mardi 20 octobre 2015

L'homme qui a vu le loup



C'est sans doute l'événement politique de la semaine : l'entretien du chef de l'Etat dans le magazine populaire et rural "Le Chasseur Français", à paraître demain. Jamais un président de la République ne l'avait fait. Après avoir parlé aux glaciers (voir billet de samedi dernier), François Hollande s'adresse à la France profonde et aux porteurs de flingots. Il se prépare pour 2017, c'est certain.

Et que nous dit-il ? Qu'il est favorable à la chasse aux loups. Le dossier est complexe et technique : "chaque année, il sera décidé du nombre de loups à abattre en fonction de l'évaluation des risques et de la croissance de la population des loups". Je ne sais pas pour vous, mais moi, j'y vois aussi une métaphore (car je ne peux pas croire qu'un président de la République se rabaisse uniquement à ce genre de préoccupation, s'il n'avait un message à délivrer) : les loups, c'est qui, à votre avis ? Evidemment Le Pen et Sarkozy ! Et la chasse est ouverte ! (je pense aussi à la très belle chanson de Serge Reggiani, "Les Loups").

Avec quoi tue-t-on un loup, quand on n'a pas de fusil ? Avec un couteau, bien sûr. Et c'est là où Hollande nous fait le coup du Père François, avec la défense du Laguiole, la lame la plus populaire de France. Car d'autres marques ont voulu s'emparer du célèbre couteau. J'y pressens encore une métaphore : la gauche bien aiguisée, c'est moi, François, et méfiez-vous, en 2017, des contrefaçons. Chaque Français digne de ce nom, qui a un couteau à table et un autre dans sa poche, sera réceptif à ce symbole.

Il y a une seule déclaration du président qui me laisse dubitative : c'est quand il présente les chasseurs comme des défenseurs de la nature. Je sais bien que Staline prétendait que "la meilleure défense, c'est l'attaque", mais de là à affirmer que ceux qui tirent sur les animaux sont leurs protecteurs, j'hésite à franchir le pas. Ceci dit, Hollande est un grand politique : "Paris vaut bien une messe", selon le mot qu'on attribue à Henri IV. Notre président n'en est pas loin : une élection vaut bien une concession aux chasseurs, ces agents électoraux à ne pas oublier. "Du pain et des jeux", réclamait-on sous l'empire romain. Avec François Hollande, ce sera des fusils et des couteaux. Vous voulez que je vous dise ? Hollande est très malin, et je sens, contre toute attente, qu'il va gagner en 2017. Ca vaut bien une salve en son honneur !

7 commentaires:

Anonyme a dit…

"Hollande est très malin, et je sens, contre toute attente, qu'il va gagner en 2017"...
Pas contre toute attente...
Cela se présente comme un match de coupe de France de football.
Ce président là n'a pas clivé comme son prédécesseur.
Il est beaucoup moins rejeté.
Il n'est pas aimé mais pas haï non plus.
Donc avec la prime au sortant, il devrait passer raisonnablement, surtout s'il a contre lui l'ex-président ou la frontiste pour terminer le match.
Ce devrait être du 51% - 49% à la fin de la 2ème mi-temps sans prolongation !
Après avoir beaucoup sué quand même lors de la 1ère mi-temps.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est à peu près ce que je crois. Mais, n'étant pas sportif, la métaphore me parle moins.

Anonyme a dit…

Que ce soit du 51-49 ou du 70-30, ça reviendra au même : repousser aux calendes grecques la réforme de l'état, réforme sur presque tous les plans à commencer par l'école...

Emmanuel Mousset a dit…

Des réformes ! Des réformes ! Encore des réformes ! Toujours des réformes ! Oui, vous avez raison, d'autant que je suis réformiste. Mais il y a des moments où je me demande si les gens n'en ont pas marre des réformes.

Anonyme a dit…

Les trois quarts de la population en âge de pouvoir voter n'en ont rien à "cirer" des réformes, pourvu qu'on ne les ennuie pas...
Et le quatrième quart souffre presque en totalité de "sinistrose"...

Emmanuel Mousset a dit…

Vous, vous n'avez pas trop la pêche.

Anonyme a dit…

"Mais il y a des moments où je me demande si les gens n'en ont pas marre des réformes"
Surtout que les "réformes" vont toutes dans le même sens, celui d'un libéralisme ayant besoin de l'état pour se mettre en place...
A tel point qu'on se demande pourquoi ne pas remettre au goût du jour un ministère des réformes comme l'avait imaginé (et réalisé) Valéry Giscard d'Estaing...