mercredi 18 février 2015

Petite philosophie du 49-3



L'utilisation du 49-3 par le Premier ministre, en vue de faire adopter la loi Macron, est une procédure législative utilisée parfois sous la Cinquième République. Il n'y a pas grand chose à en dire, c'est une question de pure forme. Je vais plutôt en tirer sept petites leçons de philosophie politique :

1- Le pouvoir ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Le Premier ministre dispose d'un moyen pour faire passer un texte qui lui tient à coeur : il serait bien bête de ne pas s'en servir.

2- Autorité revient à la loi. La République, c'est le respect de la Constitution, dont le 49-3 fait partie. On peut être contre son principe et demander à changer la loi. Mais tant qu'elle demeure, la loi c'est la loi, et son utilisation est permise, sans qu'on crie ô scandale.

3- La fin justifie les moyens.
Qu'est-ce qui est le plus important ? Le fond ou la forme ? Le fond évidemment, du moins en politique. L'action est tendue vers l'objectif. En morale, je ne dirais bien sûr pas la même chose.

4- Les circonstances commandent. On reproche à François Hollande d'avoir critiqué autrefois le 49-3 et d'en faire usage aujourd'hui. Quand mon adversaire a un fusil, je déteste cette arme. Mais quand c'est moi qui l'ai en main, je la chéris. Vous m'avez compris.

5- Le parlementarisme est une entrave à la démocratie. Depuis Jean-Jacques Rousseau, nous savons que la République, c'est l'expression du suffrage universel et de la souveraineté du peuple, et que celle-ci ne se divise pas. Nous savons aussi qu'un mandat ne se discute pas : il se donne ou il se reprend, à l'occasion des élections, mais il ne se négocie pas. Les parlementaires frondeurs portent atteinte à l'esprit de la République, en exerçant une minorité de blocage, qui n'a pas sa place dans nos institutions. Depuis deux ans, une trentaine de députés, qui ne représentent que 10% de la majorité présidentielle, font un travail de sape et d'obstruction parfaitement antidémocratique. Dans ces conditions, le 49-3 rétablit le droit, le respect du mandat et l'autorité de l'Etat.

6- On n'est jamais si bien trahi que par les siens.
C'est toujours la gauche qui a fait perdre la gauche. Itou à droite. Un parti n'est pas battu par l'adversaire, qui vit sa vie, mais par ses propres divisions, qui le font crever. Toute l'histoire de la politique le confirme. Malgré tout, le mal continue.

7- La cohérence est la mère de toutes les vertus politiques. On peut être contre la politique de François Hollande, c'est parfaitement légitime. On peut même être socialiste et contre cette politique (c'est plus difficilement imaginable, mais c'est concevable). Si l'on choisit cette dernière position, si l'on est en désaccord avec la majorité de son parti, on reste simple militant, on ne prétend pas à des responsabilités d'élus ou de ministres. Car tout adhérent du parti désigné par celui-ci, à quelque niveau de pouvoir que ce soit, a le devoir de défendre la ligne de son parti (c'est d'ailleurs vrai dans n'importe quelle formation politique). Les frondeurs, en restant à leur place, sont au mieux des farceurs, au pire des imposteurs, mais certainement pas des socialistes honnêtes et des républicains scrupuleux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ce n'est pas un cours sur le 49.3 que j ai besoin en tant que citoyen de gauche, c'est de comprendre pourquoi on en arrive à une telle extrémité, de comprendre pourquoi la gauche est morcelée sans aucune possibilité d'union à la veille d'élection, pourquoi je n'aurai même pas une liste ps dans mon quartier.
Pourquoi la précarité augmente ? pourquoi le chômage augmente ? pourquoi la nouvelle politique économique et sociale menée par le gouvernement ne fonctionne pas plus que celle de l'ump?
je perd espoir, je doute, je n'ai plus confiance, je ne crois plus qu'en mes valeurs qui maintiennent ma conviction que je suis bien un homme de gauche. Je vais aller voter par automatisme mais sans enthousiasme.
Je ne supporte plus les discours et débats, j'attends des résultats qui tardent à arriver.

Anonyme a dit…

<< pourquoi je n'aurai même pas une liste ps dans mon quartier.

pourquoi la nouvelle politique économique et sociale menée par le gouvernement ne fonctionne pas plus que celle de l'ump? >>

C'est mieux qu' un résumé ; et c'est notre drame jusque ??

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