mardi 17 février 2015

Colette Blériot continue



Hier après-midi, alors que l'heure de clôture pour le dépôt des candidatures aux élections départementales avait sonné, un tract est tombé dans ma boîte aux lettres : c'est Colette Blériot qui venait de frapper, la première ! Très fort. On reconnaît là la patte de l'école Bertrand : maîtriser le timing, devancer l'adversaire, avoir un coup d'avance, frapper les esprits. Faire distribuer un papier alors que la campagne a à peine commencé, il faut le faire. Colette Blériot le fait. Le militant qui est passé par chez moi a même eu un excès de zèle ou une erreur de parcours, un doublon : j'ai reçu un tract identique en soirée. Ainsi va la droite saint-quentinoise depuis une quinzaine d'années : quand elle se trompe, c'est plus par excès que par défaut. Qui s'en plaindra ?

Que dit ce tract de Colette Blériot, sobrement réalisé, d'une facture impeccable ? Il ne dit rien du tout ! Le contenu est d'une banalité extrême : un candidat de gauche aurait pu le signer sans problème. Même le slogan de campagne est terne, passe-partout : "Notre priorité, c'est vous !" J'ai lu ce texte stylo en main, je l'ai annoté : il y a un terme qui revient onze fois, qui en résume l'esprit : "continuer". Colette Blériot ne propose rien de nouveau, elle affirme simplement qu'elle va continuer à faire ce qu'elle a toujours fait. Et j'ajouterais : à être ce qu'elle est, une femme qui va partout, qui discute avec tout le monde et qui se fait apprécier pour ça. Depuis 11 ans, ça ne lui réussit pas trop mal. Elle nous demande implicitement que ça continue, qu'on continue à voter Colette Blériot. Voilà le message essentiel.

Cette candidate de l'UMP ne dit nulle part dans son tract qu'elle est la candidate de l'UMP. Elle ne critique pas non plus le gouvernement de gauche, ne cherche même pas à profiter de son impopularité en tapant dessus. Colette Blériot ne sollicite pas le soutien des deux stars de la droite locale, Pierre André et Xavier Bertrand. Faisant partie de l'opposition au sein du Conseil général de l'Aisne, elle pourrait au moins s'en prendre au bilan de la majorité. Mais non ! Pourtant, la réforme des collectivités territoriales pourrait lui donner une belle occasion de contestation. Elle n'en fait rien. Là encore, c'est la règle de l'école Bertrand : parler de soi, ignorer l'adversaire. La gauche locale fait exactement l'inverse : elle commente les faits et gestes de l'adversaire et ne dit presque rien d'elle-même, attitude presque génétique, qui se vérifie depuis une dizaine d'années à chaque élection.

J'ai pris ma loupe pour repérer dans le tract de Colette Blériot une formule, une allusion, un soupçon de droite, une petite griffure anti-Daudigny, même légère : j'ai eu beaucoup de mal, il a fallu que je m'y reprenne à deux fois, mais j'ai quand même trouvé, au verso, à propos de la solidarité sociale, cette nuance, cette réticence : "sans assistanat". Ouf, c'est fait, c'est dit, la petite marque de droite qui ne trompe pas son monde ! Mais c'est la seule et unique, quasi subliminale. Moralité de l'histoire : Colette Blériot nous invite à voter Colette Blériot, parce qu'elle est Colette Blériot, la sortante, la candidate la plus connue et la plus présente de tous les candidats de son canton. C'est sa stratégie, on la comprend.

Aucun commentaire: