mardi 30 mai 2017

XB, macron-incompatible ?



Dans la Voix du Nord d'aujourd'hui, Xavier Bertrand interpelle Emmanuel Macron. Il lui reproche notamment de ne pas "s'ouvrir aux idées des autres". C'est injuste : le programme d'En Marche ! est la preuve de cette ouverture, à tel point d'ailleurs qu'on peut difficilement le ranger dans une catégorie politique connue. Ce qui prime, c'est certainement sa nouveauté. D'où son caractère inclassable.

Xavier Bertrand regrette que le président de la République ne soit pas "dans une logique d'union nationale". Là, il a raison, mais il a tort de le regretter. L'union nationale, c'est quoi ? L'effacement des différences politiques, dans des circonstances historiques exceptionnelles, au nom de l'intérêt supérieur de la patrie, comme après guerre, quand le gouvernement allait des gaullistes aux communistes. Nous n'en sommes pas là, et ce n'est ni possible, ni souhaitable dans la situation actuelle.

D'ailleurs, Xavier Bertrand se contredit légèrement, puisqu'il affirme en même que les différences politiques, les références historiques ne sont pas à abolir (c'est l'union nationale qui aboutirait à ce gommage). Il soupçonne Emmanuel Macron d'avoir cette intention, en voulant réunir des personnalités de gauche et de droite : non, ce n'est pas le cas ! Les identités existent et doivent être respectées. Mais les clivages traditionnels sont en partie dépassés, et c'est un nouveau que Macron tente d'instaurer : entre progressistes et conservateurs.

Xavier Bertrand compare la logique de rassemblement du président aux politiques d'ouverture menées par Mitterrand en 1988 et Sarkozy en 2007 : mais non, ça n'a rien à voir ! Imagine-t-on Mitterrand nommant un Premier ministre et un ministre de l'Economie venus de la droite, et Sarkozy allant chercher les mêmes à gauche ? Impensable ! Avec Macron, nous avons affaire à une petite révolution, dont XB ne prend pas suffisamment l'ampleur.

Le président de région attend le nouveau président sur trois points :

1- Le rétablissement des heures supplémentaires défiscalisées. Macron s'est déjà prononcé sur ce point durant sa campagne : c'est non, mais il y aura exonération des cotisations sociales.

2- Le retour à la semaine de 4 jours à l'école primaire : c'est oui, les maires en auront la liberté.

3- La prise en compte des propositions de la droite sur les fichés S : je ne sais pas quelles sont ces propositions. Macron a choisi de se soucier du renseignement, en matière de lutte contre le terrorisme.

Plus généralement, je reproche à Xavier Bertrand sa méthode : au lieu de se demander sur quoi Emmanuel Macron peut être en phase avec la droite, c'est plutôt la question inverse qu'il devrait se poser : sur quels points lui, Xavier Bertrand, est-il en accord avec le président de la République ? Car c'est le projet du chef de l'Etat, validé par le suffrage universel, qui doit être à la base des discussions et d'un possible élargissement de la majorité présidentielle, à la suite des élections législatives.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca veut dire quoi se contredire "légèrement"? Ou on se contredit ou on ne se contredit pas me semble-t-il.

Emmanuel Mousset a dit…

Il vous semble mal : une contradiction peut être légère, superficielle, secondaire ou bien profonde, frontale, rédhibitoire, grave. Mais je vous accorde que je ne suis pas un dictionnaire et que mon propos était politique, pas lexical.

Philippe a dit…

X.B. est peut être tout simplement prudent ... la société est instable ... les votes d'adhésion sont très minoritaires ...
De « Macron révolutionnaire » à la « révolution des casseroles »
ou qui vole un œuf n’a plus le droit de voler un bœuf !
La majorité de ceux qui ne sont en position que de voler un œuf n’acceptent plus que ceux qu’elle a mis en position de voler un bœuf le fasse, pire ... l’ai fait un jour dans leur passé !
C’est sans doute l’un des effets de la mondialisation/généralisation/rapidité de moyens électroniques divers et variés de la communication… vaste et autre débat.
Cela risque de tomber dru sur le gouvernement Macron.
Mais il faut bien constater que ce dernier ne doit sans doute son existence qu’aux effets dévastateurs du phénomène naissant sur LR (Fillon).
Un peu partout pendant la campagne présidentielle des manifestants accueillaient les candidats Fillon, Le Pen etc. avec des casseroles … ils ont dû parfois renoncer à des réunions/meetings !
Si ce gouvernement ne prend pas la mesure de cette évolution moralisatrice, peu importe que cette évolution soit discutable, elle est, il risque d’être paralysé par une « révolution des casseroles ».
(NB ce qui arrive à Ferrand me semble proche du « délit d’initié », pénalement sanctionnable dans les milieux financiers et boursiers)

Emmanuel Mousset a dit…

Quand on accuse gravement quelqu'un, il faut être certain de ce qu'on dit. Sur Ferrand, ce n'est pas votre cas. Alors, taisez-vous. Quant à l'agitation des casseroles, elle ne constitue pas une ligne politique.

