jeudi 5 septembre 2013

Salut l'artiste !



Rentrée scolaire avant-hier, rentrée associative hier : en tant qu'administrateur de la Ligue de l'enseignement, j'ai remercié Luc Legrand, qui part en retraite, pour ses douze années passées au sein de notre association. La petite cérémonie se déroulait à l'hôpital psychiatrique de Prémontré, dans la Cordonnerie, l'espace culturel qu'anime la Ligue en vue d'offrir de multiples activités aux patients qui le souhaitent : peinture, dessin, sculpture, lecture, musique, informatique, ... Luc Legrand était chargé de l'atelier peinture.

Dans l'univers étrange et parfois inquiétant de la maladie mentale, il faut beaucoup de patience, de sensibilité et d'ouverture pour amener à la pratique artistique. Mais il se joue là quelque chose d'important, de complémentaire aux soins et aux traitements. Luc Legrand a su pendant douze ans exercer ces qualités, patience, tact, indulgence, au service des patients, dont beaucoup sont devenus des compagnons, des amis. L'un d'entre eux, hier, lui a offert une toile de sa confection, fort bien réussie d'ailleurs ; un autre lui a donné une petite statuette. Un patient a même entonné une chanson très ressemblante de Johnny Halliday, pour saluer le départ de Luc. Quand la tête défaille, les mains suppléent. Quand la raison déraille, la création relève. A voir ce que les gens raisonnables et normaux font de leur intelligence, on se demande parfois où sont les fous !

A Saint-Quentin, nous connaissons bien Luc Legrand, même si son épouse, Pomme, est peut-être plus souvent mise en avant, en tant que directrice de l'école de dessin Maurice-Quentin de La Tour. Je ne suis pas très esthète, mais je peux affirmer que Luc est un grand, un bon, je ne sais trop comment dire, sans tomber dans l'éloge toujours un peu ridicule, que Luc d'ailleurs n'aimerait pas, car cet homme est fondamentalement un silencieux, qui laisse parler ses oeuvres à sa place, ce qui nous change agréablement de tous ces artistes bavards, qui causent plus qu'ils ne peignent. Allez jeter un coup d'oeil, et plus que ça, sur son blog et vous vous ferez une petite idée (et même une grande) de l'artiste.

Bien sûr, Luc Legrand ne nous quitte pas vraiment : avez-vous vu un artiste prendre sa retraite ? Déjà, une idée hier a germé pendant la réception, celle d'une rétrospective Luc Legrand, qui pourrait avoir lieu à Saint-Quentin. Voilà un projet que je suggère aux responsables municipaux actuels ... ou à leurs successeurs. Et puis, nous aurons l'occasion de revoir Luc et d'apprécier à nouveau son travail en de multiples autres circonstances. En attendant, salut l'artiste !


En vignette : Luc Legrand, à ma gauche, et Nathalie Tahri, directrice de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne, à mes côtés ; à droite, la coordinatrice de la Cordonnerie.

Aucun commentaire: