lundi 1 mai 2017

Godin ne votera pas Le Pen



Belle journée de Premier Mai à Guise, au Familistère, pour célébrer en fanfare un double anniversaire : les 200 ans de la naissance de Jean-Baptiste Godin, les 150 ans de la Fête du Travail. L'occasion de rappeler, à quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, que l'extrême droite en France n'a jamais été à l'origine d'aucune conquête sociale, qu'elle a au contraire toujours été, historiquement, du côté de la répression ouvrière et syndicale.

Qui y a t-il aujourd'hui de social dans le programme du Front national ? Rien, absolument rien. En façade, Le Pen défend les 35 heures, la retraite à 60 ans. Elle s'oppose aux délocalisations et à la loi travail. Mais c'est du flan. Derrière, elle refuse une augmentation du Smic, écarte l'idée d'un salaire maximum pour les grands patrons, prône le retour de l'apprentissage dès 14 ans. Sa priorité, c'est les petits patrons, les artisans et commerçants, pas les salariés. Le FN, c'est la France de la boutique, pas de l'usine. Le Pen demande l'amnistie générale des arriérés des cotisations sociales pour tous les indépendants. Voilà l'idée que la candidate se fait du progrès social !

Elle veut verser 80 euros par mois aux bas revenus et petites retraites, financés par une taxe sur les importations. Ce n'est pas le grand capital qui sera frappé, mais tous les consommateurs. Ce qui est donné d'une main sera repris par l'autre. Où est le progrès social ? Surtout, l'extrême droite veut instaurer la priorité nationale à l'embauche, au logement, aux allocations : outre la dimension antirépublicaine de la mesure, elle pénalisera plusieurs millions d'immigrés, parfaitement intégrés, mais qui font partie des couches les moins favorisées de la population.

Enfin, Le Pen s'en est toujours prise aux organisations syndicales, accusées d'être politisées et inefficaces. Jamais elle n'a appelé à soutenir une grève, à participer à une manifestation. Elle réclame un contrôle public du financement des syndicats et la suppression du monopole de représentativité, qui aurait pour conséquence de favoriser les syndicats maisons, patronaux, jaunes. On peut voter FN pour de multiples raisons, mais certainement pas pour des raisons sociales. Jean-Baptiste Godin ne voterait pas Le Pen, ni aucun homme ou femme de gauche conséquent avec lui-même.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Emmanuel Macron propose l'augmentation du SMIC et un salaire maximum pour les grands patrons ?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, mais Macron ne prétend pas être antilibéral ; Le Pen, si. Tout le sens de mon billet, c'est de dénoncer cette imposture.

Erwan Blesbois a dit…

Les grands patrons prennent des risques, ils ne vivent pas de la rente, il "méritent" donc de gagner plusieurs millions d'euros par mois (selon Macron). Tout ce qui est du côté de la prise de risque, de la réussite immédiate, du "tout, tout de suite", de la destruction de l'ancien, de la nouveauté, du modernisme, du gadget, de l’esbroufe, du toc... sera récompensé. Tout ce qui est de l'ordre de l'héritage symbolique ou culturel, du temps long, de la construction lente et patiente, de l'authentique, de la tradition et de la culture sera stigmatisé et taxé... Comme le souligne Finkielkraut, c'est en marche un peu plus rapidement vers le nihilisme contemporain et la défaite de la pensée... Macron c'est le "Bel-Ami" de la politique, un ambitieux et séducteur sans scrupule (arriviste et opportuniste), prêt à tout pour réussir... Pratiquement tout ce que compte d'intelligence dans le pays va porter au pouvoir le plus triomphalement possible ce parvenu, car Le Pen c'est le crime, c'est au moins Pétain, mais plus sûrement encore Hitler. Macron ne fait pas appel à la raison des Français, mais se contente de faire campagne pour déclencher chez les électeurs le réflexe pavlovien anti-fasciste, pour masquer la vacuité de son programme, et le degré zéro de son projet politique au delà des mots de progressisme et de modernisme. Ce n'est pas avec une belle gueule et du bagout que l'on fait un homme d'Etat.

Philippe a dit…

On fait causer les morts ?
A mon tour ...
Mon prof de philo, qui savez éclater de rire, en serait mort prématurèment ... de rire ... en lisant nos bêtises.

Emmanuel Mousset a dit…

Godin faisait parler les morts. Il pratiquait le spiritisme. Je n'ai fait que suivre son exemple.

