mercredi 20 juin 2012

C'est ca l'Afrique !



Je corrige mes 360 copies du baccalaureat dans un petit bureau ou l'on accede malaisement : la porte du couloir qui y conduit est fermee, il n'y a pas de sonnette, il faut tambouriner ou crier, les deux a la fois etant recommandes. Alors, un collegue deja present vient ouvrir (ce qui est le cas le plus frequent). Sinon, il faut aller chercher la cle chez le proviseur, dont on se demande s'il va etre necessairement la. Bref, pas pratique tout ca. Mais quelle importance puisqu'on s'en sort tres bien.

Pour aller aux toilettes, il faut se rendre dans une autre partie du lycee (ce qui arrive assez souvent quand on boit beaucoup ou que les intestins sont soumis a rude epreuve par la chaleur). Alors, ne pas oublier de prendre avec soi la cle, pour ne pas avoir a re-tambouriner et a re-crier. Quand j'ai vu l'etat des WC des hommes, j'ai ete tente d'aller, a l'etage superieur, dans ceux des femmes. On me l'a vivement deconseille (la separation des sexes ne porte pas ici a la plaisanterie). Je me suis donc sacrifie , en relevant le bas de mon pantalon a cause de la boue. Et quand j'ai termine, pas de chasse a actionner mais un seau a remplir pour le vider dans le trou ! Mais la encore, quelle importance puisque ce qui devait etre fait est fait. Il faut que je me debarrasse de mon petit confort d'Occidental !

Penche sur mes copies, je vois des mouches passer devant mes yeux. La fatigue au bout de plusieurs heures de travail ? Pas du tout, ce sont bien de veritables petites betes qui circulent sous mon nez, plus exactement qui traversent la feuille de dissertation : des fourmis ! Quand elles me genent, je les expulse en soufflant dessus. Elles reviennent d'ailleurs tres vite. Quand j'ai besoin de me reposer un peu, je les observe, ca me delasse : certaines transportent des petits bouts de je-ne-sais-quoi, sucre, miette de pain, ... Je me demande ou elles vont comme ca. Je me souviens qu'enfant, dans le Berry, il arrivait que les fourmis s'introduisent dans les maisons (il fallait surveiller et proteger les placards de nourriture). Aujourd'hui, il me semble que ce genre d'invasion n'est plus chez nous a craindre. Je n'aimerais pas avoir une vie de fourmi, meme en Afrique.

Une collegue djiboutienne a qui je raconte tout ca (la porte, les toilettes, les fourmis) me repond en eclatant de rire : c'est ca l'Afrique !

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