dimanche 24 juin 2012

Sur la route de Decan



Decan est un refuge animalier a un quart d'heure de route de Djibouti, ou l'on trouve des betes blessees ou sauvees de multiples trafics. Ce n'est pas tant l'endroit qui est interessant a decrire (imaginez n'importe quel zoo chez nous) mais le chemin pour y parvenir et ce qu'on y voit.

Il y a d'abord, encore en ville, l'ambassade americaine, la plus belle et la plus grande de toutes, une veritable forteresse hyper-securisee. Les maisons et terrains qui la jouxtent ont meme ete achetes ou loues, pour eviter des voisins derangeants ou suspects. Ainsi sont les Americains a l'etranger : tres forts et tres craintifs, limite paranos. Toujours est-il que la puissance et l'influence d'une nation se mesurent aux dimensions de son ambassade ...

Sorti de Djibouti, le bitume est plein de trous qui empechent de rouler tres vite et qui obligent a slalomer. C'est pourquoi ici les 4-4 sont nombreux. Nous n'avons pas en France l'habitude des chaussees mal entretenues, defoncees. La moindre bosse, le plus petit denivellement nous font criser. Les Djiboutiens utilisent enormement le klaxon, simplement pour dire qu'ils sont la, qu'ils arrivent, qu'il faut faire attention. C'est presque chez eux une forme de salutation. Autre risque de la conduite : non pas les vehicules mais les pietons, qui occupent frequemment une assez large portion de la route, en bougeant peu a l'approche d'une voiture, laissant le bord aux chevres.

Premiere image etonnante vue de notre vehicule : un cimetiere traditionnel, constitue de domes de terre entoures de pierres en guise de sepultures. Deuxieme image, non loin, hallucinante celle-la : un autre cimetiere, mais de carcasses de voitures, cassees, cabossees, eventrees, eparpillees comme des squelettes de ferraille sur une assez grande distance, le rebut d'une societe qui abandonne la ce dont elle ne veut plus. Je ne sais pas si, en Afrique, les cimetieres d'elephants existent, mais les cimetieres de bagnoles sont tres impressionnants.

Dans la suite logique de cette vision d'apocalypse, nous avons longe un depotoir, une decharge a ciel ouvert, non pas dans un vaste cratere comme il en existait en France il n'y a pas si longtemps, mais a plat, sur quelques kilometres, dans l'ignorance totale de la pollution et du respect de la nature (surement une invention d'Occidental !). Papiers, sachets, dechets sont incroyablement dissemines un peu partout, aides en cela par le vent. Le plus stupefiant, carrement surrealiste, ce sont les arbres decores involontairement de poches de plastique bleues ou blanches, a la facon d'un sapin de Noel degueu. On dirait des sortes de sculptures. Je suis sur qu'un cineaste saurait se servir de ce decor pour composer un film fantastique, en lequel on finirait par trouver une forme d'esthetisme !

A cote de ces apparitions du bord de route, le refuge de Decan, avec ses tortues, lions, hyenes, singes, zebres, autruches et autres bestioles a touristes semble bien peu original a vous raconter. Ce qui retient mon attention dans cette region, c'est seulement ce qu'on ne voit absolument pas en France.

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