samedi 14 février 2015

Début de campagne



La campagne des élections départementales, assez discrète jusqu'à présente, a vraiment démarré ces derniers jours, à cinq semaines du premier tour. Lundi passé, le Conseil général de l'Aisne a tenu l'ultime séance du mandat, avec les premières escarmouches de campagne. A Saint-Quentin, les candidats se sont présentés ou ont complété leur liste dans la presse locale. Le Courrier picard d'aujourd'hui a exposé les candidatures UMP du canton Nord. L'Aisne nouvelle de jeudi a consacré un grand article aux cantons Centre-Vermand et Sud, les candidatures UMP pour le premier, Front de gauche pour le second. Le PS et le FN sont les deux seuls partis importants à ne pas avoir encore présenté officiellement leurs listes. La date-limite de dépôt des candidatures est lundi soir.

La vraie surprise vient du canton Saint-Quentin Sud : trois listes de gauche (le sortant IDG, avec le soutien du PS ; le PCF ; et donc le Front de gauche). Alors que la droite est unie, l'électorat de gauche risque de ne pas s'y retrouver. D'autant que des candidats du Front de gauche, qui bénéficient d'une certaine notoriété sur Gauchy, étaient il n'y a pas si longtemps alliés avec Jean-Claude Cappèle, le conseiller général. Ce dernier, affaibli par sa défaite aux dernières élections municipales, aurait dû recevoir le soutien de toute la gauche. Mais non, la division est pire ici que dans les deux autres cantons de Saint-Quentin, au risque de voir ce canton Sud basculer à droite. Si ça n'est pas irresponsable !

Je veux, moi aussi, à ma façon, faire ma petite campagne, comme à chaque élection, en soutien à mes champions et, aujourd'hui, en réponse à Christophe Coulon, le premier secrétaire de l'UMP de l'Aisne, qui a tenu une conférence de presse le 6 février. Je tiens à reprendre 6 points de son intervention :

1- Christophe Coulon croit en un possible basculement de l'Aisne à droite. Tout est bien sûr possible en politique puisque ce sont les électeurs qui décident et qu'on ne connait pas à l'avance leur choix. Mais des personnes avisées soutiennent le contraire de ce que prétend Christophe Coulon, je pense à Jean-Pierre Balligand, qui ne cherche pas particulièrement à faire plaisir à son propre camp et qui est bon connaisseur de la carte électorale du département. Je me réfère aussi à une note assez récente du magazine Le Point, qui classait l'Aisne parmi les départements imprenables, à cause du nouveau découpage des cantons. Quoi qu'il en soit, nous verrons bien.

2- Le n°1 de l'UMP départementale dénonce "l'explosion de la fiscalité". Les impôts ont augmenté, oui, sans doute. Mais je ne vois pas d' "explosion". Et puis, les augmentations ne se font pas sans raison : elles ont aussi leur utilité. Je laisse le soin aux spécialistes de chiffrer l'augmentation ou la stabilité. Mais le fond du problème n'est pas directement celui-là : c'est l'usage des prélèvements fiscaux.

3- A ce propos, Christophe Coulon déplore l'augmentation des dépenses de solidarité, passant de 40 millions d'euros en 2006 à 91 millions aujourd'hui. Mon désaccord fondamental avec lui, le voilà : pour moi, il est bon que le Conseil général accorde l'aide sociale à tous ceux qui en ont besoin (c'est sa mission n°1), et nous savons qu'ils sont hélas nombreux dans l'Aisne, un des départements les plus pauvres de France. Les déclarations de Christophe Coulon, comme ceux des candidats UMP de Saint-Quentin Nord (qui dénoncent dans le Courrier picard d'aujourd'hui ce qu'ils appellent "l'assistanat"), laissent entendre qu'une victoire de la droite déboucherait sur une réduction des dépenses sociales, ce qu'en socialiste je n'accepte pas.

4- Je serais prêt à suivre Christophe Coulon dans son objectif de réduire les dépenses de fonctionnement et de favoriser les dépenses d'investissement. Des économies, on peut sans doute toujours en faire, pourvu qu'on ne touche pas aux aides sociales. Mais je ne pense pas que l'actuelle majorité, dans un contexte budgétaire pourtant très difficile, c'est le moins qu'on puisse dire, ait été avare en investissements. Dans les limites qui sont celles de la rigueur, je ne crois pas qu'elle pouvait faire beaucoup mieux.

5- D'ailleurs, c'est plutôt Christophe Coulon qui se rangerait à mon avis, puisqu'il ne remet pas en cause une dépense sociale d'importance, les transports scolaires, dont l'Aisne est l'un des rares départements de France à assurer la gratuité. A droite, ce choix ne fait pas l'unanimité, André Rigaud l'a discuté. Ce débat est d'ailleurs légitime. Mais la gauche a tranché : la gratuité sera maintenue, et la droite a suivi. C'est une belle victoire avant la victoire !

6- Revenons à l'investissement, dont Christophe Coulon a raison de souligner l'importance. On ne peut relancer l'économie locale qu'en passant aussi par les moyens modernes de la communication, pour construire une image du département et attirer des publics extérieurs, entrepreneurs ou particuliers. C'est ce qu'à compris Xavier Bertrand pour Saint-Quentin, c'est ce qu'a compris Yves Daudigny pour l'Aisne, en lançant une campagne publicitaire ambitieuse et novatrice, L'Aisne it's open. Christophe Coulon le déplore, en trouvant que c'est trop cher. En la matière, les coûts sont toujours élevés, mais il faut savoir ce que l'on veut : assurer au département une notoriété nationale pour permettre son développement ou y renoncer. Je privilégie la première solution, malgré son prix.

7- Avec Christophe Coulon, il y a au moins un point sur lequel nous pouvons tomber entièrement d'accord, lui et moi, parce que nous sommes tous les deux républicains : c'est notre opposition à l'extrême droite. Mais il avance un drôle d'argument, dans lequel je sens une malice : "le FN, c'est le national-socialisme dans son programme", dit-il. Moi qui suis résolument anti-Le Pen, je n'irais pas jusque-là, par souci de vérité : le FN est un parti xénophobe, autoritaire, nationaliste, antirépublicain mais tout de même pas nazi. Christophe Coulon a sans doute voulu jouer inutilement avec le mot socialiste, en le rapprochant de l'extrême droite. Mais la politique n'est pas un concours de jeux de mots. Le parti socialiste n'a évidemment rien à voir avec le FN ou avec le nazisme, tout "socialiste" que s'affiche celui-ci.

La campagne des élections départementales est donc lancée. Tous ceux qui voudront exposer leur propre point de vue dans les commentaires de ce blog seront les bienvenus, quelle que soit leur sensibilité, à l'exception des responsables du FN, que j'exclus de la République. Mais la règle demeure intangible : pas d'attaque personnelle, pas de copié collé. A vous de jouer, si vous le souhaitez.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Auriez vous peur de publier des commentaires sans doute peu favorables au PS !! Chiche !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Non, aux deux conditions mentionnées en fin de billet.

Anonyme a dit…

Pour le canton NORD , à votre point de vue, une dérobade du PS , une manœuvre contre le PC mais surtout un suicide politique sur l'ensemble de la circonscription et pour longtemps sur la VILLE AUSSI !

Emmanuel Mousset a dit…

Ne supputez pas, restez-en à la justification officielle : "ne pas faire monter le FN".