mercredi 3 mai 2017

Que veut le peuple ?



Dernière distribution ce matin sur le marché de centre ville, avant le scrutin. Nous sommes 6 ou 7, autant que le FN, à quelques mètres les uns des autres. Je m'accroche avec l'un de leurs militants, pour un tract dégueulasse, malhonnête, manipulateur sur Macron et son prétendu gouvernement, le genre de propagande très répandue dans les années 30. Quand on est facho, on ne se refait pas. Après tout, si ce torchon pouvait servir à éclairer ceux qui pensent encore que le FN n'est pas dangereux ...

Je vous livre quelques réactions, et mes réponses, et la méthode qui va avec : agressif avec les agressifs, pacifique avec les pacifiques, et une règle d'or, ne jamais rien laisser passer, même les détails. Florilège :

- "De toute façon, Macron sera élu" : non madame, vous n'en savez rien. Un résultat électoral est imprévisible. Tout peut se retourner dans les derniers jours et les prochaines heures. Et puis, prétendre que tout est plié, c'est un prétexte pour ne pas aller voter.

- "On n'a pas le choix" : si monsieur, en démocratie comme dans la vie, on a toujours le choix. Vous avez fait votre choix au premier tour, vous le faites au second : abstention, vote blanc, Le Pen, Macron. Ce n'est pas un choix, ça ?

- "Le prochain président sera élu par défaut" : pas du tout, jeune homme. Aucun vote n'a lieu par défaut. La République, c'est le règne de la majorité. Un président mal élu, ça n'existe pas. Tout élu est bien élu, à 50% plus une voix. C'est la règle de la démocratie. Vous pouvez ne pas l'aimer, mais c'est ainsi.

- "Le Pen-Macron, c'est la peste et le choléra" : monsieur, au regard de vos cheveux blancs, vous ne devriez pas dire ça. Si vous avez de la mémoire et un peu d'intelligence, vous devriez comprendre que vos propos sont infâmes" (il s'éloigne vite fait, fâché).

- "Macron escroc !" : escroc vous-même ! (j'avais envie de le gifler).

- "Nous n'avons pas la même vision de la France" (un militant FN) : c'est le moins qu'on puisse dire ...

- "Macron, on ne sait pas ce qu'il veut" : le quidam me balance ça alors que je lui mets sous son nez le programme de Macron. Et lui, ce type, sait-il ce qu'il veut ? Tout le problème de chaque citoyen est là : non pas tant connaître ce que veulent les candidats (nous le savons depuis longtemps) mais savoir ce que veut le peuple, c'est-à-dire chacun d'entre nous. Ce n'est tout de même pas bien compliqué : le projet nationaliste et xénophobe de Le Pen ou le projet républicain et progressiste de Macron. C'est l'unique question que nous devons en conscience nous poser, d'ici dimanche prochain. Après, il sera trop tard.


En vignette : quatre d'En Marche ! Saint-Quentin, ce matin, près de la place de l'Hôtel-de-Ville.

8 commentaires:

G. Casanova a dit…

Au fond, l'idée de la démocratie n'est pas une idée qui est vraiment très forte au sein de nos élites.
Nous avons dimanche le choix entre deux candidats, qui représentent des formations politiques, l'une extrêmement récente, l'autre plus ancienne, dont aucune des deux n'est est interdite, qui satisfont donc aux critères de la démocratie, tels qu'ils sont contenus dans nos texte fondateurs.
Nous devrions avoir un débat argumenté sur les mérites des personnes, et la vision qu'elles proposent pour ce poste, d'où on ne fait, ni on ne vote, aucune loi… mais où l'on incarne la République française en étant Chef de l'État.
Mais nos élites mènent un tout autre débat. Il n'y a pas de choix, il y a la Vie contre la Mort. Qui peut choisir la Mort ?
Hitler est dans la boîte à gants. L'airbag va nous exploser au visage à tout instant. Auschwitz est au coin de la rue.
Et à aucun instant on n'a l'impression qu'il y a la volonté d'autre chose que des oukases, des mises en demeure et des reductio ad Hitlerum, pour le moindre hésitant.
Et les insultes grasses, par les voix théâtrales les plus autorisées pour ceux qui choisissent la Mort.
La première fois qu'une occurrence de ce type était intervenue, en 2002, on peut mettre sur le compte de l'effet de surprise cette incapacité à accepter un débat politique.
Mais là, cela fait bien trois ans que l'on savait la présence de la candidate du Front National au second tour vraisemblable.
Mais la confiance des élites dans le peuple français, sa capacité à débattre et à discerner dans les politiques proposées, celle qui lui convient le mieux, a toujours été très faible.
D'abord ils se sont mis à couper des têtes après 1789, il a fallu fuir vers Coblence.
Après le Front populaire on s'est tourné vers Berlin, pour trouver un réconfort, qui n'a duré que quelques années.
À la Libération on s'est tourné vers Washington parce que l'on avait tout de même très peur de ces classes dangereuses.
Et aujourd'hui on regarde vers Bruxelles et Berlin pour qu'elles nous imposent leur politique, sinon on n'arriverait pas à faire, parce que le peuple gronde, ne comprenant pas que c'est son élite qui veut son bien, même si depuis plus de 200 ans, le courant passe mal…
C'est une observation intéressante que celle de cet entre-deux-tours, de ceux qui gardent leur nerfs et expriment des positions politiques, débattant du fond des choses, et de ceux qui veulent interdire la politique, à partir du moment où elle ne propose pas un choix du pareil au même, le choix entre des politiques où les nuances résident seulement dans la façon de dire oui, ou bien oui, à Madame Merkel.
Au fond cela nous en dit beaucoup sur la confiance que l'élite a dans le peuple, et le sens qu'a pour elle le brandissement à intervalle régulier de l'« antifascisme ».

