lundi 29 mai 2017

Réponse à Karl Pincherelle



Karl Pincherelle, candidat socialiste aux élections législatives dans la deuxième circonscription de l'Aisne, a adressé une lettre ouverte aux électeurs d'Emmanuel Macron. Comme j'en suis, et même un peu plus que ça, je lui réponds. D'abord pour le remercier de cette attention, que n'ont pas eue les autres candidats. Mais la politique ne peut pas non plus se réduire à des politesses. Je n'ai aucune prévention ni a priori à l'égard de Karl Pincherelle. Je veux simplement juger sur pièce, en commentant précisément son courrier (dont la version intégrale est sur le site internet du candidat, à quoi je vous renvoie). Les intentions sont une chose, les faits en sont une autre : eux seuls m'intéressent.

Quand Karl Pincherelle prétend : "je suis celui qui peut le mieux vous représenter", il faut y réfléchir à deux fois, et même à plusieurs. Car je m'interroge : veut-il seulement ma voix ou partage-t-il en partie mes convictions ? Toute la question est là. Quelques éléments de réponse sont dans le texte de sa lettre :

"On vous a retiré votre choix", affirme le candidat socialiste. Non, En Marche ! a fait un autre choix : proposer l'investiture à Julien Dive, des Républicains, qui a refusé. Le mouvement a malgré tout décidé de ne pas présenter de candidat, pour laisser une possibilité au député sortant de rejoindre la majorité présidentielle après les législatives, du moins en souhaitant qu'il la soutienne par son vote sur certaines réformes. La vérité est celle-là. On peut la désapprouver, mais on ne peut pas la nier. Dans la circonscription de Saint-Quentin, Emmanuel Macron a pensé à Julien Dive, pas à Karl Pincherelle. C'est un fait qui n'est pas à négliger, au moment du choix.

Le candidat socialiste a cette formule, qui a le mérite de la sincérité : "Je ne laisse pas croire au président de la République que je pourrai le rejoindre ..." C'est bien ce que je lui reproche ! En accord avec son Parti, le PS, Pincherelle se situe manifestement dans l'opposition, comme c'est son droit. Le premier secrétaire du Parti socialiste a d'ailleurs été clair : l'actuel gouvernement est de droite ! Je prends acte, mais comment un électeur de Macron peut-il se retrouver dans de pareils jugements ?

Bien sûr, Karl Pincherelle se veut rassurant, en rappelant qu'il a travaillé avec Emmanuel Macron sur la protection de l'industrie de l'acier et avec Nicolas Hulot sur la COP 21. Mais ce n'est pas, à mes yeux, une garantie. J'attends du candidat qu'il me dise quels points précis du programme d'Emmanuel Macron rencontrent son assentiment. A défaut, je vois mal pourquoi je voterais pour lui. Car ce que j'attends du prochain député de Saint-Quentin, quelle que soit sa couleur politique, c'est qu'il puisse contribuer, sans se renier, à la politique de réformes annoncée par Emmanuel Macron. Karl Pincherelle est-il prêt à cela ?

J'ai d'autres réserves à l'égard de la candidature Pincherelle, qui ne demandent qu'à être levées. Il est assistant parlementaire : il en faut, c'est une activité honorable, qui ne soulève chez moi aucun reproche. Mais le projet d'Emmanuel Macron consiste à s'ouvrir à la société civile, aux non professionnels de la politique. De plus, Karl est l'assistant parlementaire de Gilles Pargneaux, le bras droit de Martine Aubry. La maire de Lille a eu cette réplique : "Ras-le-bol, Macron !" Cette proximité n'est pas pour me plaire.

A Saint-Quentin, Karl Pincherelle est soutenu par une section socialiste qui a toujours été très anti-Macron, par la voix de son secrétaire, dans la lignée de l'aile gauche, courant Lienemann. Quand on est électeur de Macron, on ne peut que s'en inquiéter. Enfin, la suppléante de Karl Pincherelle, Anne Ferreira, a exercé un mandat de vice-présidente du Conseil général de l'Aisne, deux mandats de vice-présidente du Conseil régional de Picardie et deux mandats de députée européenne. Là encore, c'est fort honorable, mais ce n'est pas conforme au désir de renouvellement affiché par Emmanuel Macron.

Toutes ces raisons m'incitent difficilement à voter Pincherelle. Mais je ne veux préjuger de rien, et son éventuelle réponse aux quelques réticences et interrogations que j'ai posées me fera peut-être changer d'avis. Et pour prouver ma bonne volonté, je m'engage à publier cette réponse non dans la suite des commentaires, mais sur ce blog lui-même, et sans rajouter de réflexions personnelles, pour que les lecteurs puissent se faire leur propre idée.

8 commentaires:

Arthur a dit…

La vraie question Emmanuel est, pourquoi pas Emmanuel Mousset ? C'est toi qui devrait être élu !

Emmanuel Mousset a dit…

Pour être élu, il faut être candidat. Or, je ne le suis pas, pour les raisons que j'ai déjà évoquées.

Guillaume a dit…

Pourquoi me censurer, Monsieur Mousset ? Je n'ai pas contrevenu au respect qui vous est assujetti - tout du moins je le soupire.

Anonyme a dit…

Quelles raisons?Tout cela est sybillin.La complexité politique du personnage Macron devient illisible et n'échappe pas aux critiques d'une extrême personnalisation.JDive est en tout cas bien à droite,malgré vos dénégations et votre passion pour le président.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Vous n'avez pas contrevenu au respect (que d'ailleurs je n'exige pas), mais à l'intelligence (ce qui est beaucoup plus grave).

2- Je n'ai jamais nié que Julien Dive soit de droite (comment le pourrais-je ?).

Anonyme a dit…

Contrevenir à l'intelligence? Diantre comme dirait l'autre Se faire harakiri ou assumer le 2 sur 20 de la copie corrigée par MANU?. Ma vie change en tout cas après pareil constat émanant du docte intellectuel saint quentinois de référence. Peut on encore aller sur ce blog après cela puisque désormais rendu à l'infamie d'un anonymat "bas du front", hélas.

Anonyme a dit…

pour vider le litige, vite, une dive bouteille.

Karl Pastiche a dit…

Mon très cher Emmanuel et révéré Maître Mousset,
Ma situation politique est périlleuse, je m'expose à une capilotade. Et pis, mes frais de campagne pourraient ne pas être gâtés.
A l'avenant, mon apostrophe aux électeurs macronistes n'est point sacerdoce orthodoxe, mais la plus prosaïque conjuration vénale, au surplus éplorée.

Amitiés gauchistes,
Karl Pasticherelle