mercredi 10 mai 2017

Chacun a ses raisons



En demandant d'être candidat de la République en Marche, Manuel Valls est cohérent avec lui-même. Depuis très longtemps, au sein du Parti socialiste, il a défendu une ligne rigoureusement social-démocrate, en contraste et même en opposition avec le socialisme traditionnel. Devenu Premier ministre, il a poursuivi dans cette logique. Avant le premier tour de la présidentielle, Manuel Valls a clairement apporté son soutien à Emmanuel Macron. Là encore, aucune ambiguïté dans sa démarche. Faut-il pour autant qu'En Marche ! accepte cette offre de service et valide sa candidature ?

Emmanuel Macron s'est fait élire président de la République essentiellement sur une promesse de renouvellement du personnel politique. Il faut ouvrir les portes de l'Assemblée nationale à celles et ceux qui jusqu'à présent en étaient trop souvent exclus : les jeunes, les femmes, les salariés du privé, les professions indépendantes, toutes celles et ceux qui n'ont jamais exercé un quelconque mandat, parce que la machine à trier des appareils politiques les en empêchait. Emmanuel Macron doit tenir, autant que possible, cette promesse, sur laquelle il est très attendu. Je ne crois donc pas que ce serait une bonne idée d'adouber Manuel Valls. En l'acceptant, Macron ne serait pas cohérent avec lui-même.

J'ai fait mienne, depuis longtemps, en politique comme dans la vie, cette maxime de Jean Renoir, tirée de son film "La Règle du jeu" : "Le drame en ce monde, c'est que chacun a ses raisons". Manuel Valls a raison de vouloir rejoindre la majorité parlementaire et se battre sous ses couleurs. Emmanuel Macron aurait raison de refuser cette candidature, qui illustrerait fâcheusement le retour des gens du sérail. Mon désaccord avec Renoir, c'est qu'il n'est pas forcément dramatique que "chacun ait ses raisons", surtout en politique. Manuel Valls est un homme de conviction, de qualité et d'expérience. Il est encore jeune, il pourra à nouveau servir la République, et je le souhaite. Mais pas maintenant.

12 commentaires:

Philippe a dit…

Je suis d'accord ... et comme Dupont à Dupond ... je dirais même plus ...
si Macron acceptait Valls actuellement il perdrait la confiance d'une partie de l'électorat.
Sa dynamique pourrait en être ralentie voire stoppée.
Il va avoir besoin pour ses réformes d'un soutien populaire poussant au cul les politiciens professionnels qui guettent le faux pas tapis dans leurs petites féodalités ... des campagnes ou des faubourgs ... le XVI ou le XV èmes ne seront que peu utiles.
Je deviens lyrique !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Surtout, le lyrisme vous égare : Valls n'est pas élu dans les arrondissements que vous citez. Mais je vous pardonne : depuis dimanche soir, notre monde politique est cul par dessus tête. Et ce n'est qu'un début !

Philippe a dit…

Quand j'ai évoqué ces arrondissements de ... Paris je ne pensais déjà plus à Valls mais aux bobos (chut j'y ai des amis ...)
Valls est dans un faubourg .........
faubourg c'est une lieue au-delà des murs ... Valls était peut être à la campagne finalement

Anonyme a dit…

AH mon pauvre Monsieur MOUSSET ; vous ne pouvez empêcher les mouches tourmentées d'être attirées par le miel nouveau et par les ors de la res publica bien loin des usages de la Grèce antique , notre mère éternelle dans la tradition démocrate et culturelle ........

A A a dit…

Sur le plan politique, je n'attends rien du nouveau Président.
Sur aucun plan d'ailleurs. Il ne représente pas le Français moyen.
Il représente l'élite.
Mais s'il veut se démarquer de ce qui se fait depuis des années et des années (dès qu'on est élu, on jette aux orties, les promesses et annonces électorales), il doit au moins respecter ce qu'il a prononcé (entendu de mes propres oreilles) : ni de droite, ni de gauche. (Cela me fait souvenir d'un mouvement avorté d'un ancien ministre des affaires étrangères, dénommé "ailleurs").
Et donc ne s'entourer que de personnes ni de droite ni de gauche mais d'ailleurs.
Et ça risque de faire pschitt.

Philippe a dit…

@ A.A
Michel Jobert ?

A A a dit…

Exactement...
Est-ce que ça n'a pas fait pschitt ?

Anonyme a dit…

Bon ben si tout le monde est cohérent avec lui-même tout va bien alors......

Philippe a dit…

Michel Jobert ne m'a pas laisser le souvenir d'un personnage à œillères sectaire.
Mais bon à l'époque j'étais plutôt préoccupé/passionné par ma profession ... je ne suis pas bon juge.

Emmanuel Mousset a dit…

Je m'intéressais déjà à la politique à l'époque (années 70). J'ai suivi le parcours de Jobert, qui avait fondé le Mouvement des Démocrates, assez proche des gaullistes de gauche. Et j'ai été heureux quand il s'est retrouvé ministre de Mitterrand, au commerce extérieur, en 1981. Ce n'était pas évident : la ligne politique était très à gauche, avec des ministres communistes. Jobert, c'était un tout petit peu une anticipation de Macron.

A A a dit…

M Jobert, ce n'était pas mal et pourtant il n'a pas réussi à percer entre les "gros" partis.
Parti trop tard (en âge s'entend) ?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, l'époque ne s'y prêtait pas, à la différence d'aujourd'hui. Les clivages étaient beaucoup plus marqués.