vendredi 15 juin 2012

Dans les rues



Ce qui surprend dans les rues de Djibouti, c'est qu'il y a une vraie vie de rue qui n'existe plus en France. Les gens sont assis, discutent, traversent, des enfants abordent les passants. La rue n'est pas seulement un moyen de circulation, c'est un lieu de civilisation, d'echange, d'existence. C'est tres colore, vif, vivant, en mouvement. Les chaussees sont cabossees, les trottoirs mal dessines, la terre le dispute au goudron. Mais justement, les rues d'ici n'ont pas cet aspect artificiel, fabrique, geometrique qu'elles ont chez nous.

Aux Etats-Unis, dans certaines bourgades, un homme seul dans la rue, stationnant, passe pour etrange et la police intervient. Un rassemblement prend des allures de mauvais coup en preparation. En France, des enfants jouant dans la rue, c'est desormais mal vu. Quand des adolescents ou des adultes s'y retrouvent pour se rencontrer, parler, s'attarder, on dit qu'ils "trainent dans la rue". Dans notre societe individualiste et bourgeoise, on est a la maison ou bien au travail, mais pas dans la rue. La valeur du "chez soi" est devenue predominante. A la limite, la rue fait peur. La grande evolution du monde occidental contemporain, ce n'est pas seulement la quasi disparition de la civilisation rurale, c'est aussi la fin de la civilisation des rues, qui est restee intacte a Djibouti et sans doute dans toute l'Afrique.


PS : un americain a du passer apres moi sur l'ordi du Sheraton, je ne retrouve plus la version francaise pour mettre les accents. Tant pis pour eux et desole pour vous !

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