jeudi 29 octobre 2015

Et le gagnant est ...



Du premier débat, attendu, qui a opposé les trois principales têtes de liste pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la question se pose de savoir qui en sort gagnant. Question toujours difficile : il y a la part de subjectivité, qui pousse à penser que le gagnant est le champion respectif des partis en présence. Je suis persuadé que les partisans de Xavier Bertrand, par exemple, doivent être contents de leur cheval. Y a t-il tout de même des critères objectifs ?

Il y a un fait que j'ai d'abord retenu : le tripartisme gênant. Un débat fonctionne bien à deux, projet contre projet, essentiellement gauche contre droite. A trois, on s'y perd, les clivages ne sont plus assez marqués, les chasser-croiser embrouillent les lignes et les enjeux. On ne sait plus très bien qui est contre qui, jusqu'à l'absurdité, quand Xavier Bertrand préconise l'intervention de l'armée à Calais, qui fait craindre à Marine Le Pen que les militaires ne se servent de leurs armes ...

Les observateurs sont d'accord pour signaler la bonne prestation de Pierre de Saintignon (PS). Je vois trois raisons à cela :

1- La tête de liste bénéficie de la prime à la nouveauté, les deux autres figures étant bien connues depuis plusieurs années. On reprochait à Saintignon le manque de notoriété. Mais voilà que le défaut pourrait maintenant se retourner en atout !

2- Droite et extrême droite ont tenté, durant tout le débat, de focaliser sur elles l'attention, excluant le socialiste, comme si l'élection se jouait entre Bertrand et Le Pen, sans lui. L'habileté peut là aussi se retourner. Car, du coup, Saintignon, coincé entre les deux (et même physiquement, puisqu'il était placé au milieu), a pu faire entendre une petite musique différente, une image qui suscitait la sympathie, a contrario des mastodontes qui auraient bien voulu régler entre eux la partie.

3- Saintignon, contre le préjugé qu'on pouvait s'en faire, a montré à l'écran une belle énergie, une force de conviction, qui m'a le premier surpris. Qu'est-ce que la politique, en fin de compte ? Pas des idées, que peu connaissent vraiment, mais une impression qu'on donne, surtout dans ce genre de débat. On attend d'un candidat qu'il soit dynamique et enthousiaste. Saintignon l'a été, à sa façon.

De lui, j'ai tout particulièrement apprécié sa défense des migrants, alors que Le Pen, à l'inverse, propose odieusement qu'on supprime les subventions aux associations humanitaires chargées de les accueillir. Notre grande région doit beaucoup à l'immigration, de toute origine. Laisser Le Pen la gouverner, ce serait une insulte à notre histoire, à sa population.

A ce propos, la venue du leader d'extrême droite à Saint-Quentin semble cette fois faire réagir (voir notamment mon billet d'hier). Le PCF, qui avait prévu, de longue date, une initiative toute la journée, sans rapport direct avec le meeting du FN, sans même savoir que celui-ci aurait lieu, pourrait bien passer vers 17h00 par le théâtre Jean-Vilar, pour manifester son opposition. Je le souhaite.

De leur côté, les écologistes (EELV) seront présents sur la place de l'Hôtel-de-Ville, dans l'après-midi, pour une distribution de tracts. Je ne sais pas quelle tournure les choses vont prendre, si elles seront importantes ou non, mais les fameux réseaux sociaux feraient bien de relayer l'information. Puissions-nous être quelques-uns ou nombreux samedi pour rappeler notre attachement à la République et redire fermement que l'extrême droite n'en fait pas partie.

14 commentaires:

Anonyme a dit…

La problèmatique est ailleurs : une partie importante de la population a pris "en griffe" est "allergique" etc. vis à vis de ceux qui ont la responsabilité de la gouvernance depuis plusieurs dizaines d'années, et dont ils constatent les résultats pour eux mais aussi pour enfants et petits enfants.
Çà va devenir le "dégage" que l'on a vu en d'autres lieux.
La seule boutique d'une relative efficacité pour "dégager" et qu'ils ont sous la main est le FN.

