dimanche 21 mai 2017

Donner à Macron une majorité



Les Républicains ont lancé hier à Paris leur campagne pour les législatives, avec François Baroin en nouveau chef de file. Les attaques contre Emmanuel Macron ont été frontales, sans nuance. C'est un choix stratégique, bien connu : celui de la radicalité, de l'opposition sans concession. A droite, à gauche ou ailleurs, localement ou nationalement, j'ai toujours été contre ce positionnement. Oui, chacun est attaché à ses idées et cherche à les faire triompher : c'est normal, c'est la démocratie. Mais en quoi cela impose-t-il une critique et un rejet systématiques de ce que proposent les autres, le camp adversaire ? Il me semble que les Français ne veulent plus de ces jeux de rôle, et que la victoire de Macron s'explique en grande partie par cette évolution de l'électorat.

Heureusement, toute la droite ne verse pas dans cette facilité. 170 personnalités LR et UDI ont appelé à ne pas pratiquer une opposition pure et dure, à savoir soutenir le gouvernement quand les réformes leur sembleront bonnes. Je n'aime pas trop le terme de "bon sens", qui recouvre un peu n'importe quoi, mais là il s'impose. Pour ma part, dans les cinq ans qui viennent, je défendrai sur ce blog la politique menée par Emmanuel Macron ... sauf quand elle ne me conviendra pas. Commençons aujourd'hui :

François Baroin dénonce les "girouettes", le "mercato", le "cynisme" que serait le nouveau gouvernement. Non, il y a un projet, validé par une majorité de Français par leur vote, auquel ont décidé de participer des élus de droite. On peut être en désaccord avec leur choix, mais c'est du sectarisme que de les condamner en de tels termes. Baroin affirme qu'En Marche ! c'est en réalité A Gauche ! Oui, des hommes et des femmes de gauche y contribuent. Mais la légende d'un faux nez de François Hollande ne trompe personne. Voyez la réaction du Parti socialiste, qui immédiatement s'oppose au nouveau gouvernement.

Entrant dans le projet de Macron, Baroin lui reproche l'augmentation de la CSG, oubliant de mentionner que les plus démunis en seront exemptés. Oubliant aussi que l'effort de solidarité est nécessaire, que le financement des réformes ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval. Oubliant surtout les mesures sociales, et pas seulement fiscales, du nouveau gouvernement, notamment la suppression de l'impôt le plus injuste qui soit : la taxe d'habitation. Valérie Pécresse réclame, pour ces législatives, "un troisième tour de la présidentielle". Non, quand on respecte les institutions, on distingue les deux scrutins : le président de la République a été élu sur un projet, dont l'application sera respectée. Les Français lui donneront, en juin, la majorité de leur choix, et le président, dans le respect des résultats, avisera. Mais il serait logique qu'une majorité La République En Marche soit désignée, majorité absolue ou relative. Je n'en doute pas.

