vendredi 20 février 2015

Mélenchon chez le psy



Jean-Luc Mélenchon était mardi soir l'invité de la nouvelle émission de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, Le Divan. L'animateur avait une idée en tête : montrer que derrière l'homme politique bourru et agressif se cachait un écorché-vif et un coeur gros comme ça. Ce que j'ai surtout retenu, c'est que Mélenchon était psychologiquement fragile et, en fin de compte, peu apte à exercer des fonctions publiques élevées. Pourtant, je reconnais bien volontiers sa cohérence intellectuelle, sa rigueur idéologique, son sens politique. Mais quand il passe chez le psy, ça ne va plus du tout.

L'émission a commencé par une contradiction : Jean-Luc Mélenchon dit ne pas aimer parler de lui, tient à distinguer la vie privée et la vie politique, refuse d'aborder sa situation matrimoniale, mais il accepte de participer à une émission qui consiste précisément à faire étalage de soi et de sa vie intime ! Ce que je ne savais pas, ce que j'ai appris, c'est que le leader du Front de gauche avait un problème d'oreille, une sorte de handicap. Sourd au monde qui l'entoure ! On a beau être dans une psychologie d'opérette, ça fait réfléchir ...

Là où je doute beaucoup des capacités politiques de Mélenchon, c'est lorsqu'il avoue son hypersensibilité à fleur de peau dans un métier qui exige au contraire un cuir de rhinocéros. Pour un rien, un mot, une remarque, il prend la mouche, il perd ses nerfs, il s'engueule (surtout avec les journalistes, qu'il semble détester). Hypersensible, il a besoin d'être protégé et rassuré par les siens, les proches : la famille, les copains, qui constituent son entourage politique et donnent donc un petit air sectaire d'entre soi. Nouvelle preuve de fragilité.

Quand Fogiel lui demande une preuve de son ouverture d'esprit, Mélenchon ne trouve pas mieux que de citer sa présence à la remise de Légion d'honneur au conseiller d'extrême droite de Sarkozy, Patrick Buisson. Les bras m'en tombent ! La courtoisie républicaine a quand même des limites et nul devoir ne l'obligeait à participer à cette cérémonie. Et quand Fogiel veut savoir pourquoi il n'a pas lui-même cette décoration, il répond par une boutade qui est aussi un lapsus : "on m'a oublié !" En vérité, ce que je sens, c'est que Jean-Luc Mélenchon aimerait bien lui aussi être épinglé.

C'est un autre aspect de son caractère, qui n'est pas pour moi un compliment : son besoin de reconnaissance. Il aime qu'on l'aime, sinon il ne va pas bien. Ce qu'il reproche à la politique : son ingratitude. "Pas un merci", déplore-t-il. Jospin battu en 2002 ? "Il ne l'avait pas mérité", voilà ce que Mélenchon en retient. Il ne lui vient pas à l'esprit que les remerciements et le mérite ont toute leur place en matière de politesse et de morale, mais aucune dans cet âpre et violent combat qu'est la politique. S'il y a un monde où l'on ne se fait pas de cadeaux, c'est bien celui-là ! A 63 ans, Jean-Luc Mélenchon ne l'a encore pas compris ? J'ai souvent remarqué que les grandes gueules étaient des petites têtes.

Le besoin de reconnaissance va de paire avec le besoin d'admiration. Mélenchon est fasciné par Mitterrand, au point de presque chialer quand il le voit, en vieux, à la télé. A-t-il oublié que François Mitterrand est responsable de la marginalisation du PCF et à l'origine, dès 1983, de l'évolution du PS vers la social-démocratie ? Manifestement oui. Voilà ce qui arrive quand on a les yeux et le cerveau ramollis par les larmes.

Et puis, Mélenchon n'est pas un bon lorsqu'il geint sur la fatigue qu'entraîne l'action politique. Oui, c'est crevant, mais il ne faut pas en faire si on ne supporte pas ... Le jour où l'on pourra militer en pantoufles n'est pas pour demain. Sans gêne, Jean-Luc Mélenchon évoque ses coups de blues, de mou, de cafard, de doute. Tu parles d'un chef ! En 2002, il cesse d'être ministre et c'est manifestement un drame dans sa petite vie, une sorte de burn out à l'envers : pour combler le vide, il arrête de fumer ses quatre paquets, décision qu'il présente comme un acte d'héroïsme. Plus bizarrement, il se fait des listes d'activités à effectuer, pour ne pas sombrer dans la déprime.

Jean-Luc Mélenchon, à l'issue de cette émission, ferait mieux d'abandonner la politique (c'est peut-être sa tentation épisodique) et de rester allongé sur le divan, pas celui pour rire de Marc-Olivier Fogiel, mais le vrai, sans public, ni caméra, celui du psychanalyste.

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