Anonyme a dit…

Nous sommes tous nés en république.
La République nous reconnaît tous.
La République, c'est comme notre mère.
Certains de ses enfants tournent mal sans aucun doute.
Ils ne cessent pourtant jamais d'être ses filles et ses fils.
Vive la république ! Vive la France !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Le "dégage !" est un mot d'ordre qui a un sens sous une dictature, comme il s'est passé en Tunisie. En République, il se retourne en son contraire, en slogan fasciste. "Tous pourris", "les députés à la Seine", ce sont les cris de haine des ligues fascistes dans les années 30.

2- Vous commettez une erreur historique : la République a toujours combattu ceux qui s'opposaient à elle, et souvent violemment. A l'égard du FN, je ne vais pas jusqu'à prôner la violence, nous sommes en démocratie, ce n'était pas le cas en 1789. Mais un combat sans concession, argumenté et permanent, oui, c'est indispensable.




Anonyme a dit…

En rapprochant votre appel à manifester physiquement samedi de votre réponse ci-dessus 2- dois-je en déduire que selon vous, manifester c'est égal à argumenter ?
S'il s'agit d'une manifestation silencieuse de type réprobatrice (éventuellement avec des pancartes) ça peut se comprendre mais...
Des provocations, des bousculades venues d'ici ou d'ailleurs et... On passe au combat ?
De ces troubles républicains, la République n'en sort pas indemne.
Je ne vais choisir qu'un exemple...
Les manifestations pour ou contre le projet de loi du ministre Alain Savary en 1984 m'ont édifié le jugement (Pierre Mauroy a dû quitter la place peut-être pas qu'à cause de cela mais ce fut sans doute la goutte d'eau qui...)
La loi Savary n'a jamais vu le jour et l'école française ne fut pas unifiée.

Anonyme a dit…

Mais nous ne sommes nullement en démocratie mais en république oligarchique.
Les oligarchies sont constituées par les dominants des partis assistés de leurs relations de parenté et/ou de vassalité.
Cela n'a rien à voir avec des ligues fascistes modernes mais avec les liens de vassalité de l'époque de l'Ancien Régime.
Le langage populaire et médiatique a tout a fait raison quand à propos de tel ou tel il parle de fief ou de baron.
Nos dirigeants vivent dans des palais ... touchent des indemnités de princes en comparaison des salaires des dirigeants allemands ... par exemple
Les français vont remplacer ces oligarchies par celle du FN qu'ils n'ont pas testé.
Il vont dégager les anciennes.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Historiquement, c'est l'extrême droite qui pratique l'émeute. Je suis républicain, je manifeste pacifiquement.

2- Nous sommes en démocratie, en système électif et représentatif, sous un Etat de droit. C'est l'extrême droite qui fait croire que nous ne serions pas en démocratie, afin de discréditer la République. Une rhétorique ancienne et bien rodée.

Anonyme a dit…

La république élective dérive au fil du temps vers l'oligarchie avec une forte proportion de "vieux"...

Quand elles ne trouvent pas en leurs familles (de sang) le candidat conforme à leurs souhaits elles cooptent/adoptent un "bon élève" dans leurs viviers de vassaux pour le soumettre aux suffrages des sujets.

Le sang nouveau est insuffisant et le système se sclérose naturellement.
A mon avis dans une république oligarchique le renouvellement ne peut se faire que dans le cadre d'un grand renouvellemment comme en 1958/59 avec départ le plus massif possible des vieux croutons de plus de 60 ans. (âge que j'ai personnellement pulvérisé !).
Ce fut la peur panique des inefficaces de l'époque de voir un parachutage des paras sur Paris. Ils ont fait appel à un autre "vieux" qu'ils détestaient, ils avaient raison car il a amené aux élections suivantes nombre de "nouveaux".