Philippe a dit…

Cool, comme le dit Depardieu dans un film : décontracté du gl... !
Souriez un peu, comme le Pape on ne sait rien de E.Macron si ce n'est qu'il est brillantissime et séducteur intellectuellemet s'entend ...
qui m'aime me suive ...
où ? personne ne sait même pas lui.
Cela peut être un magnifique épopée ou celle du Gal Boulanger.
Mais pour le tester et le doper il lui faut du poil à gratter de type vote FN ou abstention.
Sans cela il va dormir sur ses lauriers ! comme à la Rotonde !

G. Casanova a dit…

Oh si hélas, Macron a un projet et un programme, mais qu'il dissimule aux Français...
Ce qui me frappe maintenant dans ses projets, c’est l'absence de toute idée de compromis dans sa vision des choses.
Sur le plan purement politique il se voit seul maître d'une sorte de parti unique du Pouvoir remplaçant droite et gauche, et exerçant le pouvoir sans aucune alliance avec personne.
À tous ceux qui lui proposent une alliance, il dit « quittez votre parti, entrez à la base dans le mien, et alors seulement je vous accueillerai. »
Sur le plan social et économique, je vois bien l'idée de privatiser les services publics, la Sécurité sociale, l’Assurance chômage, sous prétexte d'y mettre fin au paritarisme dans un premier temps, on voit très bien le résultat dans un second, vu la dette publique, ajouter ce fardeau à l'État, tout le monde comprend bien la suite…
Je vois aussi la violence à laquelle cela conduit dans la manière de faire pour ce qu’il présente comme son projet central et indépassable : l'idée de mettre fin au Code du travail par ordonnances, sans même un débat parlementaire, pour édicter, à sa place, quelques indications générales, déjà contenues dans les textes de l’Union européenne qui nous régissent, laissant face-à-face salariés et employeurs pour établir dans chaque entreprise les règles qui seront en vigueur, salaires, congés, droits.
L'ambition est d'obtenir un bond significatif du taux d'exploitation des salariés, qui serait censé remettre notre économie sur de bons rails, dans une France qui est tout de même le troisième distributeur de dividendes au monde, alors que ce n'est pas la troisième économie du monde, ni même la troisième en termes de croissance…
En dehors d'accroître encore les dividendes comme il l’a remarquablement fait avec le CICE – même s’il n’avait pas du tout été vendu politiquement comme tel – je ne vois pas que ceci aurait un impact très positif sur notre économie, et encore moins sur notre société, qui est celle qui produit l'économie.
Ce n'est pas d'une telle mesure que pourrait surgir l'obtention d'une compétitivité salariale comparable à celle de la Pologne, de la Roumanie, de la Chine ou des économies émergentes qui nous concurrencent aujourd'hui. Nous en sommes beaucoup trop loin.
Pour cela il faudrait faire tellement d'autres choses, que même la férule autoritaire de famille Le Pen n'y suffirait pas.
On peut même penser que les effets secondaires des grèves, manifestations et affrontements que produirait une telle politique, coûteraient beaucoup plus cher à l'économie que le maintien du code du travail, par exemple…
Donc la politique qui nous est proposée est la domination absolue de l'actionnaire, l'ambition unique du dividende, l'ambition unique de l'accroissement de la richesse des plus riches, et du succès des « Winners » de la globalisation.
La Dictature du prolétariat était censée émanciper le prolétariat, elle a été une dictature tout court. Terrible.
Ce projet qui est censé renforcer le capitalisme français pour remettre en état l'économie du pays, n'aura pas un pouvoir dialectique supérieur.
C'est tout le débat des élections législatives, c'est d'ailleurs celui que mène dès maintenant Emmanuel Macron, qui sera élu président dans un fauteuil, mais avec une confiance modeste des Français.

Philippe a dit…

à Casanova
"par ordonnances"
Tout cela est bien mais qui lui donnera les pleins pouvoirs pour 6 mois ???
Nous ne sommes pas en 1958 avec des députés sous la menace (absolument pas bidon, c'était programmé) des légionnaires sautant sur les Champs Élysée.
Des députés qui suaient de peur ... je me souviens d'une caméra donnant une photo plongeante où l'on distinguait au Parlement à la sortie d'une séance la peur sur les visages et les perles de sueur sur les crânes dégarnis .............
Il n'y aura pas de majorité parlementaire avec des députés "godillots", ni pour Macron ni pour Marine, pour les laisser faire quoi que ce soit par ordonnances.
Ils vont l’un ou l’autre être dans l’impossibilité de se débarrasser des tireurs de manches exigeant un ministère … sinon panpan sur les projets de l’exécutif ………………………..
Je vais revivre mon adolescence de la 4ème République, Mélenchon n'aura pas sa 6ème mais sa 4ème qu'il n'a pas connu.