lundi 5 octobre 2015

Trois initiatives politiques



S'il n'y avait pas eu les tragiques inondations dans le sud de la France, l'actualité aurait sûrement retenu et commenté trois faits politiques de ce week-end, qui sont certes plus microscopiques que galactiques, mais la vie politique rencontre rarement le grand événement : elle est, d'ordinaire, dans l'épiphénomène, néanmoins signifiant et conséquent.

EELV a annoncé l'organisation d'un référendum en faveur d'une "politique de gauche". C'est lamentable. Non pas l'initiative en elle-même, pourquoi pas louable. Mais lamentable parce qu'elle copie, détourne, quasiment parodie le référendum du PS sur le "rassemblement de la gauche". EELV a choisi la même date et a repris le graphisme du Parti socialiste, transformant sa consultation en "contre-référendum". Cette façon de faire, qui consiste à se déterminer par rapport aux autres et à retourner contre eux leur propre initiative, est détestable. Que chacun défende ses idées et fasse ce qui lui semble bon, sans chercher à singer le concurrent. Car c'est effrayant de bassesse, de médiocrité (je ne juge pas du fond, mais de la forme ; et nous vivons dans une société où la forme hélas l'emporte trop souvent sur le fond).

Ce week-end, toujours chez les écolos, un nouveau parti a été officialisé : "Ecologistes !", lancé par Jean-Vincent Placé et François de Rugy, qui prônent l'unité avec les socialistes, contre la ligne autonome ou radicale d'EELV. Ils ont bien sûr ma sympathie, je me sens proche d'eux. Mais, en même temps, je redoute dans cette opération une tendance opportuniste : un mouvement d'élus Vert qui ont envie, aux élections régionales, de conserver leurs sièges, qu'ils doivent au PS. Entre la médiocrité des uns et l'opportunisme des autres, il y a quelque chose d'effrayant dans le choix à faire.

Autre formation politique inaugurée ce week-end : la Nouvelle Gauche Socialiste, représentée par Liêm Hoang Ngoc, qui siégeait il n'y a pas si longtemps encore au Bureau national du Parti socialiste. C'est une partie de l'aile gauche, anti-Macron, anti-gouvernement, qui a choisi de partir, à cause de ses désaccords. J'avais rencontré il y a quelques années Hoang Ngoc à Château-Thierry, dans un meeting. Je l'avais trouvé à la fois sympathique et atypique, tout en ne partageant absolument pas ses idées, quoiqu'il était à l'époque socialiste comme moi. Il a aujourd'hui clarifié sa position, espérant fondé un Podemos à la française.

Au risque de vous surprendre, de ces trois initiatives, celle qui m'inspire le respect est la dernière, qui est pourtant la plus éloignée de ma sensibilité. C'est parce que j'y vois un élan désintéressé, une cohérence avec soi-même et surtout une démarche de convictions. Rester dans un parti alors qu'on n'est plus d'accord avec ce parti, ça aussi c'est détestable, car souvent motivé par le seul souci de conquérir ou de conserver des places. Mais je crains que ces tares et ces vices soient aussi vieux que la politique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Jean-Vincent Placé et François de Rugy, qui prônent l'unité avec les socialistes, contre la ligne autonome ou radicale d'EELV" ?
Si ces deux là (je ne veux pas leur dresser de procès d'intention), "prônent" l'unité avec les socialistes, qu'ils adhèrent au PS et se présentent PS et au moins les choses seront plus claires.
On en a soupé des querelles byzantines entre soi-disant alliés.
Les écologistes ont eu tort depuis le début qu'ils se sont mêlés de politique politicienne.
"On peut manger dans la même gamelle que celle du diable" dit-on, à condition d'avoir une cuillère au manche suffisamment long !