Les vieux croutons s'accrochent, JMLP en est la caricature extrême mais bien d'autres s'en rapprochent.Il faut des culs de pied au ...

Je suis d'accord c'est triste de ne pas savoir s'éclipser à temps mais c'est sans doute la nature humaine.



Emmanuel Mousset a dit…

Non, je ne partage pas votre point de vue sur la gérontocratie, qui à mon avis n'est qu'une vue de l'esprit : au contraire, le jeunisme ambiant pousse à promouvoir les "jeunes". Tous les partis d'ailleurs s'y mettent. Et puis, pour moi, l'âge importe peu et être "vieux" n'est pas une tare. Je me range de l'avis de Brassens : "l'âge ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con ..."

Anonyme a dit…

"l'âge ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con ..."
On dit aussi "on est toujours le con de quelqu'un d'autre" etc.
Un con est un imbécile qui n'a de cet organe ni la profondeur, ni la saveur." Leo Campion
etc. etc.
Les bons mots permettent de se défiler et de faire une pirouette mais n'ouvrent (si j'ose dire !) pas au réel.
Malheureusement avec l'âge on s'endort souvent, on relache très vite son attention, on procrastine, bref je ne vais pas faire l'inventaire du naufrage ineluctable.
Tous les organes perdent en performance, le cerveau et sa production intellectuelle n'y échappe pas et on ne voit pas pourquoi biologiquement il échapperait à la décrépitude générale sauf très exceptionnelles exceptions qui cachent les forêts décrépites.
Le problème est que quand une oligarchie viellit les "vieux" bouchonnent ses allées et ne permettent pas aux plus jeunes d'exprimer leur potentiel quand ils sont en pleine possession de leurs moyens intellectuels.
La loi de la nature est dure et Brassens malheureusement ou heureusement ? n'a pu en faire l'expérience.

Emmanuel Mousset a dit…

Désolé, je ne partage pas votre vision "biologique" de la vieillesse. Je connais pas mal de personnes âgées, qui sont vives, intelligentes et ... jeunes. Je crois que vous êtes influencé par toute une société qui rend un (faux) culte à la jeunesse. Ce que je reproche le plus aux jeunes : leur conformisme (mais c'est de leur âge !).

D. a dit…

Le problème, s'il y en a un avec l'âge (ce que je ne crois pas une seconde), est seulement situé dans la durée...
Durée des mandats...
4 ans, c'est insuffisant.
5 également...
6 ou 7 voire 8, peuvent être les mesures à rechercher...
A condition que dans n'importe quel cas, le mandat ne soit pas renouvelable.
Revenir ?
On pourrait l'imaginer en cas de bouleversement majeur et donc pourquoi pas... Mais sûrement pas dans les conditions du retour de Poutine à un pouvoir jamais quitté depuis son accession au ...trône.

Emmanuel Mousset a dit…

Puisque que vous méditez et hésitez sur la durée du mandat, que 5 ans vous semblent insuffisant et que 8 vous agréent, allez au bout de votre raisonnement, proposez un mandat à vie, non renouvelable, dans une monarchie parlementaire où le roi serait élu. Au point où nous en sommes ...

Anonyme a dit…

C'est vrai vous avez l'habitude de "vieux" qui se pensent "dynamiques" en écoutant une parole formatée dans le hall de la biblio.
Ils devraient suivre l'injonction des Lumières "Aie le courage de te servir de ton propre entendement".
Hélas que vous le vouliez ou non la vieillesse est un naufrage et c'est ce que renforce le précèdent commentaire qui apporte une pierre en ajoutant la durée "d'accrochage " aux postes.
Cette durée fait partie de la senescence voir JMLP (la plus récente caricature du système), Fabius, Juppé et la multitude des "nobles" tenant les fiefs de province ... j'oubliais le maire de Marseille, pas mal celui-là.

Emmanuel Mousset a dit…

Je suppose que vous êtes un chaud partisan de l'euthanasie ...