lundi 9 septembre 2013

Les leçons d'Aubenton



Je n'ai pas voulu commenter l'élection cantonale partielle qui s'est déroulée à Aubenton, en Thiérache. J'ai préféré attendre la fin du second tour, qui a eu lieu hier. En soi, ce scrutin n'était pas très intéressant, parce que sans surprise, sans grand enjeu : un canton depuis longtemps à droite, des résultats attendus, deux candidats de droite qualifiés pour le second tour, entre lesquels il n'y a pas à choisir quand on est de gauche. Pourtant, aucune élection n'est négligeable. Dès que le suffrage universel a l'occasion de s'exprimer, il faut y porter attention. A propos de ce qui s'est passé dans le canton d'Aubenton, il y a des choses à dire et des leçons à tirer.

Le parti socialiste avait décidé de ne pas présenter de candidat, contrairement à son habitude. Il n'est pas bon de rompre avec les habitudes, les électeurs ne s'y retrouvent pas. Cette décision reposait sur un principe : "le parti socialiste n'a pas vocation a être présent dans toutes les élections" (sic). Mais si ! Un parti de gouvernement, dont l'implantation est nationale, a précisément vocation à être présent partout, dès que le vote des citoyens est sollicité. Ce sont les partis minoritaires, marginaux ou qui n'aspirent pas vraiment aux responsabilités qui sélectionnent leurs élections, n'y participent pas systématiquement. Ce ne doit pas être le cas pour le parti socialiste. Aux dernières élections cantonales, à La Capelle, j'ai regretté que mon parti ne présente par exemple personne contre Frédéric Meura, qui n'est pas n'importe qui, qui est une figure de la droite.

L'autre argument pour justifier l'absence socialiste à Aubenton est dans la fatalité de l'échec : de toute façon, le candidat socialiste aurait perdu ; alors, à quoi bon se présenter ? Je suis tout à fait d'accord avec le constat, que force la réalité électorale. Mais je désapprouve la conclusion. S'il fallait que le parti socialiste ne présente de candidats que là où il est certain de gagner, sa carte électorale serait pleine de trous, en piteux état. Et puis, un canton qui n'a pas été pris n'est pas un canton imprenable. Ou alors, il faut renoncer à se battre et ne plus faire de politique. Une élection perdue prépare une élection qui peut être gagnée. Si nous renonçons à l'esprit conquérant, nous allons nous transformer en boutiquiers, en gagne-petit.

J'ai lu dans la presse locale que l'absence du PS était justifiée par un subtil calcul tacticien : permettre la victoire d'un candidat de droite centriste, beaucoup plus acceptable pour la gauche qu'un UMP pur jus. Je ne connais pas le dessous des cartes et ça ne m'intéresse pas. Ce que je sais, c'est que la gauche n'a pas à se donner ou à espérer un "bon" candidat de droite. Pour pasticher le général américain Custer qui déclarait qu' "un bon indien est un indien mort", je dirais qu'un bon candidat de droite est un candidat battu, point barre.

L'embêtant à Aubenton, c'est aussi que le candidat finalement soutenu par le PS est celui du Front de gauche, qui nationalement casse du sucre sur le dos du gouvernement chaque jour. Ce n'est pas politiquement très lisible pour l'électorat de se ranger dès le premier tour derrière ce genre de candidat. Résultat des courses : le seul représentant de la gauche, pourtant rétrogradé à la cinquième place, et dépassé par le Front national. Savez-vous ce que cette candidate du Front de gauche a eu l'audace de déclarer au soir de sa défaite ? Qu'elle avait fait "une belle campagne" et qu'elle était "satisfaite" du résultat !!! Vous allez croire que j'invente : mais non, c'est la triste et comique réalité. Franchement, le parti socialiste, qui est un parti sérieux, n'a pas à s'encombrer de gens "satisfaits" d'eux-mêmes, ne sachant pas se remettre en question ni reconnaître une défaite déplorable. Ce n'est certainement pas ainsi qu'on progresse, qu'on prépare l'avenir, à Aubenton ou ailleurs.

Lénine voulait "des Soviets partout", c'était le mot d'ordre de la révolution russe de 1917. Pour les élections municipales de 2014, je souhaite des socialistes partout, candidats dans le moindre petit village. La politique, c'est comme un bon burger au Whoopies Diner (j'ai été marqué) : il n'y a rien à jeter, rien à refuser. Mais attention aux petits estomacs !

1 commentaire:

César le Daim a dit…

A propos de candidatures socialistes partout en 2014, je partage votre voeu, mais je crains qu'il ne soit pas exaucé.

En effet, si l'on prend par exemple les trois communes de plus de 1000 habitants dans la communauté d'agglomération de Saint-Quentin (Gauchy, Harly, Homblières) : y aura-t-il une candidature socialiste dans ces trois villes ? Y aura-t-il même a moins une liste de gauche ?