6 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

La gauche est immorale, ceux qui votent très majoritairement à gôche libérale-libertaire dans les grands métropoles, sont les baby boomers devenus retraités qui se sont enrichis profitant de la conjoncture des trente glorieuses, et leurs enfants bobos : je crois que Macron est un bobo typique et très doué, "héritier" de ce monde construit par les baby boomers dans les années 80, et dans une ambiance festive. J'ai dis immorale : immorale car la plupart des baby boomers n'ont rien transmis à leurs enfants. "Héritier" entre guillemets, parce que Macron est une exception.
L'héritage est effectivement une valeur de droite, ainsi que la famille et les valeurs qu'elle véhicule, la plupart des baby boomers de gôche libérale-libertaire méprisent la famille et les contraintes qu'elle entraîne, lui préférant la jouissance ("jouir sans entrave").
Moralement la droite est supérieure à la gôche libérale-libertaire, qui restera toujours un genre de chienlit sans avenir, et surtout sans volonté de transmettre un héritage à ses enfants.
Maintenant il conviendra de distinguer la gôche, d'un véritable mouvement de solidarité en direction des plus fragiles de nos concitoyens, ceux que l'on dit de la "France périphérique", et qui vivent dans un genre d'invisibilité médiatique. Ils ne sont effectivement pas représentés notamment dans le showbiz, où les minorités multiculturelles qui vivent à proximité des métropoles sont elles représentées : cela aussi peut nourrir un certain ressentiment.
Les classes moyennes ont en réalité disparu. Il reste les très riches (1%), les classes aisées qui vivent dans les grands centres urbains (les bobos), mais aussi la vieille bourgeoisie traditionnelle qui vote encore à droite ; et le reste des gens, ceux que l'on appelle les "petits blancs", parfois xénophobes, mais ne faisons pas de généralités, qui se sentent déclassés et invisibles. Disons que par son mépris cette gôche est encore plus cruelle avec les "petits blancs" remplis de ressentiment désormais (il suffit de se souvenir de la campagne culpabilisante d'entre-deux tours menée de main de maître par Macron), que la vieille bourgeoisie traditionnelle de droite ne le fut, qui elle ne fait pas preuve de mépris mais de paternalisme.
Baroin n'a pas compris que les bobos l'ont emporté peut-être définitivement contre la bourgeoisie traditionnelle, mais certains ont compris au sein des LR, qu'au fond les intérêts des bourgeois historiques et des bobos pouvaient être convergents, d'où le grand nombre de ralliements de bourgeois historiques sur la gôche bobo de Macron : l'argent au fond permet de réconcilier tout le monde, à l'exception des "petits blancs" obtus qui restent à la marge...

Philippe a dit…

Des projets il y en a toujours.
Des réalisations de projets c'est tout autre chose.
On peut être dubitatif, plus l'âge avance plus on le sera.
Faut-il mettre tous les oeufs dans le même panier ?
En Suisse on le peut, par votation ultérieure les citoyens peuvent censurer une loi.
Cela s'appelle le "référendum facultatif"

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_facultatif

En France les éventuelles conneries ... c'est parti pour 5 ans sans contrôle possible...

Emmanuel Mousset a dit…

Votre idéal, c'est la Suisse ; moi, c'est la France. Question de dimensions.

Philippe a dit…

Une bonne idée n'a pas de frontières ...
Je parle de réel et non pas d'idéal notion toujours fumeuse !
A l'époque de la mondialisation il existe des techniques bien réelles dans tous les domaines y compris politiques qui peuvent servir ou servent à tous.
La Suisse c'est l'Europe mais avec les rigidités Eurogroupe et UE en moins ...et ne pas oublier la FranceAfrique/Franceàfric en moins.
Mais les suisses sont considérés par certains franchouillards comme des « crétins des Alpes ».
Changeons donc d’exemple et de continent… va-t-il plaire ?
« L'amendement constitutionnel d'initiative populaire »  permet aux citoyens d’amender une loi par le biais d'une pétition ayant été signée par un nombre de personnes fixée par la Constitution. Il est permis dans dix-huit États aux USA.

Emmanuel Mousset a dit…

Ca ne me plait toujours pas : l'Amérique est un Etat fédéral qui peut se permettre ce genre de procédure. Pas la France. Je suis républicain, le suffrage universel me suffit.

C E R a dit…

le suffrage universel me suffit.
"votre" suffrage universel reste toujours un outil "vertical"...
De bonnes âmes, en général se situant ou se croyant en "haut" consultent ou se présentent devant les gens d'en "bas"...
Ils en acceptent le vote sauf quand comme en 2005 ils pensent jouer l'entourloupe...
Tout ça c'est du pur robespierrisme.
Le girondisme, c'est tout autre chose, c'est davantage horizontal que vertical.
Les gens d'en "bas" y ont initiative.
Initiative républicaine !
La République, c'est un minimum.
Ensuite, il convient de l'organiser cette république, pour qu'elle concerne tous ses membres, ses citoyens !