Emmanuel Mousset a dit…

Que vous le vouliez ou non, le fascisme existe. Et ce n'est pas son ravalement de façade qui le rend plus acceptable. Votre problème, c'est la séduction qu'il exerce sur vous, la sympathie que vous éprouvez pour lui.

Philippe a dit…

Le fascisme ne se situe pas forcèment dans les seuls coins désignés par Mr Mousset.
le fascisme est un comportement sans frontière idéologique, il
existe quand par exemple on annule un référendum (2005).
Il n'existe pas quand on respecte un référendum (Brexit).
Ce blog est niveau zéro de la pensée politique !
Alors pourquoi t'y viens Duco. !
J’ai le temps de tuer le temps … affreuse expression !
Pour cette raison je viens passer le temps …. encore une autre … ici.
Mais cette activité reste superficielle et donne beaucoup d’écume comme la mer quand elle est brassée par le vent.
Les candidats ne mettront rien de concret derrière les mots qu’ils prononcent.
Ils surfent sur les vagues de fond qui les dépassent car il n’ont certainement pas eu le temps d’y réfléchir voire même d’en prendre connaissance.
Les vagues de fond sont les évolutions sur le temps long des sociétés humaines. La globalisation bien au-delà de l’économique, ceux de la sortie du religieux et ceux qui y sont restés etc.
Je viens passer le temps sur des blogs pour reposer mes neurones fatigués après avoir lu ou écouté sur youtube les observateurs et chroniqueurs du « temps long » comme Alain de Benoist, Marcel Gauchet etc.

Emmanuel Mousset a dit…

Pour vous reposer, vous feriez mieux d'ouvrir tranquillement un livre, et cesser d'aller sur les blogs, y compris sur le mien.

G. Casanova a dit…

Il faut refonder les compromis qui ont été à l'époque réalisés autour d'un certain nombre de valeurs, entre des forces sociales et politiques qui étaient extrêmement différentes, mais qui avaient ensemble combattu le nazisme, dans un rassemblement comparable à celui du Conseil national de la Résistance (CNR).
Compromis dont le succès fut attesté par la rapidité et l'efficacité de la reconstruction, qui a été appelé par nos voisins « le miracle français ». Qui a fait que de 1944 à 1984, chaque année, le niveau des inégalités a reculé dans notre pays. Alors que les riches étaient toujours plus riches, les pauvres étaient, chaque année, beaucoup moins pauvres que les riches n'étaient plus riches. L'éventail se réduisait, en tirant toute la société vers le haut.
On a, certes, dans le propos d'Emmanuel Macron une logomachie centriste, mais elle ne propose de travailler à aucun compromis, elle exige de tous les responsables des forces politiques de droite, du centre et de gauche de quitter leurs partis politiques pour se placer, comme adhérents de base, sous son autorité à lui.
C'est déjà lourdement différent du processus du Conseil national de la Résistance, qui ne demanda à personne de renoncer à ce qu'il était, pas plus aux Communiste qu'aux Gaullistes ou aux démocrates-chrétiens du MRP.
Et là où le précipice s'ouvre, c'est le programme qui est le sien, et pour lequel il exige que tous se placent derrière lui comme derrière César.
Alors qu'il faut rénover, pour leur redonner tout leur dynamisme et toute leur force, les dispositifs et les Services publics, lui se propose tout simplement d'y mettre fin !
Alors qu'il s'agissait d'organiser tout un ensemble de processus inclusifs pour toute la société, permettant qu'elle produise ainsi un dynamisme qui bénéficie à l'ensemble des forces de cette société, il se propose de maximiser les performance des « gagnants » en laissant définitivement sur le côté les « perdants ».
De donner tout le pouvoir à la finance la plus concentrée, pour transformer l'ensemble de la société en une masse de simples « clients » de mastodonte privé, après qu'on aura vidé l'État d'une partie de sa substance.
Oui, il y a bien une stratégie, elle est pensée, mais elle est strictement inverse des idées du CNR.
Le petit doigt sur la couture du pantalon des courants idéologiques les plus adeptes des privatisations de Bruxelles, ceux qui voudraient qu'on privatise notamment le système scolaire, il veut réaliser rapidement, si on lui donne le pouvoir de le faire, la vente de l'ensemble de nos Services publics à des opérateurs financiers privés. Là encore, un certain nombre de groupes français dont les dirigeants ont soutenu sa campagne, sont probablement les mieux placés au monde pour prendre le relais de ces Services publics, mais dans un tout autre esprit. Et avec des objectifs de profits financiers et de dividendes, qui ne sont pas ceux des Services publics à la française.
On voit donc que, s'il se place, comme souhaité, au centre du jeu politique, ce n'est pas du tout pour rassembler à gauche et à droite une majorité réformatrice, capable de faire les réformes justes dont notre pays a besoin.
S'il se place au centre du jeu, c'est pour briser les formations politiques fatiguées, issue de notre histoire, mais qui elles aussi n'ont pas su se rénover pour être en phase avec la période dans laquelle nous nous trouvons, les briser pour faire un bloc central monolithique, derrière lui, et qui a pour programme de tourner la page de cet État social qui a été conçu par le Conseil national de la Résistance.

J C a dit…

"ouvrir tranquillement un livre" ?
Pas n'importe lequel, quand même...
Il y a des ouvrages à lire et des pensums à éviter !

Philippe a dit…

je suis d'accord mais j'aime me distraire et déconner, surtout avec ceux qui se prennent pour des cadors.
et puis pour les livres j'y vais aussi mais ma vue fatigue assez vite ...
bref il me faut varier

Emmanuel Mousset a dit…

JC, n'importe quel livre vaut mieux qu'une page Facebook. Même l'annuaire téléphonique.