antonio Ribeiro est fou de je ne sais quoi, et moi je suis fou de politique. Est-ce si grave ? La folie est la compagne de la passion et parfois du génie. La vie serait bien triste s'il n'y avait que des gens sages et raisonnables.

2 commentaires:

La vache folle. a dit…

Ce n'est pas à vous que je vais apprendre que "ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n'être pas fou".

Mais du point de vue de la folie, je pense que la réponse se situe dès le début de votre billet : "Chaque manifestation publique va être à Saint-Quentin regardée à la loupe. Le sort de l'élection va se jouer en grande partie là".

Il faudrait être fou pour penser que la gauche a la moindre chance de gagner cette élection - et je le dis avec d'autant moins de scrupules que je suis moi-même de gauche. Cette élection, à Saint-Quentin, ce sera l'élection pour rien, si ce n'est, hélas, pour répartir les sièges du conseil entre les partis d'opposition.

Mais je comprends que vous pensiez le contraire - et même, je vous y encourage ! Car il faut bien des gens qui se battent, et je vous en félicite. Mais moi, franchement, je ne crois pas à la victoire cette année.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous savez bien qu'en politique on ne peut pas préjuger de la victoire ou de la défaite. Deux facteurs joueront beaucoup :

1- L'équipe de campagne que se donnera Michel Garand. Un bon candidat ne gagne que si l'entourage est bon.

2- La capacité de Michel à communiquer, à mobiliser les médias, à devenir un personnage public.