mardi 16 mai 2017

Elargissement, ouverture et recomposition



La nomination, demain, d'un gouvernement dans lequel figureront des hommes de gauche, de droite, du centre et de l'écologie est d'une nouveauté totale sous la Vème République. C'est pourquoi on ne sait pas trop comment les choses seront perçues ni comment elles vont se passer. Mais le coup vaut d'être tenté, et il est conforme à la promesse de campagne d'Emmanuel Macron.

Nouveauté mais aussi nécessité, inhérente à nos institutions : quand on est élu à plus de 50%, on déborde très largement son propre camp, il faut s'ouvrir à d'autres qu'aux siens si l'on veut être représentatif, vertu majeure d'une République. Chaque scrutin, même ancien, a connu ça. Giscard, en 1974, fait entrer au gouvernement Françoise Giroud, qui est une femme de gauche. Mitterrand, en 1981, fait pareil avec Michel Jobert, auparavant ministre dans des gouvernements de droite. Mais ces élargissements du gouvernement passaient presque inaperçus.

Il faut attendre de véritables politiques d'ouverture pour que la chose soit visible : c'est Mitterrand en 1988, qui fait venir auprès de lui plusieurs responsables et élus de droite ; c'est Sarkozy, en 2007, qui nomme ministres des personnalités de gauche. La limite de l'exercice, c'est qu'il est purement individuel. D'où le soupçon de débauchage dont on l'a rapidement affligé. Ce que tente Emmanuel Macron aujourd'hui, ce n'est ni un élargissement, ni une ouverture, mais quelque chose d'inédit : une recomposition par le haut du paysage politique, en passant par dessus les partis.

Ce n'est pas même comparable à ce qui se passe dans certaines sociales-démocraties, notamment l'Allemagne, où il arrive à ce que conservateurs et socialistes fassent alliance et gouvernent ensemble. Car dans un tel cas de figure, il y a accords entre partis politiques, ce qui n'est pas le cas avec Macron. Nouveauté totale par conséquent, dont il faut attendre les effets immédiats et les résultats à long terme.

J'entends bien une autre forme de critique : opportunisme, recherche de places, goût pour le pouvoir, trahison de sa famille politique. Mais ces travers sont propres à la nature humaine, et le reproche pourrait être fait dans n'importe quelle situation politique. Surtout, ce jugement moral, sentencieux et réprobateur, porté sur nos hommes politiques est l'expression d'un sentiment profondément pessimiste et, pour tout dire, antihumaniste : pourquoi ne pas créditer les hommes et les femmes qui rejoignent Macron de bonnes intentions, d'une volonté louable de travailler à l'intérêt général, de participer à une aventure totalement nouvelle ? D'autant que la plupart n'ont pas besoin d'un portefeuille ministériel pour augmenter celui dans leur veston ! Eh puis, l'extrême droite continue à menacer, malgré son échec à la présidentielle. J'attends donc avec impatience, intérêt et enthousiasme la composition du gouvernement qui sera dévoilée demain, sachant que ce ne sera que le début de la grande recomposition.

4 commentaires:

josè a dit…

pas de candidat la république en marche sur la 2 ème circonscription de l aisne contre le dèputè sortant les rèpublicains !!! comment vous pouvez l expliquer cher Emmanuel mousset !!! je suis très surpris pas d investiture de Paul gironde du modem celui ci est candidat libre !!! ça sent la salade niçoise !!!

Anonyme a dit…

Bonsoir
je m inquiete des désignations des candidats "République en marche" dans notre secteur : Il y aurait un candidat désigné face à Jean Louis BRICOUT alors qu il a déclaré bien vouloir soutenir Emmanuel MACRON et surtout qu il y a un danger gravissime de possibilité d election du candidat FN Hassen-Cata.
Par contre, il n y aurait pas de candidat désigné pour se présenter contre Julien DIVE alors que le danger d une élection de la candidate FN est moindre . Si ces infos sont exactes, où est la logique ?
Merci de relayer cette inquiétude aux responsables de "la République en marche"

Anonyme a dit…

Ce n'est pas un renouvellement mais un ravalement de façade, un milk-shake où l'on mélange les jeunes et le vieux, les femmes et les hommes, la société civile et la classe politique pour essayer de faire oublier le fond de sauce néolibéral trentenaire qui a échoué partout. Il n'y aura de miracle à attendre Macron et ses équipes, l'actuelle et les futures, s'useront jusqu'au trognon.

Casanova a dit…

Le spectacle auquel nous assistons est celui d’un Césarillon allant faire son marché ici et là dans les divers partis pour les faire éclater, clamant jour et nuit qu’il fera une chose « et en même temps » peut-être autre chose, Aréva et Hulot, une chose et son contraire, dans le but de gagner les élections dans un clair-obscur favorable.
Le but final est d’utiliser les mécanismes du système électoral pour essayer – sans rassembler une majorité de suffrages – d’avoir une majorité parlementaire aux ordres, un Parlement qui fonctionnera par ordonnance et où le débat sera réduit au minimum légalement obligatoire.
On a interrogé les Allemands pour savoir si la démocratie fonctionne bien dans leur pays, une majorité considère qu'elle fonctionne bien.
Quand on interroge les Français sur le même sujet les trois-quarts considèrent qu'elle fonctionne mal.
C’est probablement une raison de plus pour aggraver le processus comme le fait le nouvel exécutif…