Philippe a dit…

"Quand on accuse gravement quelqu'un, il faut être certain de ce qu'on dit."
le Canard qui s'est payé Fillon se paye Ferrand.
Le "système" du couple a été suffisamment expliqué, il n'est sans doute pas illégal dans le domaine de l'immobilier ...
Mais il y a de plus en plus un abîme affectif qui se crée entre "légalité" et "moralité".
Comme je le note les citoyens se permettent ce qu'ils n'acceptent plus des politiciens ... c'est injuste mais : c'est.
Ils recherchent pour eux les passe-droits mais pas pour leurs dirigeants.
C'est cela que je veux noter.

Philippe a dit…

Complèment
Macron/bAYROU ont fait de la moralisation de la vie politique une ligne politique il peut très bien y avoir une mobilisation des casseroles quand cette ligne n'est pas respectée.
Taisez-vous ... au fond de la classe ... un tantinet facho le prof ...

Emmanuel Mousset a dit…

1- C'est cela que vous notez et c'est cette contradiction que je dénonce : "faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais".

2- Si exercer son autorité, c'est être "un tantinet facho", je le suis. Mais je crains que vous aussi, comme beaucoup d'autres aujourd'hui, vous n'ayez des problèmes avec les définitions du dictionnaire.

Philippe a dit…

1-La dénonciation ne peut rien contre un mouvement de fond ... il faut attendre son épuisement.
Le seul contre feu rapide possible était celui d'un de Gaulle ... Jupiter carbonise ceux qui le gêne. … Macron ne doit se manifester qu’en arrière plan en utilisant la lettre de démission pré rédigée par les ministres.
S’il n’a pas prévu cette lettre Macron ne s’est pas donné les moyens d’être Jupiter !
2-pour moi un facho est plus un tempérament qu’une étiquette politique qui n’est finalement qu’un coup de peinture sur le tempérament ! Noir, marron, rose, rouge bof !
D’ailleurs historiquement entre socialisme et fascisme c’est très poreux … voir la vie de Mussolini.
Je sais ma définition n’est pas orthodoxe … oui et alors !

Emmanuel Mousset a dit…

Vous êtes affectif, je suis conceptuel.

Anonyme a dit…

Conceptuel, conceptuel....Comme vous y allez!

Emmanuel Mousset a dit…

J'y vais, j'y cours !

Philippe a dit…

Osons une blague de mauvais goût !
La REM a mis avec Ferrand un pied gauche dans le caca.
çà va lui porter chance pour les futures élections ..............

Emmanuel Mousset a dit…

Cette pseudo affaire n'aura aucune conséquence sur l'élection. C'est de la mousse.

Philippe a dit…

Ce n'est pas au plan moral et de son ambiguïté une pseudo affaire.
Le comportement de ceux d’en haut et de ceux d’en bas est à la fois niaiseux pour les premiers et foireux pour les autres.
"Les gens" (dixit Mélenchon) vont le mettre au passif de Macron, le « marié » n’est plus si beau !
Mais "Les gens" dans la situation de Ferrand seraient nombreux à le faire.
"Les gens" un tantinet voyeurs, assis sur leur fondement, adorent voir les culs malpropres de ceux qu'ils ont envoyé en haut du cocotier !

C D a dit…

Ces histoires de culs mal lavés, c'est insupportable dans une discussion de type politique.
Il n'est d'abord question que d'argent "public" ou "privé".
Ensuite, d'argent gagné "honnêtement" ou "malhonnêtement".
Et pour continuer, cet argent est il le résultat d'une "production" de richesse réelle ou d'une pure et simple "spéculation" ?
Sans revenir sur les "cadeaux"...
Vous en connaissez beaucoup, des gens aisés qui font des cadeaux à des non proches ?
Il y a cadeau parce qu'un retour sur investissement est prévu sinon pour remercier d'un cadeau antérieur dans l'autre sens.
Pour les deux ministres actuels comme pour les ex candidats, il n'y a que ces mots là à soupeser en âme et conscience : argent public / privé, honnêtement ou malhonnêtement gagné, suite à une production de richesse ou à une spéculation.
Le reste, c'est littérature.