jeudi 19 février 2015

Le PS a besoin d'autorité



"La France a besoin d'autorité", a déclaré Manuel Valls, pour justifier l'emploi du 49-3. Oui, sans doute, mais c'est surtout le parti socialiste qui a besoin d'autorité. Le mal est ancien, dix ans exactement, je l'ai souvent dénoncé sur ce blog : lorsqu'en 2005, pour le référendum sur le Traité constitutionnel européen, les socialistes ont eu la liberté de ne pas suivre le vote majoritaire de leur parti et même de militer contre. L'indiscipline vient de là, le comportement des députés frondeurs est l'une des conséquences.

Leur irresponsabilité est totale. Ils ont obligé le gouvernement à avoir recours à une procédure qui n'est pas très agréable, à la suite de quoi la droite a déposé une motion de censure, qui fragilise forcément le gouvernement, laisse planer un doute sur sa majorité et fait très mauvais effet à quelques semaines de l'élection départementale. Que cette motion, discutée cet après-midi, soit finalement rejetée ne change rien à l'irresponsabilité des frondeurs, qui discréditent par leur comportement leur parti et mettent en difficulté le gouvernement.

Martine Aubry explique que la discussion aurait dû continuer. Mais quelle discussion ? Le travail parlementaire a été fait correctement, des amendements ont été acceptés, des modifications du texte de loi ont été adoptées. Que faire d'autre, de mieux ? Les frondeurs sont buttés, ne veulent pas en démordre, ont des comptes à régler et préparent le congrès de juin. Qu'est-ce qu'on peut contre ça ? Ceux qui refusent le dialogue, qui s'enferment dans un rejet pur et simple de la loi Macron, ce sont eux ! Discuter, discuter, discuter ... jusqu'à quand ? dans quel but ? Pour détériorer encore plus l'image du gouvernement, de sa majorité et du parti socialiste dans l'opinion ? Non merci.

La droite dépose une motion de censure, le gouvernement engage sa responsabilité, l'Assemblée accorde sa confiance ou pas. Toute la politique est concentrée en quelques mots, en deux principalement : responsabilité et confiance. Des chefs responsables, des troupes confiantes, voilà le résumé de la politique. Je crois en la responsabilité du gouvernement, j'ai confiance en lui : tout est dit. Mais les frondeurs, à quoi pensent-ils, que veulent-ils ? En tout cas, rien de positif pour le pouvoir et le parti. Je sais bien que la confiance, c'est compliqué : moi-même, qui suis pourtant un ardent défenseur de ce gouvernement, je ne suis pas d'accord sur tout, mais j'ai confiance. Ce sentiment n'est pas complètement rationnel (par définition, un sentiment n'est pas rationnel), mais sans lui, aucune action politique n'est possible. Ce que je n'aime pas chez les frondeurs, ce ne sont pas leurs choix politiques, mais leur attitude, ambigüe, incohérente, opportuniste, hypocrite.

Faudrait-il les exclure ? L'idée a été soulevée par Stéphane Le Foll et Bruno Le Roux. Ce ne serait que justice ! Mais c'est comme l'interdiction du Front national : en théorie souhaitable, mais un peu tard et d'un remède peut-être pire que le mal. Je pense que c'est tout le PS qu'il faudrait réformer : faire signer une clause de fidélité à nos responsables et à nos candidats. Surtout, il faudrait réorganiser tout l'appareil fédéral et les sections, en prenant beaucoup plus modèle sur le système associatif.

Actuellement, une section vit quasiment de façon autonome, sans compte à rendre (sinon financier) à ses instances départementales et nationales. Elle peut faire ce qu'elle veut, n'importe quoi, y compris rien du tout (ce qui est le plus souvent le cas, hormis les activités statutairement obligatoires). Il faudrait astreindre les sections à un cahier des charges et à un bilan d'activités, comme dans n'importe quelle association. Nos dirigeants nationaux ont conscience des faiblesses du parti socialiste et de ce qu'il faut faire pour le redresser. Mais ça ne sera pas facile ni rapide. En tout cas, la formule que je reprends au Premier ministre en la modifiant légèrement montre la voie : le PS a besoin d'autorité.

Aucun commentaire: