mercredi 21 octobre 2015

Moirans : raison garder



Dans l'affaire de Moirans, il y a ce sur quoi nous sommes tous d'accord, gauche et droite confondues : ce sont des comportements de voyous, entièrement répréhensibles, et force doit rester à la loi. C'est vite dit, mais c'est pourtant l'essentiel, sur lequel il y a consensus. Après, les analyses peuvent diverger, et la mienne ne correspond pas à ce que j'entends depuis hier soir. Débattons-en !

D'abord, revenons à la réalité, qui hélas n'est pas rendue mais exagérée, dramatisée par les images télévisées. Pendant quatre heures, une centaine de personnes ont semé le désordre dans une petite ville. Il y a eu des dégâts matériels importants, la circulation perturbée, mais aucun blessé. La police, comme c'est son travail, a rétabli efficacement et rapidement l'ordre. Des signalements ont été faits, les interpellations suivront, la justice délibérera. Voilà les faits, auxquels nous devrions nous tenir.

Quand le maire de Moirans prétend, sous le coup de l'émotion, qu'il a vécu "un fait de société", il a tort. Son statut de victime ne lui accorde pas le privilège de la vérité. Un fait grave de violence publique et collective n'est pas un fait de société. Sinon, il y aurait régulièrement des faits de société. La violence, y compris de ce type-là, a toujours existé, et même d'une ampleur parfois incomparable. Que notre société, légitimement éprise de confort et de sécurité, ne le supporte plus, s'en indigne, voilà sans doute le fait de société, mais pas l'acte de délinquance en lui-même, qui n'a rien d'inédit.

Dans la même veine, celle de la souffrance et de l'abattement, le maire de Moirans affirme que la démocratie est menacée par ce qui s'est passé dans sa ville. Que non, et fort heureusement ! La démocratie en a vu d'autres, et de pires, s'en s'effondrer, ni même se sentir menacée. C'est nous qui sommes devenus faibles, individuellement, pas la démocratie. Nous rêvons d'une République paisible composée de citoyens raisonnables. Cet idéal est nécessaire, mais c'est un idéal, pas la réalité : les hommes se laissent entraîner par leurs passions, ne réfléchissent pas forcément et ont la violence dans le sang. Vous, moi, nous sommes aussi violents, mais différemment. Qui faut-il blâmer ? Les moralistes répondront. Mais les politiques doivent se contenter des faits et de l'application des lois, sans commentaires exacerbés.

Une dernière remarque : je ne connais pas le dossier, la justice a ses raisons et nous devons respecter ses décisions. Mais je m'étonne qu'une personne, quoi qu'elle ait fait, n'ait pas l'autorisation d'assister aux obsèques d'un membre de sa famille.

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