jeudi 12 février 2015

L'Europe aux Européens !



Les accords de Minsk représentent une belle victoire diplomatique pour François Hollande. Bien sûr, il faut voir et attendre la suite. Mais l'orientation est la bonne. Tout vaut mieux que la guerre, quand les parties en présence arrivent à s'entendre. Je suis d'ailleurs toujours fasciné par ces négociations marathons sur des sujets complexes et douloureux, qui durent très longtemps et se concluent au petit matin.

Comment parviennent-ils à un compromis, lorsque tant d'intérêts divergents et contradictoires s'affrontent ? Nous sommes pourtant au coeur de l'art politique : faire un pas vers l'adversaire ou le rival, savoir transiger comme ne pas céder, aboutir à une solution. Cet art subtil et difficile se vérifie à n'importe quel niveau de la vie politique. Je m'amuse à constater qu'à plus petite échelle, pour des problèmes infiniment plus simples, les tentatives d'accord n'aboutissent pas, les difficultés demeurent, souvent durablement.

Je suis heureux, dans cette affaire ukrainienne, de voir les Etats-Unis hors-jeu. Ils n'ont rien à faire dans cette partie du monde, et leur volonté d'annexer à l'OTAN les anciennes républiques soviétiques est horripilante. La Russie a raison de se sentir menacée à ses frontières par ces sortes d'ingérence. D'autant que l'Ukraine est culturellement russe, comme la Crimée. Derrière les mots d'ordre, en soi légitimes, d'indépendance et de démocratie se cachent aussi des intentions géostratégiques beaucoup moins idéalistes. Dans ce conflit, je suis plutôt pro-russe, bien que n'étant pas antiaméricain dans ma philosophie générale.

Surtout, je suis farouchement européen. L'Ukraine et la Russie, c'est l'Europe ! Leur guerre est une tragédie européenne, qui doit être traitée et réglée par des Européens, et historiquement par les premiers d'entre eux : les Allemands et les Français. La diplomatie américaine, qu'elle aille se faire voir ailleurs ! La vraie Europe, c'est la grande Europe, l'Europe continentale, qui inclut la Russie. Pas la petite Europe anglo-saxonne, atlantiste, à bordure méditerranéenne. Le régime de Poutine pose problème ? Non, c'est un pays en voie de démocratisation, après 70 ans de totalitarisme et plusieurs siècles de despotisme : ne nous étonnons pas que la transition soit longue et difficile. Il faut encourager nos amis russes, pas les isoler ou les jeter dans les bras d'autres alliés.

3 commentaires:

D. a dit…

Heureusement pour nous quand même et toutefois qu'en 1943 ou 44 on n'ait pas pensé que les USA devaient être hors jeu et qu'ils n'avaient rien à faire dans cette partie du monde dénommée incidemment l'Europe... Si la guerre mondiale seconde de son appellation devait se reproduire, elle en deviendrait troisième et Monsieur le professeur, votre papier de ce jour est politiquement inconvenant et même vraiment indéfendable à part par certains nostalgiques du genre de ceux qui célèbrent le souvenir du 70ème anniversaire de la mort de Brasillach et consorts (Robert, bien sûr, mais encore et pour faire bonne mesure, Suzanne, sa soeur et Maurice, l'époux de Suzanne et Bardèche de son patronyme) en l'église parisienne de St-Jacques du haut pas comme samedi dernier.
Minsk et Munich ont la même initiale... Puissent les accords nouveaux ne pas rejoindre les antérieurs...
Que les russes soient en voie de recherche démocratique, c'est un fait comme la république de Weimar l'était en son temps. Cela n'excuse rien du comportement de gens qui ne respectent pas les accords internationaux précédents.
Quand un dirigeant piétine des accords internationaux précédemment pris par ses prédécesseurs, il est indéfendable, que les initiales de son nom soient germaniques, grecques, russes ou autres.
La soi-disant annexion de la Crimée est intolérable, la poursuite des tchétchènes (par ailleurs pas mieux que leur adversaire) jusque dans les chiottes est intolérable, la future "autonomie" de l'est de l'Ukraine, pas davantage que ne l'était l'annexion de l'Alsace en 1871 comme la prochaine mise au pas de la Lituanie voire de la Pologne si on continue comme vous à préférer la "paix" dans le déshonneur.

Anonyme a dit…


concernant le commentaire 1
Le comportement de l'OTAN par rapport à la Russie est provocateur depuis la fin du rideau de fer. Un article explicatif ici :

http://www.courrierinternational.com/article/2014/03/20/les-russes-bernes-par-l-otan

Poutine cherche à mettre une limite à ces provocations.

concernant l'article
L'Europe au Européens c'est le même raisonnement que la France aux Français etc.c'est ré ou établir une frontière.
le bobo qui vote FN


Emmanuel Mousset a dit…

Ne m'implique pas dans ce que constamment je condamne. Votre analogie est fallacieuse. Ma position diplomatique n'a rien à voir avec votre slogan identitaire.